Bien des mystères entourent Serena Williams cet été.

Après avoir connu la meilleure année de sa carrière en 2013, la numéro un mondiale, âgée de 31 ans, connaît une saison difficile. Elle a perdu au deuxième tour à Roland-Garros, en mai, puis en troisième ronde à Wimbledon, à la fin de juin.

C'est surtout son abandon en double à Wimbledon, deux jours après sa défaite en simple, qui a frappé l'imaginaire.

On y a vu une Serena Williams hagarde, titubante, incapable de faire bondir la balle à ses pieds au service ou de l'attraper, encore moins capable de mettre une balle en jeu, avant de déclarer forfait après trois jeux. Un moment de grand malaise.

Les plus folles rumeurs ont couru. Rupture? Surmenage? Et son entraîneur qui déclare qu'il ne l'a pas vue depuis deux jours entre ces deux matchs. La WTA a évoqué un virus. L'ancienne championne Martina Navratilova a pris part au débat et déclaré qu'elle n'y croyait pas une miette.

Sa mère, protectrice, a refusé qu'elle participe au tournoi suivant sur terre battue, à Bastad, en Suède. Serena Williams s'est plutôt dirigée vers la Croatie pour des séances d'entraînement le matin et de plaisir l'après-midi...

La demi-pause semble avoir été très bénéfique. Williams a atterri à Montréal dimanche soir, revigorée par une victoire au tournoi de Stanford, en Californie, son premier depuis sa mésaventure de Wimbledon.

«C'était important pour moi de continuer à m'entraîner, a-t-elle répondu à La Presse hier après-midi, lors de sa rencontre avec les médias montréalais, au stade Uniprix. Je voulais vraiment jouer à Bastad, mais je n'étais pas prête. Il fallait que je m'entraîne encore pendant un certain temps, et je pense que cela a payé.»

Une interview qui nous en a révélé bien peu. Serena Williams, dont c'est la première visite à Montréal en 14 ans, a été fidèle à elle-même. En retard de plus d'une heure, souriante en façade mais légèrement blasée, avec des réponses généralement superficielles.

Mais elle a fait le détour à Montréal, et dans un bien meilleur état d'esprit que le mois dernier.

A-t-elle cependant laissé trop d'énergie en Californie, après avoir disputé son dernier match du tournoi dimanche? On a souvent vu des joueurs connaître des moments difficiles au stade Uniprix après une victoire importante dans les jours précédents.

«Je ne suis pas du tout fatiguée. J'ai même frappé des balles ce matin. Je n'ai pas vraiment dormi, mais je continue sur ma lancée, sans vraiment savoir comment...»

Serena Williams espère jouer le maximum de matchs cette semaine dans sa préparation pour le US Open et sa quête d'un 18e titre en Grand Chelem, qui lui permettrait de rejoindre les grandes Evert et Navratilova.

«J'essaie de jouer le mieux possible pendant ces tournois, mais à chaque match plus que pour le résultat final. Je veux juste progresser à chaque match. Quant à la 18e victoire, elle m'a échappé jusqu'à présent, j'espère qu'un jour, je pourrai la saisir!»

À la fin du point de presse, une consoeur a osé revenir sur le malaise qu'elle a subi à Wimbledon. «Nous en avons parlé la semaine dernière, vous avez sans doute raté l'entrevue», a-t-elle répondu sèchement.

Elle a retiré son micro avant qu'une autre question ne soit posée et a quitté la salle d'entrevue en coup de vent. Fin de l'entrevue!

Beaucoup de respect pour Bouchard

Serena Williams ne s'offusque pas d'entendre de grandes championnes comme Chris Evert destiner à Eugenie Bouchard le titre de prochaine reine du tennis féminin.

«Chris dit vrai. Eugenie est une grande joueuse. Elle est certainement l'avenir du tennis, elle l'a déjà démontré dès aujourd'hui. Pourquoi attendre l'avenir? Elle fait des progrès à chaque tournoi. C'est ce qui compte: toujours jouer à son meilleur niveau. Et elle y parvient sans aucun doute.»

Si tout se déroule comme prévu, Williams et Bouchard pourraient se retrouver en quarts de finale. À cet effet, la réponse de Serena étonne.

«Je pense qu'elle a une bonne chance de l'emporter. Elle a eu une année impressionnante, pour vous dire la vérité. Elle a mieux réussi que moi dans beaucoup de tournois. La rencontre sera équilibrée, mais j'espère pouvoir arriver jusque-là. De son côté, elle y sera sûrement.»

Panne de confiance ou stratégie psychologique?