Le Québec est une société distincte jusque dans le monde numérique, ont trouvé trois chercheurs de l'Université Laval dans ce qu'ils décrivent comme la «première étude sur les blogueurs politiques québécois».

Passionnés de politique, avec ou sans affiliation à un parti, ces blogueurs sont des gens ordinaires qui commentent régulièrement l'actualité politique sur leur site Web personnel. Au printemps dernier, Thierry Giasson, professeur au département d'information et de communication de l'Université Laval, a interviewé avec Cynthia Darisse et Vincent Raynauld (Carleton) 56 de ces «journalistes citoyens».

Premier constat, le blogue n'a pas encore atteint ici l'ampleur qu'il a aux États-Unis, où certains blogueurs ont un statut de quasi-vedette. Au Québec, dit M. Giasson, les blogues les plus consultés attirent entre 1000 et 2000 visiteurs par jour. Ce n'est quand même pas mal du tout, bien que l'on soit encore loin de l'achalandage de sites d'informations «traditionnels», comme cyberpresse.ca et radio-canada.ca.

Mais la différence la plus notable se trouve sans doute dans les penchants politiques de ces commentateurs improvisés. M. Giasson a en effet trouvé que 63,4 % des blogueurs québécois se disent «de gauche», contre seulement 21,4 % qui s'identifient à droite.

«Ce n'est pas le portrait qu'on remarque aux États-Unis et au Canada anglais, où les blogueurs de droite sont plus actifs, génèrent plus de discussion et ont plus d'impact politique que les blogueurs de gauche. (...) Dans ce sens-là aussi, le Québec est une société distincte», commente le chercheur.

En outre, les deux tiers (66 %) se disent en faveur de la souveraineté et ils sont des électeurs nettement plus «disciplinés» que la moyenne, puisque 88 % ont voté aux provinciales de 2007 et 84 % aux fédérales de 2006.

On ne doit cependant pas s'attendre, a priori, à ce que les blogueurs du Québec jouent un grand rôle dans la présente campagne, puisque seulement 5 % d'entre eux se prononcent sur la politique fédérale. L'actualité provinciale, municipale et locale retient le gros de leur attention (68 %), suivie des affaires internationales (14 %).