Jocelyne et Monique Lamoureux oublient leurs racines francophones quand elles affrontent leurs grandes rivales canadiennes.

Deux des meilleures joueuses de l'équipe américaine auraient bien pu jouer pour le Canada. Le père des jumelles Jocelyne et Monique Lamoureux est originaire de l'Alberta et elles possèdent les deux nationalités.

Elles-mêmes sont nées à Grand Forks au Dakota-du-Nord, où Jean-Pierre Lamoureux a rencontré son épouse alors qu'ils étudiaient à l'université. «Nos grands-parents habitent encore au Canada et nous y retournons souvent pour des réunions familiales», raconte Monique en entrevue.

«Mon grand-père parle encore un peu français, mais nous ne l'avons jamais vraiment appris», précise l'athlète de 24 ans, avant d'essayer de prononcer quelques mots en français, au grand amusement de Jocelyne.

Cette dernière ajoute : «Je me souviens qu'il y avait toujours une patinoire sur le terrain de mes grands-parents quand nous y allions, plus jeunes, et nous jouions au hockey pendant des heures. À Grand Forks, nous n'avions qu'à descendre à un étang gelé derrière la maison...»

Avec leurs quatre frères plus âgés, tous d'excellents hockeyeurs, les Lamoureux ont vite développé un talent exceptionnel. «Nos parents nous laissaient patiner et jouer autant qu'on le voulait et c'est sur cet étang que nous avons appris tous nos trucs, explique Jocelyne. Nos frères ne nous laissaient aucune chance et nous aimions cela.»

«À l'école, nos amies s'étonnaient que nous passions des heures à pratiquer nos lancers ou à faire des poids et haltères dans notre sous-sol, ajoute Monique. Mais nous, nous trouvions cela très cool d'imiter nos frères et de les suivre partout.»

Après quelques saisons de hockey avec les garçons, les Lamoureux ont été remarquées par les dépisteurs des meilleures formations féminines des High Schools et elles ont opté pour l'école Shattuck-St.Marys, un établissement fréquenté auparavant par Sidney Crosby et Jonathan Toews.

«L'équipe féminine n'avait jamais remporté de titre et cela nous tentait de réussir quelque chose d'unique», rappelle Jocelyne. Trois titres nationaux plus tard, elles étaient aussi célèbres à Shattuck-St.Mary's que leurs glorieux prédécesseurs et prêtes à rejoindre l'équipe nationale américaine.

En quête d'une première médaille d'or

Leur talent offensif et leur sens de la compétition ont depuis aidé les États-Unis à remporter trois titres mondiaux (2009-2011-2013), mais elles n'ont toujours pas enlevé le titre olympique dont elles rêvent depuis qu'elles sont petites. Médaillées d'argent aux Jeux de Vancouver, les Lamoureux n'entendent pas manquer l'or cette fois à Sotchi.

«Nous avons la chance de jouer avec les meilleures au monde et, dans notre cas, c'est d'autant plus spécial que nous l'avons accompli ensemble. C'est souvent stressant, exigeant, mais nous avons la chance de pratiquer un sport que nous adorons et d'en faire notre métier», souligne Monique, qui raconte n'avoir jamais passé plus de cinq semaines consécutives avec son mari Taylor Kolls depuis leur mariage en 2010.

Kolls, qui est un marine dans l'armée américaine, était en Afghanistan pendant les Jeux de Vancouver. Cette fois-ci, il est à Sotchi. «Monique m'a toujours encouragé dans ma carrière, même si je sais que c'était éprouvant pour elle quand j'étais déployé en zone dangereuse, a-t-il raconté au réseau NBC. Je suis vraiment heureux de pouvoir l'encourager à mon tour.»

Jocelyne n'aura pas la même chance. Son fiancé Brent Davidson, qu'elle doit épouser l'été prochain, joue au hockey en première division italienne pour le HC Valpellice et doit disputer un match jeudi prochain, le jour de la finale féminine...

Une famille de hockey

Jean-Pierre Lamoureux, le père de Jocelyne et Monique, était gardien substitut de l'équipe de l'Université du Dakota-du-Nord deux fois championne de la NCAA entre 1979 et 1983. En plus de ses filles, ses quatre fils ont brillé au hockey. L'aîné Jean-Pierre, un gardien lui aussi, a été membre de l'équipe américaine et joue pour les Alaska Aces, un club-école des Sabres de Buffalo dans la ECHL.

Jacques, un centre, a été "All American" et finaliste au titre de joueur universitaire de l'année en 2009 avec l'équipe de l'Air Force Academy. Pierre-Paul a joué à l'Université du Manitoba et est maintenant entraîneur adjoint à l'Université du Dakota-du-Nord, où il dirige son frère Mario. La mère des Lamoureux, Linda, n'a jamais joué au hockey, mais elle a fait le marathon de Boston !

Photo Jim Young, Reuters

Monique Lamoureux est attaquante pour l'équipe nationale américaine de hockey féminin.