Google juge « normal » que la Commission européenne s'intéresse à son système d'exploitation Android, dont la part du marché mondial des téléphones intelligents représente plus de 80 %, a jugé vendredi un responsable du groupe américain.

« On verra où tout cela mènera. Il est normal, vu l'importance qu'a Android dans le panorama européen [...], que la Commission fasse des contrôles », a estimé Carlo d'Asaro Biondo responsable des relations stratégiques du groupe américain pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique.

La Commission européenne a adressé à Google mercredi une « communication des griefs » - sorte d'acte d'accusation en jargon bruxellois - concernant le système d'exploitation et les applications Android, après une enquête ouverte en avril 2015.

Bruxelles reproche notamment au géant américain d'obliger les fabricants de téléphones intelligents à « préinstaller » le navigateur Chrome et Google Search, en contrepartie de l'accès à son magasin d'applications Google Play, dissuadant les consommateurs de télécharger d'autres applications. La Commission déplore aussi qu'il est « impossible pour les moteurs de recherche rivaux de devenir le service de recherche par défaut » sur les téléphones intelligents Android.

Google a désormais 12 semaines pour répondre, pour éviter une éventuelle sanction de la part de Bruxelles: une amende qui peut aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires annuel du groupe, soit 7,4 milliards de dollars (en se basant sur les chiffres de 2015).

« Le processus prévoit qu'elle ''la Commission'' entende d'abord les plaignants et qu'ensuite elle mette en place un processus pour qu'on puisse y répondre, on est dans cette phase, on verra où ça ira », a constaté vendredi M. d'Asaro Biondo devant des journalistes.

« Ce que l'on essaie de faire aujourd'hui, c'est d'expliquer ce que nous faisons et quel est notre système. On n'est pas à une phase de sanction, on est à une phase d'analyse », a-t-il assuré.

Le responsable a rappelé qu'Android a permis à de nombreux fabricants de téléphones d'entrer plus facilement sur le marché sans avoir à développer leurs propres systèmes d'exploitation et communautés de développeurs d'application.

« Android est une plate-forme qui en Europe voit aujourd'hui 1,2 million de développeurs [travailler sur des applications] », a-t-il noté.

« Le logiciel est gratuit, fourni aux opérateurs de manière totalement libre, ils peuvent d'ailleurs l'utiliser avec nos applicatifs ou sans, ils ont le choix », a-t-il souligné.

« Google Play est un magnifique moyen de distribuer des applicatifs non-Google », a par ailleurs relevé Carlo d'Asaro Biondo.