Les organisateurs des Jeux Olympiques et paralympiques de Vancouver ont fait du progrès au chapitre du bilinguisme, mais il leur reste beaucoup de chemin à parcourir pour que les francophones puissent profiter de l'expérience dans leur langue, a prévenu mardi le Commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.

L'ancien journaliste s'est notamment dit préoccupé par la radiodiffusion des jeux, qui a été confiée à un consortium formé de Bell Globemedia et Rogers, pour le volet anglais, et de TQS, RDS et RIS pour le volet français. A l'heure actuelle, ces entreprises ne sont pas en mesure de garantir une couverture en français à tous les Canadiens.

Ainsi, selon M. Fraser, quelque quatre pour cent du territoire ne serait pas desservi en français par le consortium. Diverses solutions sont à l'étude, dont la possibilité de doter certains centres communautaires des régions oubliées d'appareil de réception par satellite capables de capter le signal de TQS, RDS ou RIS.

Le consortium a aussi annoncé récemment qu'il entendait diffuser toutes les compétitions en direct sur son site Internet. Mais cela ne satisfait pas entièrement le commissaire, qui craint que le public y perde au change.

«Même s'il s'agit de mesures très encourageantes, elles ne permettront pas une diffusion sur l'ensemble du Canada, a-t-il souligné dans sa présentation. Le consortium devra persévérer dans sa poursuite de solutions afin que tous les Canadiens d'expression anglaise et française à travers le pays aient un accès égal aux Jeux.»

M. Fraser craint d'autre part que le comité organisateur des JO ait beaucoup sous-estimé l'ampleur de la tâche à accomplir en matière d'interprétation simultanée, tant pour les athlètes que pour les officiels et le grand public. A son avis, le budget prévu est insuffisant et le comité organisateur (COVAN) est mal outillé pour faire face à ce «défi important».

Le commissaire souhaite qu'Ottawa, dont l'expertise en la matière est reconnue mondialement, donne un coup de pouce au comité «dans les plus brefs délais». «Les Jeux doivent servir d'exemple de leadership du Canada en matière de services linguistiques», a-t-il insisté.

Graham Fraser estime qu'il y a entre autres du travail à faire en ce qui a trait à la signalisation et espère que des efforts seront déployés pour éviter que les visiteurs francophones soient désorientés en arrivant en Colombie-Britannique.

Le commissariat aux langues officielles a fait ses recommandations aux organisateurs des JO en décembre dernier. Il promet de surveiller de près leur mise en application, d'ici l'événement, en février 2010.

Jusqu'à maintenant, M. Fraser et son équipe ont dû intervenir pour demander à la Commission canadienne du tourisme de traduire le site Internet Destination2010.ca, destiné aux médias internationaux.

Le commissaire et les députés ont par ailleurs critiqué publiquement la décision du COVAN de n'inviter aucun artiste francophone à participer au spectacle marquant le début du compte à rebours pour les jeux, en février dernier.