Ce sera le Québécois d’origine colombienne Óscar Rivas ou l’Américain Bryant Jennings. L’un de ces deux boxeurs sera le premier de l’histoire à porter la ceinture des super-lourds-légers, nouvelle catégorie de poids du WBC.

Il y avait donc de la visite rare à la conférence de presse, jeudi midi, en vue du gala du 22 octobre : le patron du WBC, Mauricio Sulaimán.

Jamais le président Mauricio Sulaimán n’avait pris part à une conférence de presse de GYM dans le passé, a souligné Yvon Michel, qui en sera à son 67e combat de championnat du monde, son 49e à la tête du groupe qui porte son nom.

En début d’allocution, Mauricio Sulaimán a offert ses condoléances à ceux qui ont perdu des proches en raison de la COVID-19 ces 18 derniers mois. Il n’a pas fait mention de Jeanette Zacarias Zapata, morte des suites de son combat à Montréal il y a deux semaines. Il s’était cependant déjà exprimé à ce sujet sur le site du WBC au moment de la nouvelle.

Lisez le message sur le site du WBC (en anglais)

L’évènement qui a coûté la vie à la jeune Mexicaine a plané sur la période de questions de cette première conférence de presse de boxe depuis le triste dénouement.

Le promoteur Yvon Michel a d’abord contourné la question du collègue du 98,5 FM qui cherchait à savoir si une instance lui avait demandé de repousser son gala — il devait se tenir ce week-end — et, si oui, pour quelles raisons il avait obtenu le feu vert pour le mois d’octobre.

À la deuxième occasion, le président de GYM a répondu n’avoir rencontré aucune résistance du point de vue des autorisations.

« Non, on voulait juste avoir un peu plus de temps pour vraiment se concentrer sur la promotion de ce combat », a-t-il affirmé.

Cela dit, la veille de la mort de la boxeuse de 18 ans, son organisation avait fait savoir qu’elle reportait son gala du 17 septembre par respect pour sa famille et elle.

Lisez le communiqué de GYM

Puis, quelques questions plus tard, le journaliste de Radio-Canada Sports allait demander à Yvon Michel une mise à jour du dossier Zapata lorsque l’hôte de la conférence l’a poliment interrompu, expliquant qu’il avait eu « la commande de se concentrer aujourd’hui sur le sujet de la conférence ».

« On en a parlé et on va en reparler sur d’autres plateformes au moment opportun. Il va y avoir un autre moment, une autre plateforme où Yvon et d’autres personnes vont s’adresser à tout le monde au sujet de Mme Zapata », a-t-il ensuite précisé.

Prise 2

Óscar Rivas (27-1, 19 K.-O.) et Bryant Jennings (24-4, 14 K.-O.) se sont déjà affrontés en janvier 2019, sur le sol américain. Rivas l’avait emporté par arrêt de l’arbitre au 12e et dernier round, mais le combat était jusque-là très serré. Deux juges avaient le Québécois gagnant, mais s’il avait perdu le dernier assaut, le duel se serait soldé par un verdict nul.

« La dernière fois qu’on s’est battus, on a vu que c’est un bon combattant. Il a beaucoup de talent et j’ai beaucoup de respect pour lui », a assuré Rivas.

Le portrait pour ce combat revanche est toutefois totalement différent. Cette fois, à l’Olympia de Montréal, il pourra non seulement obtenir un titre mondial, mais encore devenir le tout premier monarque de la division des super-lourds-légers (200 à 224 lb).

Ce que son entraîneur Marc Ramsay a décrit comme « une chance de marquer l’histoire » et « une double motivation ».

Et cette chance, Óscar Rivas l’attend depuis longtemps. Âgé de 34 ans, il boxe professionnellement depuis 2009, peu après avoir quitté sa Colombie natale pour s’établir ici.

« Depuis que j’ai commencé la boxe, je me dis qu’un jour, j’aurai cette ceinture verte et j’ai maintenant l’occasion, a-t-il dit. J’ai juste hâte que sonne la cloche parce que ça fait des années que j’attends ça. »

Pour sa part, Bryant Jennings — qui s’est déjà frotté à Wladimir Klitschko — s’est montré « conscient d’affronter un boxeur extrêmement sous-estimé et talentueux » en Óscar Rivas.

Il en a eu un aperçu il y a deux ans.

En hommage à Bridger Walker

Rivas et Jennings sont respectivement aspirants no 1 et no 3 de la nouvelle division des super-lourds-légers du WBC, « créée pour assurer la sécurité des boxeurs », a affirmé Mauricio Sulaimán.

En ajoutant cette catégorie supplémentaire, on évite que des pugilistes de 201 et 260 lb se rencontrent sur un ring.

Son nom (Bridgerweight) a été inspiré par l’histoire de Bridger Walker, ce garçon de 6 ans partiellement défiguré à l’été 2020 après avoir protégé sa petite sœur contre l’attaque d’un chien.

« La popularité d’une division fonctionne toujours avec celle de son champion. Et pour que le champion devienne populaire, il faut qu’il soit actif. Donc, le mandat que le champion va avoir à partir du 22 octobre, ce sera d’être actif et de donner l’occasion aux autres adversaires qui sont classés, a révélé Yvon Michel. Et je vous assure que ce sera une des divisions les plus [demandées]. »

Du côté de GYM, on espère évidemment ramener une ceinture majeure dans l’organisation, après la défaite de Marie-Eve Dicaire contre Claressa Shields.

« Pour une entreprise, ça change tout d’avoir un champion du monde », a rappelé Michel.

Dans les discussions avec les autres promoteurs et avec les réseaux de télé. Sans compter l’inspiration qu’il apporte aux autres membres de l’écurie.

En théorie, Óscar Rivas est en bonne posture pour marquer l’histoire et faire plaisir au patron. Mais ce n’est pas dans la poche, a averti le promoteur.

« Bryant Jennings s’en vient ici préparé, c’est un super athlète. Óscar va devoir livrer le meilleur combat de sa carrière. »