(Québec) Artur Beterbiev aura 39 ans dans une semaine. Mais le triple champion du monde de boxe a prouvé samedi soir au Centre Vidéotron qu’il a encore tout ce qu’il lui faut pour accomplir son rêve : unifier les titres à 175 livres.

Beterbiev (20-0, 20 K.-O) a remporté une victoire par K.-O. technique au septième round. Il a usé à la corde son adversaire, Callum Smith (29-2, 21 K.-O.) jusqu’à forcer un abandon.

Le Britannique n’a jamais réussi à établir son rythme, même s’il a pu placer son jab à quelques occasions. Beterbiev n’a pas flanché, a remporté tous les rounds. À l’issue des sept assauts, Beterbiev avait touché avec 182 coups contre seulement 59 pour Smith.

À l’ultime round, il a fondu sur sa proie dépassée par ses combinaisons. Smith est allé deux fois au tapis au septième, une première dans sa carrière. Il ne se défendait quasiment plus. L’entraîneur Buddy McGirt a sagement jeté l’éponge, malgré les protestations de son boxeur, probablement le seul dans l’amphithéâtre à encore croire en ses chances.

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Artur Beterbiev (à droite) a touché avec 182 coups contre seulement 59 pour Callum Smith.

« Je sens que je suis en voie de devenir un bon boxeur. Mais je ne suis pas là encore », a dit après le combat Beterbiev. « Je ne suis pas satisfait encore. »

Cette performance, Beterbiev l’a livrée devant 10 031 spectateurs. Le gala de samedi a fracassé le record d’assistance pour la boxe au Centre Vidéotron. Les précédents records étaient de 8624 spectateurs pour Lucian Bute contre James DeGale en novembre 2015, et 7800 en février 2017 pour Lucian Bute contre Eleider Álvarez.

« Je suis fier d’être Québécois », a dit Beterbiev en français. « Je vis au Québec depuis dix ans. Je suis d’ici maintenant. Et j’aime toujours me battre à Montréal et Québec. Le stade qui prend pour moi, ça fait du bien. C’était comme me battre à la maison. »

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Artur Beterbiev et Callum Smith se sont battus devant 10 031 spectateurs au Centre Vidéotron.

Une unification en 2024

Le champion (IBF, WBC, WBO) veut maintenant unifier une fois pour toutes la division des mi-lourds. Il vise un combat contre le détenteur de la ceinture manquante, celle de la WBA, le Russe Dmitri Bivol (22-0, 11 K.-O.).

« Un jour, Artur m’a dit je ne crois pas à ces champions dans trois fédérations. Tu es le champion ou tu ne l’es pas. On ne sera pas satisfait tant qu’on n’aura pas les quatre ceintures », a lancé son entraîneur, Marc Ramsay.

Ce choc attendu depuis des années, avec les quatre ceintures en jeu, doit avoir lieu en Arabie saoudite cette année. Le Royaume fait pleuvoir les dollars sur les sports de combat depuis peu. Les promoteurs ont du mal à résister.

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Artur Beterbiev célèbre dans le ring après sa victoire.

Beterbiev a encore faim donc. Mais il assure qu’il ne court pas après les honneurs pour recevoir des applaudissements. « Je ne pense pas à ça. Les gens me connaissent dans les gyms de boxe, ça me suffit », dit-il.

Pour le promoteur qui a organisé la soirée, le gain de Beterbiev représente une victoire pour la boxe québécoise. « Artur est avec Top Rank aujourd’hui, mais c’est une légende pour moi déjà. Si mes boxeurs peuvent apprendre de lui, ce serait un rêve », a réagi le président d’Eye Of the Tiger Management (EOTTM), Camille Estephan.

Le clan de Callum Smith ne s’est pas présenté devant les médias pour répondre aux questions après le gala. Son promoteur, Eddie Hearn, qui avait été très volubile plus tôt cette semaine au moment de commenter le contrôle antidopage atypique de Beterbiev, était quant à lui aux abonnés absents à la salle de conférence de presse.