Les groupes extrémistes ont trouvé dans les sites de socialisation, comme MySpace ou Facebook, et de partage vidéo, comme YouTube, de nouveaux et puissants outils pour diffuser leurs messages de haine et recruter des adeptes, selon des experts réunis lundi à Washington.

«MySpace, Facebook et YouTube sont les applications incontournables sur internet aujourd'hui et elles sont utilisées par des millions de personnes. Mais le virus de la haine les a de toute évidence infectées», a affirmé Christopher Wolf, président du Réseau international contre la haine sur internet (INACH), lors du sommet mondial sur les discours de haine sur internet.«Internet continue d'être exploité par des extrémistes de tous bords: antisémites, négationnistes, racistes, homophobes et terroristes», a-t-il dit à l'ouverture du sommet organisé jusqu'à mardi à l'Ambassade de France de Washington.

Selon lui, les possibilités offertes par le web 2.0, comme les réseaux de socialisation, les sites de partage vidéo et les messageries instantanées, ont considérablement enrichi «les moyens disponibles sur internet pour ces messagers de la haine».

«Les néonazis sont très présents sur les réseaux de socialisation pour recruter la prochaine génération et infiltrer des groupes de jeunes», a ainsi assuré Stefan Glaser, cofondateur de INACH et responsable d'un site allemand de protection des mineurs sur internet, Jugendschutz.net.

Les néonazis, mais aussi d'autres groupes extrémistes, «créent une communauté, une communauté de haine, avec de graves conséquences», a renchéri Deborah Lauter, directrice nationale des droits civiques de la Ligue anti-diffamation (ADL).

Et Mme Lauter de citer l'exemple du meurtre d'une femme, recrutée par le Ku Klux Klan (KKK) sur MySpace puis tuée début novembre dans les marais de Louisiane (sud) par le responsable local du KKK alors qu'elle tentait de fuir un rite initiatique du groupe.

«Dans le web 2.0 d'aujourd'hui, avec tout le contenu généré par les utilisateurs, les réseaux sociaux comme Facebook et MySpace, les ordinateurs portables, et les connections internet branchées en permanence, chaque aspect d'internet est utilisé par des extrémistes pour dépoussiérer les vieilles haines et recruter de nouveaux adeptes», a expliqué M. Wolf.

De fait, selon M. Wolf, «l'apparition de nouvelles technologies, et leur adoption par les extrémistes, ont des effets bien plus pernicieux que les sites internet statiques sur lesquels nous nous concentrions pour la plupart ces dernières années».

Car le Web 2.0 permet aux extrémistes de diffuser «non plus seulement des textes, mais des messages audios et, de plus en plus, vidéos», a-t-il ajouté.

«Sur YouTube, par exemple, il y a des milliers de vidéos qui sont envoyées avec des messages racistes, antisémites, homophobes et intolérants envers les minorités, a-t-il détaillé. Il y a des pages sur Facebook et MySpace qui font la promotions des droits civiques, mais il y en a encore bien plus qui diabolisent les juifs, les musulmans, les gays et les autres minorités».

«Tout ceci est interdit par les gestionnaires de Facebook et MySpace» et «si nous leur signalons ces pages, elles sont supprimées la plupart du temps, a-t-il noté. Mais pour chaque page que nous faisons fermer, il y en a au moins une qui la remplace».

Pour Brian Marcus, analyste au département de la Sécurité intérieure américain, «extrémistes et terroristes sont tout simplement comme les autres utilisateurs» : «Ils s'adaptent aux nouvelles moyens et aux nouvelles technologies avec une incroyable vitesse».

Le risque étant de les voir dotés de «possibilités et d'une dimension» sans précédent.