Réseaux sociaux, blogues et textos ont joué un rôle clé dans la contestation anticommuniste qui a rassemblé des milliers de jeunes depuis lundi dans l'ex-république soviétique de Moldavie.

Les manifestations, qui ont réuni jusqu'à 15 000 personnes contre la victoire des communistes aux législatives de dimanche, ont semblé se former spontanément dans le centre de Chisinau, la capitale moldave, après une campagne de textos lancée par des opposants du gouvernement.

 

Sergueï Mountian, manifestant âgé de 22 ans, a raconté à l'AFP que la mobilisation avait commencé après que plusieurs personnes aient reçu un texto disant «Venez lutter contre les communistes sur la place du gouvernement. Faites passer le message».

Les réseaux de téléphonie mobile ont été coupés par intermittence mardi, alors que les protestations commençaient à dégénérer et que les manifestants commençaient à mettre à sac le parlement.

Mais les opérateurs de téléphonie mobile contactés par l'AFP ont expliqué que les coupures étaient dues à la saturation des réseaux provoquée par le rassemblement de foules dans le centre-ville et qu'il n'y avait pas eu de blocage délibéré pour saboter les manifestations.

Les protestataires ont aussi utilisé sur l'internet les blogues et les sites de socialisation tels que Twitter et Facebook, pour diffuser des nouvelles en contournant les canaux habituels qui sont, selon les opposants, contrôlés par le gouvernement.

«Chisinau est cernée par les troupes. Les gens manifestent. Les États-Unis ont dit que les élections se sont passées dans les règles. Pas bien», a écrit en ligne hier un utilisateur surnommé «robintel» sur le site de microblogage Twitter.

Un comité de militants, baptisé «Je suis un anticommuniste», a été le fer de lance du mouvement, dont l'ampleur a surpris tant le gouvernement que les partis traditionnels de l'opposition.

«En utilisant l'internet, nous avons réussi à réunir 15 000 personnes sur la place en quelques minutes. Aucun parti ne peut se vanter de tels résultats», a dit à des journalistes Natalya Morar, l'une des chefs de file du comité.

Selon des analystes politiques, l'appel du comité a profité d'un vaste sentiment de mécontentement au sein de la jeunesse en Moldavie, une petite nation à la frontière de l'Union européenne et qui remporte la triste palme de pays le plus pauvre d'Europe.

«Nous ne voulons pas que les retraités décident de notre sort», avait déclaré dimanche Nikolai Damaskine, 31 ans, à Chisinau, après avoir voté pour les démocrates libéraux, parti de l'opposition.

Il a raconté avoir participé à une action baptisée «Cache le passeport de ta grand-mère», relayée par texto, consistant à empêcher les personnes âgées de voter en dissimulant leurs pièces d'identité.