Le triple médaillé olympique Mathieu Turcotte a accroché ses patins il y a bientôt deux ans, mais il aura encore son mot à dire dans les performances des patineurs de vitesse courte piste canadiens et même d'autres nations aux Jeux de Vancouver.

Président de la compagnie de patins de course APEX, qu'il a fondée en 2001, Turcotte a confectionné sur mesure les patins de quatre des 10 membres de l'équipe canadienne - ceux de François-Louis Tremblay, Kalyna Roberge, Olivier Jean et Guillaume Bastille. Plusieurs autres patineurs européens et asiatiques porteront aussi ses bottines à Vancouver.

Turcotte, qui a utilisé ses propres patins en compétition dès l'an 2000, a remporté la médaille d'or en relais aux Jeux de Salt Lake City en 2002 et trois des quatre membres de l'équipe - Marc Gagnon, François-Louis Tremblay et lui-même - chaussaient ses patins.

«Il y a juste Jonathan (Guilmette) que je n'avais pas réussi à convaincre. Je le taquine encore aujourd'hui avec ça», rappelle Turcotte lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

«Je n'ai jamais eu l'ambition de forcer qui que ce soit à porter mes patins. Je me suis toujours dit que si je fournis un produit de qualité, les gens vont venir voir. Et s'il s'avère que c'est le meilleur produit, ils vont l'acheter et l'utiliser.» Depuis ses premiers prototypes alors qu'il était encore aux études - il a fait une technique en orthèses et prothèses -, Turcotte s'est toujours passionné pour la fabrication de patins.

«Mes connaissances acquises à l'école m'aident beaucoup pour confectionner de bons patins, poursuit-il. Selon moi, une bottine performante doit être légère, confortable, permettre toute la liberté de mouvement à l'athlète tout en supportant et en assistant ses mouvements.» Il mentionne que son expérience personnelle comme athlète l'a également bien servi.

«J'ai toujours essayé de la transposer dans un produit qui répondait parfaitement à mes besoins.» Evolution Depuis qu'il a pris sa retraite au printemps 2008, Turcotte se consacre davantage à sa compagnie et ce ne sont pas les idées qui lui manquent.

«Au cours des deux dernières années, j'ai passé beaucoup de temps à faire de la gestion, du développement et de la recherche. Mon patin s'est grandement amélioré pour ce qui est du processus de fabrication, de la qualité et de la durabilité. Il répond à toutes les caractéristiques qu'on recherche dans un produit fait sur mesure.» Pour aller encore plus loin dans l'évolution de son produit, Turcotte a conçu un appareil qui lui permet de mettre ses nouveaux patins au banc d'essais.

«Cet appareil reproduit le mouvement du pied, de la cheville et de la jambe dans la bottine. C'est comme si l'athlète avait le pied dedans. Ca permet ainsi de contrôler la pression, les mouvements et les forces auxquels les patins sont soumis à l'entraînement et en compétition.

«Lorsque les athlètes recevront leurs patins, je serai confiant de leur avoir fourni un produit top niveau, durable et efficace.» Turcotte s'apprête aussi à vivre une toute nouvelle expérience à sa quatrième présence aux Jeux olympiques. C'est à lui que le réseau RDS a confié le mandat d'interviewer les patineurs de vitesse immédiatement après leur performance.

«Je suis excité. J'ai hâte d'être sur place. C'est une expérience totalement différente de tout ce que j'ai vécu aux autres jeux. Je suis content d'avoir l'occasion de côtoyer mes anciens coéquipiers et des athlètes que j'ai vu évoluer ces dernières années.

«Mon rôle d'intervieweur, c'est de partager ce moment d'émotion tout de suite à la fin d'une course. Je me sens privilégié.»