Ça grouille de monde à l’ESPN Wide World of Sports de Disney World. Et ça ne fait pas que grouiller : ça chante, ça saute, ça crie, ça danse.

Mais que se passe-t-il ? Pour une raison ou une autre, on pensait arriver à l’entraînement du CF Montréal dans un complexe sportif pratiquement vide à cette heure de la journée. Il est 11 h, on est en semaine. Mais ce n’est pas du tout la scène qui nous accueille.

En fait, ce qui nous accueille, ce sont des dizaines et des dizaines d’équipes de meneuses de claque. Toutes dans leur uniforme. Certaines répètent leurs chants, leurs chorégraphies. D’autres sont en mouvement, en route vers un autre point de ralliement.

Sans le vouloir, venons-nous de débarquer à Daytona, la compétition de cheerleading nationale dont la préparation par différents programmes collégiaux est brillamment documentée dans la série Netflix Cheer ? C’est tout comme, sans les caméras du diffuseur ni les bottes de Monica Aldama. Du moins, on ne les a pas vues à travers la marée de monde qui se déplaçait dans le complexe au cours des deux journées que nous avons passées dans les parages.

Ce n’est pas Daytona. C’est plutôt le championnat national des écoles secondaires américaines de l’Universal Cheerleaders Association (UCA). Visiblement, c’est gros. À ce niveau, en fait, c’est la compétition la plus prestigieuse au pays. On a l’impression que toute la planète du cheerleading américain vient de débarquer à Orlando. C’est probablement le cas.

Notre devoir nous appelle au bout de l’ESPN Wide World of Sports. Les 700 mètres qui nous séparent de l’entrée au terrain numéro 5, où se trouve le CF Montréal, prennent un peu plus de temps à traverser que prévu. Entre-temps, on remarque que des formations de meneuses de claque répètent jusqu’au fin fond du terrain numéro 20, à l’autre extrémité. Plus près de nous, une autre équipe tente de faire une sieste et de récupérer à l’ombre, dans un coin reculé du site.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

« Pas d’acrobaties », indique cette affiche au haut des gradins du stade du complexe sportif ESPN. Une demande inédite sans doute pertinente ici, pendant cette compétition nationale de meneuses de claque.

On arrive au terrain de baseball où les joueurs du Bleu-blanc-noir s’apprêtent à commencer la séance. Ils sont arrivés en autocar, à quelques dizaines de mètres de la pelouse, évitant toute la scène qui se déroule juste à côté. Ou presque.

« Vas-tu assister à la compétition de cheer plus tard ? », demande-t-on à George Campbell, que l’on accroche à sa sortie de l’autocar. « Non, je ne pense pas », répond-il en souriant.

Les joueurs s’échauffent avec une musique latine en trame de fond. On fait aller notre Shazam (oui, ça existe encore) : la chanson, c’est Deseándote, de Frankie Ruiz. L’application nous présente sa photo. Matías Cóccaro, sors de ce corps.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE SHAZAM

Le chanteur portoricain Frankie Ruiz

C’est plutôt Josef Martínez qui semble le plus se réjouir d’entendre cet air mélodieux et rythmé. L’attaquant du CFM chantonne quelques paroles en se déhanchant légèrement au centre du terrain et de ses nouveaux copains.

Un membre du personnel arrête la musique, puis le CFM s’entraîne pendant près de deux heures. Laurent Courtois donne des instructions qui nous semblent limpides, même de loin. Il encourage ses joueurs ardemment, et les corrige sur-le-champ s’il n’est pas tout à fait satisfait.

Pendant ce temps, on entend les festivités des haut-parleurs de l’enceinte aux quelques centaines de gradins juste à côté. Ce sera le cas jusqu’au retour de l’équipe aux alentours de l’autocar. Un bain de glace l’attend. Plusieurs joueurs, dont Samuel Piette, Jonathan Sirois et Dominik Iankov, intègrent l’eau au froid sibérien. L’agent de sécurité du complexe ESPN sourit avec plaisir. Tout comme Bryce Duke, toujours habillé, qui filme ses coéquipiers en rigolant.

Allez, rentrons, avant d’empirer ce coup de soleil que l’on sent déjà brûler notre visage.