La croissance du livre numérique sur les téléphones intelligents décolle à une vitesse fulgurante selon Yannick Lacoste, président-directeur général de l'entreprise MobiLire.

Son entreprise de librairie mobile offre ses contenus sur cellulaire. Montréalais d'origine, vivant à Paris depuis de nombreuses années, Yannick Lacoste avait tout pour devenir l'instigateur d'une librairie mobile.

 

Formé en génie électrique à Montréal, il a longtemps travaillé en France dans le domaine de la téléphonie mobile, puis dans le monde de l'édition.

La semaine dernière, MobiLire annonçait avoir conclu une entente avec l'éditeur français des populaires romans Harlequin, ainsi qu'avec plusieurs autres éditeurs, dont Gérard de Villiers, les éditions de l'Archipel, les éditions Florent Massot et les presses du Châtelet, par laquelle les livres publiés par ces maisons seraient désormais disponibles sur les iPhone, ce téléphone portable à écran produit par Apple sur lequel on peut désormais lire des livres.

MobiLire, qui entend offrir au cours de l'année son produit sur différents téléphones portables ainsi que sur ordinateur, offre aussi des bandes dessinées et un service de téléchargement par épisode, qui colle mieux aux habitudes de lecture des usagers. «Ce n'est pas vrai que les lecteurs vont lire 300 pages d'un seul coup», croit-il. La lecture sur téléphone peut se faire dans les transports en commun, en voyage, voire en réunion (!), dit Yannick Lacoste.

Dans ce domaine, ce qui était vrai il y a trois mois ne l'est plus nécessairement aujourd'hui. «Il y a beaucoup de choses qui changent», dit-il. Il cite en exemple un article publié cette semaine dans Livres Hebdo, qui indique que les téléchargements de livres et les jeux sont désormais encore plus populaires que ceux de musique et de vidéo sur les téléphones intelligents.

Selon Livres Hebdo, les téléchargements de livres constitueraient aujourd'hui 14 % des applications les plus populaires sur ces téléphones.

Pas encore au point

Une chose est certaine, après le disque et le film, le monde du livre a bel et bien entamé sa révolution numérique. Alors que les fabricants de logiciels et de technologies numériques se bousculent au portillon pour aller chercher leur part de marché, le support idéal du livre, celui qui s'avérerait encore plus pratique que l'auguste papier relié, n'est pas encore au point.

«On en est encore à des appareils intermédiaires», croit Michel Dumais, chroniqueur spécialisé en technologies émergentes de communications.

Si le cellulaire a l'avantage d'être facile à transporter et d'offrir des usages multiples, la «liseuse», ce livre électronique qu'Amazon et Sony ont déjà commencé à commercialiser, offre un peu plus de confort au lecteur.

Au cours des prochaines semaines, Sony devrait d'ailleurs mettre sur le marché deux nouveaux modèles de ces «liseuses», qui se vendraient entre 200 et 400 $, explique Michel Dumais. La rumeur veut que Sony ait conclu une entente avec une chaîne de librairies québécoise pour offrir des livres sur ses nouveaux appareils. Parce qu'il ne suffit pas de concevoir un appareil, encore faut-il avoir une boutique en ligne pour l'alimenter.

Perte de revenus

Au beau milieu de ce secteur en mutation, on trouve aussi les éditeurs, qui doivent veiller à bien jouer leurs cartes pour ne pas connaître ce qu'a subi par exemple l'industrie de la musique, heurtée par une numérisation et un piratage tous azimuts qui ont fini, selon Yannick Lacoste, par lui faire perdre plus de 50 % de ses revenus.

Au Québec comme en France, les éditeurs ont pour la plupart refusé de signer une entente offerte par Google, par laquelle, moyennant une compensation, ils perdraient leurs droits sur des livres numérisés illégalement par Google depuis 2004. Parallèlement, plusieurs éditeurs sont sceptiques à l'idée de vendre leurs livres numérisés sur Amazon, du fait que le géant de la librairie en ligne impose souvent sa propre politique des prix.

Si un livre en papier peut se vendre autour de 24,99 $ par exemple, Amazon peut en offrir une version numérique à 9,99 $. Pour cette raison, poursuit Michel Dumais, certains éditeurs ont tendance à repousser le lancement du livre numérique, par ailleurs disponible, pour encaisser d'abord les recettes du livre en papier.

Aussi Yannick Lacoste a-t-il offert aux éditeurs de fixer leur propre grille de prix pour les produits numériques qu'il offre au téléphone. Lacoste n'a pas exclu de faire affaire d'ailleurs à l'avenir avec des éditeurs québécois.

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