Il n'a que 24 ans. Ses deux principaux associés en ont 23. Leur compagnie, Poly9 Group Inc., aura un an à la fin du mois d'août. Elle devrait pouvoir atteindre son premier million de dollars de chiffre d'affaires dès l'an prochain. Ils seront millionnaires dans peu de temps. C'est écrit dans le ciel.

Il n'a que 24 ans. Ses deux principaux associés en ont 23. Leur compagnie, Poly9 Group Inc., aura un an à la fin du mois d'août. Elle devrait pouvoir atteindre son premier million de dollars de chiffre d'affaires dès l'an prochain. Ils seront millionnaires dans peu de temps. C'est écrit dans le ciel.

Des experts en informatique de Québec. Ils ont réussi à marier les cartes géographiques offertes par Google aux informations sur la circulation automobile dans les différentes villes américaines offertes par Yahoo. Depuis, ils ont leurs entrées dans Sillicon Valley. À la fin du mois d'août, ils seront invités au Foo Camp 2006 à Los Angeles. Foo Camp, c'est le sérail des informaticiens. Le paradis des programmeurs. Foo pour Friends Of O'Reilly. Tom O'Reilly. Une sommité. Une référence. Un pape, un gourou américain de l'informatique. Une fois par année, il invite environ 200 copains à son camp d'été, question de compléter un meilleur réseautage. Le gotha des cogniticiens de tout genre .

Son nom : Gregory Stadeski. Le nom de ses deux principaux associés: Denis Laprise et Samuel Tremblay-Cossette. Gregory Stadeski est né à Montréal de parents d'origine russe. Il a déménagé avec eux à Québec en 1993 lorsqu'ils ont été invités par l'Université Laval à diriger le programme d'études russes offert par cette grande maison d'enseignement supérieur. Il parle trois langues parfaitement. Le français, l'anglais et le russe, sa langue maternelle et paternelle. Il parle même le français avec un léger accent européen, puisqu'il a fait ses études primaires au Collège Stanislas, le collège français de Québec. Il n'est pas marié, il n'a pas d'enfant. Il consacre tout son temps à l'informatique. Il vient tout juste de quitter la maison familiale pour s'offrir un appartement qui lui sert également de bureau et de siège social pour sa compagnie.

C'est d'ailleurs dans sa chambre, dans la maison familiale, que Greg Stadeski a réussi l'amalgame de la beauté et du charme, le mariage de Google et de Yahoo. C'était l'an dernier, en avril. En s'amusant tout simplement avec son ordinateur. «J'ai pris les informations d'un fournisseur pour les placer sur les cartes de l'autre. Une superposition. Ça c'est fait dans quelques heures. Une journée tout au plus. Pour m'amuser. Pour expérimenter la technologie. Les cartes de Yahoo étaient obsolètes et je trouvais que celles de Google étaient de très loin supérieures.»

Pourtant, Gregory Stadeski n'a aucune formation professionnelle en informatique. Pour tout dire, son parcours universitaire fut pour le moins aléatoire. C'est en cinéma qu'il a fait ses études universitaires dans le but de devenir scénariste. En informatique, c'est un autodidacte. Autodidacte mais passionné. Passionné depuis au moins une dizaine d'années. Un crack, comme on dit.

Sauf qu'un mariage réussi nécessite l'accord des époux, ce qui n'était pas le cas, justement, dans l'accouplement réalisé par Greg Stadeski. La réaction de Yahoo ne devait pas tarder. Dès la fin d'avril, Yahoo réplique en cessant de transmettre certaines données et en crypte d'autres coupant ainsi l'accès gratuit aux informations pour le grand public. Cette manoeuvre fait avorter le projet du jeune Québécois, mais la tactique de Yahoo parvient jusqu'aux oreilles de Tim O'Reilly qui écrit d'abord son indignation à Greg Stadeski avant d'intervenir personnellement auprès des cofondateurs de Yahoo, David Filo et Jerry Yang, pour faire cesser immédiatement ces agissements.

Et, preuve que Tim O'Reilly jouit d'une réputation mondiale exceptionnelle dans le monde de l'informatique, Yahoo abdique. En mai 2005, les informations sont décryptées et Greg Stadeski peut relancer son site Internet. Depuis, plus de 200 000 internautes américains l'ont visité au moins une fois.

À la suite de cette intervention, Greg Sadesky et ses copains devaient être invités comme conférenciers au prestigieux colloque Where 2.0 qui se tenait en juin 2005 à San Francisco et qui réunissait des investisseurs et des concepteurs informatiques du monde entier. C'est en revenant de ce colloque que les trois copains devaient former leur compagnie. Ils y sont retournés encore cette année, pour y présenter leurs nouveaux produits.

À ce jour, Poly 9 a décroché des contrats avec Microsoft et une compagnie associée, MSNBC (MS pour MicroSoft et NBC pour National Broadcasting Corporation), avec Norad, avec le Super Bowl XL, avec SOPFEU au Québec et plus récemment encore avec le cycliste américain James LeBron. Ils ont aussi un site sur la circulation dans la région de Québec.

La compagnie qui compte aujourd'hui sept personnes, dont trois à plein temps, va bien. Très bien. Si bien même qu'on embauche. «Nous sommes à la recherche de programmeurs talentueux et intéressés», affirme Greg Stadeski. «C'est plus facile à trouver dans les rues de Silicon Valley que dans la vallée du Saint-Laurent mais nous sommes de Québec, nous avons l'intention d'y demeurer, et nous en trouverons.»