Des chercheurs suisses ont posé les bases théoriques pour développer un ordinateur «quantique» ne dégageant plus de chaleur, comme c'est le cas des PC actuels, mais qui serait capable de produire du froid, a indiqué mercredi à l'AFP un membre de l'équipe de recherche.

Les processeurs des ordinateurs, de plus en plus compacts, produisent parallèlement de plus en plus de chaleur. La hausse des températures dans ces pièces électroniques sensibles devrait bloquer d'ici une dizaine d'années la poursuite de leur miniaturisation, explique Renato Renner, professeur de théorie physique à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

«Le processus de miniaturisation des ordinateurs va buter à un moment donné sur des limites techniques», a-t-il précisé pour expliquer l'origine des recherches sur une technologie qui dégage moins de calories et, à terme, peut-être même du froid.

Renato Renner et son équipe de chercheurs ont posé les jalons de ce procédé. «Il s'agit pour l'heure d'un travail purement théorique», mais d'ici 30 ans de nouveaux ordinateurs plus puissants et «à refroidissement» pourraient être commercialisés, a-t-il ajouté.

Sur un ordinateur classique, les données sont en permanence effacées, un procédé dégageant de l'énergie. Mais, selon les physiciens de l'EPFZ, un PC capable de rendre l'effacement réversible ne produirait plus de chaleur et pourrait même dégager du froid, explique M. Renner.

De tels procédés ne sont cependant possibles que sur des calculateurs d'un nouveau genre, les «ordinateurs quantiques», beaucoup plus rapides que leurs homologues actuels.

Alors que les ordinateurs nécessitent plusieurs centaines d'atomes pour stocker un bit d'information, les ordinateurs quantiques seraient capables d'archiver une donnée par atome, les rendant beaucoup plus puissants.

De telles machines seraient en mesure de produire des processus réversibles ne dégageant plus de chaleur, insiste M. Renner.

L'étape suivante consiste à passer à la phase expérimentale, qui sera menée à l'université de Singapour.

«Les entreprises (informatiques) sont à priori intéressées par cette technologie», car elle leur permettrait de commercialiser des ordinateurs beaucoup plus puissants, selon le professeur.