Moins en forme - et peut-être aussi moins motivée -, la nouvelle génération de vedettes de la WTA tarde à prendre sa place au sommet.

Pendant ce temps, les grandes vedettes du circuit féminin vieillissent, mais leurs résultats ne s'en ressentent pas. Les quatre derniers tournois du Grand Chelem ont été remportés par Serena Williams, 28 ans, Francesca Schiavone, 30 ans, et la nouvelle maman Kim Clijsters, 27 ans. La moyenne d'âge du top 10 mondial est actuellement de 26 ans, comparativement à 23 ans en 2005 et 24,5 ans en 2000. Aucun doute, l'époque où des adolescentes comme Jennifer Capriati, Martina Hingis, Maria Sharapova ou Serena Williams dominaient le tennis féminin est révolue.

Kim Clijsters a sa petite idée sur le secret de la longévité de sa génération: la forme physique. «La préparation physique a beaucoup changé au fil des années. Je suis beaucoup plus en forme qu'au début de ma carrière. Des filles comme Serena, Venus et Lindsay Davenport ont fait augmenter le niveau de jeu et son intensité sur le plan physique», dit Clijsters, qui a fait un retour au jeu l'été dernier après avoir donné naissance à sa fille Jada.

L'entraîneur québécois Louis Cayer, qui travaille maintenant à Londres pour la fédération britannique de tennis, se range derrière l'opinion de l'ex-numéro un mondiale. «C'est de plus en plus difficile de percer pour une adolescente, dit-il. Les joueuses s'entraînent plus fort, elles voyagent avec leur préparateur physique.»

Mais il n'y a pas que la forme physique. Pour l'instant, Louis Cayer ne perçoit pas la même force mentale chez la jeune génération de la WTA. «C'est plus facile d'acquérir une mentalité de champion quand tu gagnes à un jeune âge, dit-il. Être numéro un au monde, c'est une pression différente qui n'est pas pour tout le monde. Serena veut être numéro un et n'accepte pas d'être numéro deux. D'autres filles aiment mieux ne pas avoir la pression d'être numéro un. (Dinara) Safina, (Jelena) Jankovic et (Ana) Ivanovic ont vu leur jeu dégringoler après avoir atteint le premier rang.»

Kim Clijsters ne remet pas en cause la motivation de ses jeunes rivales, mais elle ne voit pas dans leurs yeux le même désir de vaincre qui l'animait à ses débuts. «Certaines joueuses sont parfois satisfaites d'un quart de finale ou d'une demi-finale, dit-elle. Je ne me suis jamais contentée d'atteindre les demi-finales. Plus jeune, j'étais dévastée chaque fois que je ne gagnais pas un tournoi. Au fond, c'est la même chose au tennis que dans la vie. Les adolescents d'aujourd'hui n'ont pas la même mentalité qu'à l'époque où j'étais ado!»

Patience?

Kim Clijsters remarque aussi que les distractions sont plus nombreuses au sein de la jeune génération. «Je joue au tennis depuis l'âge de 4 ans parce que j'aime ça, pas pour faire la couverture des magazines, dit-il. Certaines jeunes joueuses aiment les deux.»

L'une des cibles préférées des photographes de mode, la numéro deux mondiale, Caroline Wozniacki, a bien failli remporter son premier titre du Grand Chelem l'été dernier. C'est justement Kim Clijsters qui lui a barré la route en finale. Pour devenir numéro un au monde, la Danoise de 20 ans devra trouver le moyen de déloger Serena Williams, détentrice de 13 titres du Grand Chelem. «Serena est l'une des meilleures joueuses de tous les temps et je viens seulement d'avoir 20 ans», plaide-t-elle.

Seulement deux joueuses de moins de 25 ans sur le circuit de la WTA ont un titre du Grand Chelem à leur actif: Maria Sharapova, dont le dernier de ses trois titres remonte à 2008, et Ana Ivanovic, dont la dégringolade au classement (de première à 62e au monde) lui a fait rater la Coupe Rogers. La championne en titre de Roland-Garros, Francesco Schiavone, 30 ans, demande aux amateurs qui souhaitent un changement de garde au tennis féminin d'être patients. «Tout le monde n'arrive pas au sommet au même moment dans sa carrière, dit-elle. On peut être dans le top 10 durant plusieurs années sans gagner de Grand Chelem. Il faut leur laisser le temps. Elles auront bien un jour leurs deux semaines de grâce», dit Schiavone.

Louis Cayer ne voit toutefois pas la vedette montante de la WTA qui parviendra à déloger la génération des soeurs Williams et de Kim Clijsters avec régularité dans les grands rendez-vous. «(Les vétérantes) sont encore les plus fortes, dit-il. Et comme il y a plus d'argent à faire, les femmes continuent leur carrière plus longtemps.»