Un an après la pire déconvenue de sa carrière, Rafael Nadal aura droit à sa revanche face à Robin Soderling dimanche en finale de Roland-Garros que les deux hommes ont rejoint par des chemins différents.

Vainqueur (6-2, 6-3, 7-6) de l'Autrichien Jürgen Melzer vendredi, le Majorquin n'a, malgré une fin de match brouillonne, toujours pas lâché un set de la quinzaine, alors que Soderling a frôlé la sortie face au Tchèque Tomas Berdych dans une partie sinusoïdale (6-3, 3-6, 5-7, 6-3, 6-3).

Depuis l'élimination de Roger Federer, par Soderling, c'était devenu un peu la finale idéale tant elle sent le règlement de compte, l'explication au grand jour. Pour Nadal, quelle meilleure occasion en effet de laver l'affront?

De mettre les choses au point, sur les lieux du crime, avec celui qui avait causé, à son détriment, la plus grande surprise de la décennie? Avec en prime la perspective, en cas de victoire, de retrouver la place de numéro 1 mondial abandonnée l'an dernier en partie à cause de sa défaite contre Soderling.

Même s'il refuse le terme, Nadal devait rêver qu'on lui accorde cette «revanche» pour chasser définitivement le pire épisode de sa carrière.

Cette fois, il arrivera frais, sans genoux abîmés, le moral au beau fixe, sans le divorce de ses parents à l'esprit. Il arrivera invaincu sur terre battue en 2010 puisque personne n'a réussi à le battre sur la surface depuis Soderling l'année dernière à Paris.

Sacré à Monte-Carlo, Rome et Madrid, il n'est plus qu'à un succès du «Clay Slam», le gain des quatre grands tournois sur la surface en un an, ce qui n'a encore jamais été réalisé.

Il sera le «favori obligatoire» de la finale puisqu'il n'a toujours perdu que deux... sets cette année sur terre battue et aucun en six matches à Paris où il a, comme c'était prévisible, largement dominé Melzer, 27e mondial, malgré quelques moments de flottement sur la fin.

Soderling confiant

«C'était mon meilleur match du tournoi, j'étais en total contrôle jusqu'à cette fin de match où je suis devenu un peu nerveux», a-t-il commenté après avoir laissé Melzer revenir de 5-3 dans le troisième set, grâce à quelques bourdes spectaculaires dont une double-faute frappée dans son propre camp!

Parler de doute serait cependant très prématuré, ne serait-ce que parce que la même mésaventure lui était arrivée il y a deux ans face à Djokovic, sans que cela ne l'empêche d'écraser Federer deux jours plus tard en finale.

Soderling devra sans aucun doute compter sur ses propres armes pour créer l'exploit de battre Nadal deux fois sur terre battue - seul Federer y est arrivé mais jamais au meilleur des cinq sets - et cela dans une grande finale.

S'il commet, comme vendredi face à Berdych, la bagatelle de 63 fautes directes, ce sera compliqué. «Je n'attache pas d'importance à ça, Berdych m'a mis une grosse pression, je suis content de m'en être sorti», a évacué le Suédois, qui a connu des baisses de régime spectaculaires mais a réussi à mieux gérer les moments clés de sa demi-finale.

Assuré de monter au sixième rang mondial au moins, il sait qu'il ne pourra pas se permettre les mêmes errances devant Nadal. «Je sais surtout que je peux le faire et je l'ai montré. Je suis confiant, je joue bien en ce moment», dit le Suédois qui misera sur son énorme service (75 aces dont 18 vendredi, numéro 1 du tournoi) pour prendre les échanges à son compte.

Que Nadal en soit déjà à sa neuvième finale du Grand Chelem ne l'émeut guère. «C'est la première qui est difficile, depuis j'ai joué plein de gros matches sur des grands courts», assure l'intrépide Viking qui, un an après sa défaite face à Roger Federer, a lui aussi quelque part une revanche à prendre.