Le Vendée Globe devrait s'achever avec l'arrivée attendue dimanche de Michel Desjoyaux aux Sables-d'Olonne, mais d'autres navigateurs, virtuels ceux-là, ont également en vue la fin de leur tour du monde, à l'issue d'une compétition qui a attiré 315 000 joueurs.

Les meilleurs de ces navigateurs sur la Toile, inscrits sur le site de Virtual Regatta, n'étaient plus vendredi matin qu'à quelques centaines de milles de leur but.

«Nous espérons arriver mardi», explique Fabrice Frassetto, qui s'est lancé dans l'aventure dès le début de la course, le 9 novembre, en équipe avec Ronan Corre, un de ses amis âgé de 39 ans comme lui, à la barre du voilier "Mets du bras».

«Comme nous sommes deux, nous arrivons à nous relayer. On essaye d'être devant le jeu à chaque changement de flèche», indiquant l'orientation du vent, ajoute-t-il, avant de reconnaître qu'il lui arrive parfois de se connecter de son lieu de travail pour surveiller la progression de son navire.

Leur bateau, qui a occupé durant trois semaines la tête de la course, a depuis perdu une quinzaine de places mais le duo ne désespère pas de revenir dans les premières positions.

La société française qui a développé ce jeu, Many Players, ne s'attendait pas à un tel succès, qui l'a contraint à augmenter le nombre de serveurs et de routeurs pour éviter l'engorgement.

«Au départ, nous espérions avoir environ 150.000 joueurs sur le Vendée Globe de Virtual Regatta. Aujourd'hui, nous en avons plus du double. De fait, c'est devenu la plus grande compétition sportive au monde», affirme Philippe Guigné, le fondateur du studio spécialisé dans ces animations.

«Notre public varie énormément selon les jeux. Sur le Vendée Globe, nous avons un public très franco-français puisque 80% des joueurs sont en France. A l'inverse, sur la course Volvo Race, qui intéresse davantage un public anglo-saxon, nous avons 80% d'étrangers», détaille-t-il.

L'engouement pour Virtual Regatta complique la mise sur pied d'une cérémonie afin de remettre les 10.000 euros et la coupe promis au vainqueur.

«Nous aimerions organiser une soirée à Paris mais même en imaginant que seulement 10% des inscrits viendraient, cela fait déjà plus de 30.000 personnes», explique M. Guigné.

Le succès du jeu tient, selon son concepteur, au fait qu'il colle au plus près aux conditions réelles, reproduisant à l'identique le parcours dessiné par les organisateurs, notamment le passage obligatoire par des portes de sécurité dans l'hémisphère sud.

«On travaille avec nos partenaires main dans la main. On a un cercle vertueux. Avec ce genre d'évènement, ils fidélisent notre audience et nous leur amenons de nouvelles personnes. Grâce à Virtual Regatta, nous avons amené tout un nouveau public à la voile», estime le fondateur du studio, qui reste en revanche peu loquace sur le modèle économique de ses jeux, pour lesquels l'inscription est gratuite.

Pour le Vendée Globe, les joueurs peuvent prendre la barre de leur navire virtuel sur le site du jeu, sur celui de l'organisation de la course, mais aussi sur celui de France Télévisions, qui a acquis une licence exclusive.

La prochaine étape importante pour Many Players consistera à proposer à nouveau un tournoi de tennis virtuel en mai, à la même période que Roland-Garros. «En 2008, nous attendions 30.000 joueurs et nous en avions eu 100.000. L'objectif cette année est de faire au moins aussi bien», espère Philippe Guigné.