Les groupes d'électronique japonais Sharp et Sony ont annoncé mardi avoir signé une lettre d'intention pour la création d'une coentreprise de production et de vente de larges dalles d'écrans et modules pour téléviseurs à cristaux liquides (LCD).

Les groupes d'électronique japonais Sharp et Sony ont annoncé mardi avoir signé une lettre d'intention pour la création d'une coentreprise de production et de vente de larges dalles d'écrans et modules pour téléviseurs à cristaux liquides (LCD).

Les deux géants du secteur envisagent d'établir une structure spécifique pour gérer la gigantesque usine de dalles-mères LCD que Sharp est en train de construire à Sakai, dans la région d'Osaka (ouest du Japon).

La création de cette société commune, dont la raison sociale n'est pas encore décidée, est soumise à l'approbation du gouvernement japonais.

Sharp devrait en détenir 66% et Sony les 34% restants.

Le PDG de Sharp, Mikio Katayama, et le patron de l'électronique de Sony et numéro deux du groupe, Ryoji Chubachi, devaient donner des détails lors d'une conférence de presse mardi soir à Tokyo.

D'un coût de 380 milliards de yens (2,38 milliards d'euros) pour Sharp, auquel s'ajoutent plusieurs autres centaines de milliards de yens pour les fournisseurs qui s'implanteront sur le site, le complexe industriel de dalles LCD de Sakai devrait entrer en fonction aux alentours de mars 2010. La société commune deviendra opérationnelle simultanément.

«Via cette collaboration, nous avons pour ambition de renforcer les technologies avancées de Sharp en matière de production d'écrans à cristaux liquides ainsi que la compétitivité des téléviseurs LCD de Sony sur le marché mondial», ont-elles expliqué dans un communiqué.

«Nous allons chercher à maximiser les atouts des dalles-mères sortant de l'usine de Sakai, pour produire des modules qui aient le meilleur rapport qualité-performances-prix du marché», ont-elles insisté.

Les dalles-mères sont de gigantesques substrats de verre recouverts de couches ultra-minces de cristaux liquides et autres matériaux. Elles sont ensuite découpées en plusieurs panneaux de la taille des écrans souhaités et assemblés avec divers composants pour constituer ce que l'on nomme les modules.

Ces modules sont ensuite complétés et habillés pour devenir des téléviseurs LCD adaptés aux spécifications de chaque région de vente.

L'usine de Sakai, la plus moderne du monde, façonnera initialement 36 000 dalles-mères de 3,05 mètres sur 2,85 mètres par mois, et le double par la suite.

La capacité de produire des dalles-mères de telles dimensions pour les téléviseurs à large écran plat en minimisant les pertes constitue la clef de la rentabilité. Toutefois, les investissements colossaux et les procédés complexes requis poussent les acteurs du secteur s'unir.

Sony a déjà créé en 2004 une société commune détenue à quasi-parité avec son concurrent sud-Coréen Samsung Electronics. Baptisée S-LCD, cette coentreprise produit des dalles-mères dans deux usines en Corée du Sud, et des modules dans une troisième, pour chacun des partenaires. Les deux groupes ont investi pour l'heure au total près de 450 milliards de yens (2,8 milliards d'euros) dans ces infrastructures conjointes.

La croissance fulgurante du marché des TV LCD et l'augmentation de la taille moyenne des modèles font craindre aux géants du secteur (Sony en tête) une pénurie de dalles destinés aux TV de grande diagonale en haute définition.

Sharp, premier groupe à avoir industrialisé la production d'écran LCD en 1973, d'abord pour des calculatrices, possède quant à lui en propre déjà deux usines high-tech contiguës de dalles-mères LCD pour TV au Japon, à Kameyama (centre).

Jusqu'à présent, il ne produit des dalles pour téléviseurs LCD que pour ses propres modèles. Toutefois, il a récemment décidé de fournir prochainement d'autres groupes et a déjà conclu un accord en ce sens avec ses compatriotes Toshiba et Pioneer.

Par ailleurs, les géants Matsushita (Panasonic), Hitachi et Canon se sont également rapprochés pour produire en commun des dalles LCD (via l'entreprise IPS Alpha dont Toshiba faisait initialement partie mais qu'il va quitter). Ils sont aussi en train de construire une nouvelle usine au Japon.