Un particulier anonyme a mis en vente sur un site Internet français ce qu'il affirme être des mèches de cheveux de Ramsès II, le plus célèbre des pharaons, déclenchant une enquête policière en France et l'indignation des archéologues.

Un particulier anonyme a mis en vente sur un site Internet français ce qu'il affirme être des mèches de cheveux de Ramsès II, le plus célèbre des pharaons, déclenchant une enquête policière en France et l'indignation des archéologues.

«Vends mèches de cheveux de la momie de Ramsès II», est-il indiqué dans une annonce du site vivastreet.fr proposant aussi, photos et certificats, de la résine d'embaumement et des bandelettes pour un minimum de 2000 euros le lot.

Le vendeur affirme être en possession de ces pièces extraordinaires parce que son père faisait partie d'une équipe de scientifiques français chargée d'analyser la momie royale.

Une enquête policière a été lancée en France peu après la mise en ligne de cette annonce, a indiqué à l'AFP l'archéologue français Christian Leblanc, un des meilleurs connaisseurs de Ramsès II.

Il a précisé avoir discuté avec un officier de la police judiciaire de Paris en charge de cette affaire qu'il a qualifié de «scandaleuse».

Pour M. Leblanc, «il pourrait malheureusement être vrai» que ces pièces soient authentiques. «Si cela est exact, c'est un scandale, c'est lamentable et inacceptable».

Le secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités (CSA), Zahi Hawass, a indiqué à l'AFP être au courant de cette affaire, ses services «travaillant sur le sujet». «On verra de quoi il s'agit réellement», a-t-il dit.

Le vendeur s'est seulement identifié comme résidant à Saint-Egrève, en Isère, dans l'est de la France.

Conservée au Musée du Caire, la momie de Ramsès II avait été envoyée en France, il y a 30 ans, pour déterminer les causes du mal étrange qui rongeait le cadavre du dernier grand pharaon qui régna de 1279 à 1213 avant J.C.

C'est la première fois qu'une dépouille de pharaon quittait l'Egypte. Ramsès II fut «reçu» à l'aéroport du Bourget, à Paris, le 26 septembre 1976, avec les honneurs d'un chef d'Etat.

Le diagnostic a pointé un champignon rare, le Deadalea biennis, comme cause de la maladie. Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) a pris le parti de traiter la momie aux rayons gamma en mai 1977.

Une fois les «soins» entrepris avec succès, la momie fut rapatriée en Egypte, d'où elle n'est plus jamais repartie. Aucune autre momie n'a quitté depuis le sol égyptien.

Les examens scientifiques ont permis d'affirmer que Ramsés II, agé d'environ 80 ans au moment de sa mort, et d'une taille de 1,72 m, était «leucoderme», c'est à dire de peau claire. Sa dentition était très abimée.

Le vendeur anonyme affirme qu'«une équipe de quatre chercheurs dont (son) père a eu pour tâche d'analyser des cheveux, des résines, des morceaux de bandelettes» dans un centre de recherche de Grenoble (est).

«Je dois être le seul au monde à posséder de tels échantillons», écrit-il, ajoutant que «comme il n'y aura plus jamais aucun prélévement sur la momie qui est désormais au Caire, la somme demandée pour les acquérir est en relation avec la rareté de l'objet».

Il précise que «selon la quantité et la qualité des échantillons», ou la combinaison entre cheveux, résine et bandelette, dont il montre une photo, les sommes demandées s'étalent de 2000 à 2500 euros.

Le Musée de l'Homme de Paris confia le soin d'analyser des cheveux de la momie aux laboratoires de L'Oréal, leader mondial des cosmétiques, qui avaient conclu qu'ils avaient été roux, ou colorés au henné.

Chef de la Mission française de Thèbes-Ouest, M. Leblanc a souligné qu'il avait été «formellement interdit de conserver des prélevements. Si cela est vrai, c'est un chercheur et non la France qui a trahi la parole donnée».

Pour un autre célèbre égyptologue français, Alain Zivie, cette affaire «qu'il faut prendre très au sérieux» est «misérable et indigne».