Les célèbres vergers de Silicon Valley ont probablement disparu, sauf une notable exception, le «pommier» Apple.

Les célèbres vergers de Silicon Valley ont probablement disparu, sauf une notable exception, le «pommier» Apple.

Au moment où la compagnie s'apprête à célébrer son 30e anniversaire dans une semaine, Apple Computer Inc. devra faire disparaître ses meurtrissures provoquées par des anomalies de ses produits et des décisions mal inspirées pour reprendre un éclat qui ne sera pas que superficiel.

Sa marque et ses produits, depuis le Mac jusqu'au iPod, sont plus que jamais dans le vent et innovateurs. En dépit de tous ses récents succès, Apple doit aussi faire face à sa part de défis tandis qu'elle parvient à la maturité à titre de fournisseur de médias numériques.

Dans le domaine de la musique numérique, par exemple, où Apple joue un rôle dominant, les législateurs français cherchent à obliger la compagnie à modifier sa manière fructueuse de lier son populaire lecteur iPod à son magasin de musique en ligne iTunes.

Les compagnies de disques sont aussi irritées de ce qu'Apple insiste pour que ses téléchargements de chansons demeurent au prix de 99 cents l'unité. Steve Jobs, PDG d'Apple, réplique en traitant l'industrie du disque de «cupide».

Dans le secteur des ordinateurs, où Apple connaît ses meilleures ventes depuis des années, des firmes de sécurité de l'information disent avoir découvert un certain nombre de nouvelles vulnérabilités dans le système d'exploitation Macintosh.

Si les atteintes à la sécurité ont été inoffensives, les experts de la sécurité soutiennent toutefois qu'Apple est devenue une cible de choix pour les pirates informatiques, lesquels s'étaient concentrés jusqu'à aujourd'hui principalement sur le système Windows prédominant de Microsoft.

«Apple est maintenant dans la ligne de mire de plus en plus de personnes étant donné que la compagnie est devenue une force majeure», soutient Tim Bajarin, président de Creative Strategies, cabinet-conseil en technologie.

L'aventure Apple a commencé en 1976 lorsque deux jeunes ayant quitté le collège, Steve Jobs, un as du marketing, et son ami Steve Wozniak, génie de l'ingénierie, ont formé leur partenariat le 1er avril de cette année-là (jour du poisson d'avril) avec la ferme intention de construire et de vendre des micro-ordinateurs. Un autre ami, Ron Wayne, décida en moins de deux semaines de quitter l'entreprise risquée.

Leur premier produit fut un ensemble d'ordinateur à construire soi-même. Un an plus tard, en 1977 donc, le micro-ordinateur Apple 2 était né. Ce n'était pas le premier micro-ordinateur, mais ce fut celui qui connut le plus de succès non seulement auprès des ingénieurs, mais aussi des utilisateurs à la maison. Nombreux sont ceux qui soutiennent que le Apple 2 a déclenché la révolution des ordis personnels.

Les influences culturelles et technologiques d'Apple ont crû à partir de là. Certaines des créations de la compagnie de Cupertino, en Californie, ont foiré et n'ont rien rapporté à l'entreprise, mais elles sont tout de même devenues une source d'inspiration et de revenus pour d'autres.

Le Apple Lisa lancé en 1983 faisait appel à une interface caractérisée par un icone innovateur et l'utilisation d'une souris qui ont formé les assises des ordinateurs d'aujourd'hui et qui ont remplacé les systèmes en mode texte antérieur. Mais le Lisa, vendu au prix de 9995 $US, fut un échec commercial et les utilisateurs sont passés dans le camp d'IBM. Le Apple Macintosh, plus abordable et qui connut un énorme succès, suivit en 1984.

Microsoft finit par copier l'interface graphique conviviale du Mac et accorda des licences de son logiciel Windows aux manufacturiers qui imitaient les micro-ordinateurs d'IBM. Les clones ont donc proliféré tandis que les ventes du Macintosh étaient entravées par la décision d'Apple de ne pas fournir de licences de son logiciel aux autres fabricants de matériel.

La décennie suivante fut ponctuée par une lutte de pouvoir au sein de la compagnie qui obligea le président de l'époque, M. Jobs, à quitter la compagnie. On assista aussi à une série de mauvaises exécutions et de projets mal ficelés, particulièrement le Newton, un ordinateur portable présenté comme un planificateur personnel numérique.

Le retour du fils prodigue

En 1996, lorsque Apple avait du mal à prendre pied sur le marché des micro-ordinateurs et au moment où ses efforts pour améliorer son système d'exploitation n'allaient nulle part, la compagnie fit l'acquisition de la deuxième compagnie de M. Jobs, NeXT, et le fils prodigue revint au bercail et, plus tard, à la direction de l'entreprise.

M. Jobs, dont la personnalité charismatique est le visage d'Apple, a mené la résurrection de la compagnie grâce à une succession de percées. D'abord, le iMac, puis le nouveau système d'exploitation OS X, suivi du lecteur de musique iPod et du magasin de musique en ligne iTunes, le leader sur le marché.

Une autre entreprise fondée par M. Jobs lors de son absence de Apple, Pixar Animation Studios, a également contribué à faire une place de choix au célèbre patron du monde de la haute technologie au sein même de Hollywood.

Ce lien avec Pixar, qu'est en train d'acquérir Walt Disney Co., a depuis lors propulsé l'étoile montante qu'était Apple au firmament du divertissement numérique et des produits électroniques grand public.

Ainsi, les marques iPod et iTunes ont popularisé la notion de musique, et aussi de vidéo, récemment, à emporter. Elles ont aussi provoqué l'explosion de fichiers balado, soit des diffusions faites par les utilisateurs eux-mêmes de programmes audio depuis Internet vers les dispositifs portables.

Aujourd'hui, la réputation d'Apple dans le rôle de David contre le Goliath qu'est Microsoft et le reste de l'industrie des PC donne une fausse impression de la réalité.

À l'échelle mondiale, Apple peut bien n'occuper que 4 % du marché des PC, il reste toutefois, selon les analystes, que son système d'exploitation actuel fixe la barre pour son concurrent Microsoft pour que ce dernier intègre aussi des applications innovatrices, y compris de l'imagerie semblable à la trois dimensions (3D) et une portion d'écran pour les applications dites «d'objet fenêtre».

Nombre d'analystes prévoient que le iPod, qui domine le marché et qui marche à la fois sur des machines Windows et Macintosh, et ses nouveaux ordinateurs faisant appel aux puces d'Intel (soit les mêmes que celles utilisées par Windows), contribueront à augmenter les parts d'Apple sur le marché des PC.

Entre-temps, la santé financière d'Apple est meilleure que jamais. Au cours de son exercice financier 2005, l'entreprise a empoché des revenus records de près de 14 milliards US et elle dispose de plus de 8 milliards US en liquidités.