Deux femmes. L'une est chômeuse et vit dans le village mauricien de Sainte-Angèle-de-Prémont. L'autre questionne tous les jours le premier ministre à l'Assemblée nationale et aspire à présider aux destinées du Québec.

Et pourtant. S'il faut en croire les utilisateurs du réseau social Twitter, Muguette Paillé a davantage marqué l'année 2011 que Pauline Marois.

«Ça dépasse un peu l'entendement», avoue la vedette du dernier débat des chefs fédéral, dans un éclat de rire.

Il faut dire que des experts en communication ont pris en main sa promotion ce soir-là: les quatre chefs politiques fédéraux ont prononcé son nom à des dizaines de reprises au cours de leurs échanges. Sa question portait sur les moyens à emprunter pour faciliter l'accès des quinquagénaires au marché du travail.

«Je pense avoir touché à une préoccupation. Je n'étais certainement pas la seule dans cette situation-là», propose-t-elle en guise d'explication. Mme Paillé avait elle-même 53 ans.

«J'ai dû mettre le doigt sur quelque chose.»

Les jours suivant se transforment en tourbillon médiatique pour Muguette Paillé. Des dizaines de médias tentent de la rejoindre, les interventions en onde se multiplient: on veut connaître son opinion sur tous les sujets de la campagne, mais surtout sur sa propre célébrité. Les utilisateurs des médias sociaux n'en ont que pour elle et son nom se classe rapidement parmi les 14 sujets populaires sur Twitter à l'échelle planétaire, rapporte la firme Influence Communication.

Devenue un véritable symbole, un quotidien montréalais lui offre même une éphémère chronique dans ses pages. Pendant les deux semaines suivantes, elle porte «La voix du peuple».

Mais la frénésie ne pouvait durer éternellement. Depuis le débat et le tourbillon médiatique, la vie de Mme Paillé a repris un rythme plus normal. Elle s'est trouvé un travail temporaire dans un musée de la région. Son emploi, elle ne l'a pas obtenu grâce à sa renommée médiatique, jure-t-elle. «J'ai fait comme tout le monde, j'ai appliqué et je l'ai eu.»

Mais dans la rue, on la reconnaît.

«C'est certain qu'ici, en Mauricie, et surtout dans le comté de Maskinongé, je ne passe pas une semaine sans me faire regarder.»

«Les gens me demandent: «il me semble que je vous ai vu quelque part'. Ils essaient de me situer.»

Comme le contrat de travail de Mme Paillé se termine à la fin de l'année, Muguette Paillé s'est remise à la recherche d'un travail et une certaine visibilité médiatique ne lui nuirait sûrement pas.

Malheureusement pour elle, le prochain débat des chefs fédéraux ne devrait pas avoir lieu avant 2015.