Montréal est une ville de festivals, et il fallait bien que ça se reflète dans son tissu entrepreneurial. C'est maintenant fait grâce à Greencopper, une entreprise lancée par des Français amoureux de Montréal qui se sont implantés ici pour conquérir le monde.

Avec des clients du calibre du Festival international de jazz de Montréal, le Printemps de Bourges ou les grands festivals d'Allemagne et de Scandinavie, Greencopper joue dans les ligues majeures.

Son produit: des applications mobiles qui transforment un téléphone portable en guide de poche pour festivaliers, en plus de permettre aux organisateurs de diffuser des renseignements et de gérer leur communauté.

«Montréal est un terrain de jeu formidable pour nous. Je ne connais aucun autre endroit où il y autant de festivals concentrés sur une même ville», dit Gwenaël Le Bodic, Breton d'origine, cofondateur et président de Greencopper.

D'Osheaga aux FrancoFolies en passant par le Festival de jazz, Montréal en lumière et le Festival du nouveau cinéma, Greencopper a raflé à peu près tout ce qu'elle pouvait comme clients à Montréal. Il reste que 70% des quelque 120 événements pour lesquels elle a fourni des applications l'an dernier sont à l'extérieur du Québec.

France, Allemagne, Danemark, Suède: M. Le Bodic admet que son entreprise n'a pas suivi les «routes traditionnelles» en se lançant très tôt à l'international.

«Là, on développe les États-Unis, l'Espagne et le Royaume-Uni», dit le président.

Avec le recul, M. Le Bodic croit cependant qu'un contrat en particulier a permis à son entreprise de rayonner: celui signé avec Spectra pour le Festival international de jazz de Montréal.

«C'est un festival qui est reconnu partout. Ç'a été une super carte de visite non seulement au Canada, mais aussi à l'extérieur», dit-il.

Installée dans une ancienne usine de disques et de gramophones du quartier Saint-Henri, Greencopper compte une quinzaine de développeurs qui ne chôment pas. Après avoir profité du creux de l'automne et de l'hiver pour améliorer leurs technologies, ces développeurs se préparent maintenant à la haute saison et ont recommencé à pondre en masse des applications pour les différents clients.

Une stratégie commerciale astucieuse

Même s'il a une formation technique, M. Le Bodic a rapidement compris une chose en se lançant en affaires: vous avez beau concevoir le meilleur produit du monde, il ne vaut pas grand-chose si personne ne l'achète.

Voilà pourquoi Greencopper porte une attention particulière à sa stratégie commerciale. Souvent, les organisateurs de festivals ont un budget limité pour investir dans les applications mobiles. L'entreprise contourne le problème de façon astucieuse en faisant porter les coûts de ses produits... par une tierce partie.

Greencopper a, par exemple, établi un partenariat avec Deezer, un fournisseur de musique sur téléphones portables. Pour Deezer, des milliers de passionnés de musique qui convergent vers un festival représentent un bassin rêvé de clients potentiels.

Greencopper l'a compris et lui offre de la visibilité sur son application mobile, notamment par l'entremise d'un jeu-questionnaire musical basé sur les artistes qui participent au festival. L'objectif: faire en sorte qu'après l'événement, les utilisateurs de l'application deviennent des utilisateurs de Deezer.

Deezer ou les autres partenaires paient évidemment pour cette visibilité, ce qui permet à Greencopper d'offrir ses applications à coût réduit aux organisateurs de festivals.

«C'est gagnant pour Deezer qui fait découvrir son service, c'est gagnant pour l'organisateur qui fait découvrir sa programmation, et c'est gagnant pour nous parce qu'on peut offrir nos applications à coût presque nul», dit M. Le Bodic.

«On a un bon produit technologique, c'est sûr, continue le président. Mais le succès est aussi basé sur le modèle économique qu'on a créé. C'est vraiment le cocktail des deux choses qui fait que ça fonctionne.»

L'entreprise explore sans cesse de nouvelles idées. Lors du plus récent Festival du nouveau cinéma, par exemple, elle a conçu avec l'artiste Daniel Iregui une application qui permettait aux festivaliers de contrôler les jets des fontaines de la Place des Arts avec leur téléphone portable.

«Au début, on faisait des guides de poche, dit M. Le Bodic. Puis, on s'est aperçus que c'était un excellent outil de promotion. Ça s'est transformé en plateforme de commandite. Et là, on est en train de voir comment on peut s'intégrer dans la partie culturelle et artistique de l'événement.»

Qui: Les fondateurs Gwenaël Le Bodic, sa conjointe Marie-Amélie Le Bodic et Ludovic Thomas, ainsi qu'une quinzaine d'employés.

L'idée: Des applications pour les festivals qui transforment les téléphones portables des festivaliers en guides de poche.

L'ambition: Devenir le fournisseur technologique privilégié des événements et festivals à l'international.

Ils y croient et y ont misé de l'argent: L'entreprise bénéficie de crédits d'impôt à la recherche et développement, mais elle s'est toujours autofinancée. Les cofondateurs se sont privés de salaire au cours des premières années pour réduire les coûts.