Les candidats aux législatives britanniques du 6 mai font un usage maximal de l'internet pour séduire les électeurs mais certains hommes politiques pourraient bien se retrouver empêtrés dans la Toile, avertissent les experts.

Ce sont les premières législatives britanniques à faire autant usage du Net. Lors du précédent scrutin parlementaire, en 2005, Twitter n'existait même pas, et Facebook n'en était qu'à un stade embryonnaire.

Face à des sondages qui prédisent une lutte serrée entre l'opposition conservatrice de David Cameron et les travaillistes du Premier ministre sortant Gordon Brown, les politiques britanniques ont les yeux tournés vers Barack Obama et sa campagne «numérique» qui a largement contribué à sa victoire à la présidence américaine.

Copiant le site «my.barackobama.com», qui avait réussi à rassembler une «armée en ligne» de militants, l'opposition conservatrice a créé «myconservatives.com» et le parti travailliste du Premier ministre sortant Gordon Brown «membersnet», un outil permettant aux membres du Labour et aux sympathisants de s'organiser, d'échanger et de se tenir informés (https://members.labour.org.uk/).

Les travaillistes ont également mis au point une banque de données sur téléphone qui permet aux militants d'appeler des électeurs potentiels de chez eux.

Les deux formations assurent bien entendu avoir l'avantage sur leur rival. Les conservateurs ont «nettement plus d'amis sur Facebook, de membres sur Twitter et de visites sur YouTube, par rapport au Labour», affirme à l'AFP Jeremy Hunt, porte-parole des Tories pour l'internet.

Les observateurs avertissent cependant des dangers de la Toile. Des opposants peuvent détourner la vidéo d'un rival, la trafiquant avant de la remettre sur le Net.

«Le risque est que des personnes vont couper leur discours, faire des vidéos parasites qui vont circuler partout», explique Stephen Coleman, professeur en communication politique à l'Université de Leeds (nord).

De plus, les hommes politiques britanniques ne sont pas des Américains et un usage trop prononcé de l'internet pourrait être mal perçu de ce côté-ci de l'Atlantique. Les partis ont peur que «la campagne puisse leur échapper», souligne M. Coleman.

Mercredi, au lendemain de l'annonce de la date des élections, le Premier ministre a souligné l'importance des nouvelles technologies, répondant à une question sur la Toile par l'intermédiaire d'une vidéo en continu sur le site du Labour.

«L'internet transforme notre monde de fond en comble. Il peut donner aux gens le pouvoir qu'ils n'ont jamais eu... C'est un format qui nous permet de communiquer les uns avec les autres et débattre de sujets importants», a-t-il déclaré.

Mais l'internet seul ne pourra jamais faire gagner ou perdre, souligne Matthew McGregor, responsable du bureau londonien de la société américaine Blue State Digital, qui a fourni la technologie nécessaire à la campagne Obama.

«Ca ne sera pas décisif», assure-t-il à l'AFP, soulignant que les électeurs sont intéressés par des sujets plus terre-à-terre. «Je pense que des élections se décident sur l'économie, les services publics, les impôts», dit-il.