L'Otan a donné son aval mercredi à la création à Tallinn, en Estonie, d'un centre de formation à la défense contre des attaques cybernétiques sur Internet, comme celles infligées à ce pays balte en avril et mai 2007 par des pirates informatiques russes.

Un protocole d'accord sur la création du «Centre d'excellence de l'Otan pour la défense cybernétique» a été signé au siège bruxellois de l'Alliance atlantique par sept pays fondateurs (Allemagne, Espagne, Estonie, Italie, Lettonie, Lituanie et Slovaquie), en marge du Comité militaire semestriel réunissant les chefs d'état-major des 26 pays alliés.

Selon le chef d'état-major estonien, le général Ants Laaneots, le centre aura pour objectif d'«améliorer l'interopérabilité, la coopération et les mécanismes juridiques» en matière de défense cybernétique au sein de l'Alliance.

Il doit aussi permettre d'«améliorer la doctrine de l'Otan dans le domaine de la cyberdéfense» et «de renforcer les capacités défensives de l'Alliance par des exercices de simulation d'attaques cybernétiques».

«Se concentrer sur cette menace croissante est d'importance critique pour l'Otan car de plus en plus de gens sont concernés par la toile», a souligné devant la presse le chef du commandement de l'Otan responsable de la modernisation militaire, basé à Norfolk (Etats-Unis), le général américain James Mattis.

Le 26 avril 2007, la décision estonienne de retirer du centre de Tallinn un monument datant de l'occupation soviétique en mémoire des soldats de l'Armée rouge ayant combattu durant la Seconde guerre mondiale avait provoqué des manifestations d'Estoniens d'origine russe et une crise diplomatique avec Moscou.

Le 27 avril, l'Estonie avait eu le douteux privilège d'être le premier pays au monde à être victime d'attaques massives des réseaux Internet du gouvernement, de banques et médias. La Russie avait démenti être la commanditaire de ces attaques.

Culminant les 10 et 15 mai 2007, ces attaques --dans un pays où la plupart des transactions, même les plus petites, se font par cartes de crédit et où l'administration et les citoyens communiquent largement via Internet-- avaient provoqué d'importantes perturbations. Elles avaient aussi exposé la fragilité d'une économie moderne reposant sur l'informatique.

L'Otan s'en était alarmée et avait envoyé des experts en Estonie à la demande de ce pays.

L'invocation par l'Estonie de l'article 5 du traité de Washington, fondateur de l'Otan --qui prévoit la solidarité automatique des alliés en cas d'attaque contre l'un d'entre eux-- n'avait cependant pas obtenu l'assentiment unanime des autres pays membres. Pour une majorité d'entre eux, la défense cybernétique relève de leur souveraineté nationale et non de l'Otan.

Reconnaissant néanmoins que cette agression inédite en annonçait sans doute d'autres du même type, les dirigeants des 26 pays membres réunis début avril au sommet de Bucarest avaient adopté le principe de la création d'un Centre en Estonie, avec la participation des alliés intéressés, sur la base du volontariat.