Mise en place de nouveaux modèles d'affaires en ligne, partage des revenus avec les fournisseurs, numérisation des contenus par les bibliothèques et les universités... L'écrit s'apprête à vivre ce que l'audiovisuel vit déjà depuis un moment: son adaptation urgente à l'environnement numérique.

Mise en place de nouveaux modèles d'affaires en ligne, partage des revenus avec les fournisseurs, numérisation des contenus par les bibliothèques et les universités... L'écrit s'apprête à vivre ce que l'audiovisuel vit déjà depuis un moment: son adaptation urgente à l'environnement numérique.

Telle était la principale préoccupation des 325 professionnels réunis à Montréal cette semaine au Symposium sur le droit d'auteur.

Denis Vaugeois, éditeur, auteur et ancien ministre de la Culture, se dit étourdi par les nouvelles perspectives qu'offrent la numérisation de l'écrit. «Jusqu'à récemment, on ne faisait pas très attention au phénomène. Sans trop se poser de questions, on recevait les redevances de Copibec, notre Société québécoise de gestion collective des droits de reproduction. Or, je constate que mes collègues viennent d'allumer sur ce phénomène qui occupe beaucoup plus de place.»

Bien sûr, nous n'en sommes pas encore à l'implantation de systèmes lucratifs de vente de livres à la carte à l'image de iTunes Music Store. Mais que se passera-t-il lorsque nous pourrons lire en toute convivialité sur des écrans portables?

Denis Vaugeois ne cache pas ses appréhensions en ce sens. «Il y a un malaise lorsqu'il est question de rémunération de nos contenus dans Internet. Nous nous inquiétons d'autant plus de la concentration des capitaux numériques au détriment des petits éditeurs.»

Gaston Bellemare, président de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) renchérit. «Si nous ne posons pas nos exigences sur ce nouveau territoire, le numérique nous imposera les siennes. La pression viendra des institutions d'enseignement ou des fabricants de nouvelles technologies.»

Le juriste danois Martin Dahl Pederson, spécialiste de la propriété intellectuelle, croit néanmoins à un potentiel accru des éditeurs dans un environnement numérique. « Les sociétés de gestion collective, croit-il, y joueront un rôle moins important que dans le monde physique car Internet crée un lien plus direct entre l'auteur et le lecteur, entre l'éditeur et l'utilisateur.»

Tarja Koskinen-Olsson, de la Fédération internationale des organismes gérant les droits de reproduction, ne partage pas cet avis. «Les sociétés de gestion collective des droits de reproduction servent les intérêts des éditeurs lorsqu'ils ne peuvent résoudre eux-mêmes les problèmes. Il ne faut donc pas laisser le marché en proie à quelque vide commercial ou juridique. Le piratage occupe déjà ce vide.»