(Rome) Coups francs et franc-parler : l’ex-international serbe Sinisa Mihajlovic, qui a fait l’essentiel de sa carrière en Italie, est mort à Rome d’une leucémie à l’âge de 53 ans, a annoncé vendredi sa famille.

Son épouse Arianna et leurs cinq enfants ont déploré dans un communiqué à l’agence italienne Ansa la « mort injuste et prématurée » du joueur qui a évolué en Italie (AS Rome, Lazio Rome, Sampdoria Gênes et Inter Milan) avant d’être entraîneur.

C’était « un homme unique et un professionnel extraordinaire » qui avait annoncé sa maladie à l’été 2019 alors qu’il entraînait Bologne depuis le mois de janvier la même année, ont-ils ajouté.

La première ministre italienne Giorgia Meloni a salué « un exemple de courage pour ceux qui affrontent la maladie ». « Tu as lutté comme un lion sur le terrain comme dans la vie », a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

La Fédération serbe de football, pour sa part, a évoqué « une triste nouvelle pour le football serbe, la région, l’Europe et le monde du football ». « Le football a perdu trop tôt […] l’un des meilleurs tireurs de coups francs de l’histoire », poursuit la Fédération dans son communiqué.

De son côté, l’Étoile rouge a écrit sur Twitter : « Le légendaire Sinisa Mihajlovic nous a quittés aujourd’hui… Un grand joueur de l’Étoile rouge, et un homme au cœur et à la force incroyables ».

Sinisa Mihajlovic avait été limogé début septembre de son poste d’entraîneur de Bologne. Il avait publiquement fait savoir qu’il ne comprenait pas cette décision après trois ans et demi dans le club, marqués notamment par son combat contre la leucémie.

Coups francs chirurgicaux

« Je n’ai jamais été un hypocrite. Je ne le serai pas non plus cette fois : je ne comprends pas cette éviction », avait écrit l’ex-international serbe, dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien sportif la Gazzetta dello sport.  

Mihajlovic avait débuté sa carrière d’entraîneur à Bologne lors de la saison 2008-2009. Il a ensuite dirigé la Fiorentina, l’AC Milan, la sélection de Serbie ou le Torino, sans obtenir de grands succès, avant de revenir à Bologne sur le banc.

Auteur de 69 buts en 455 matchs professionnels, il était réputé pour ses coups francs chirurgicaux.

Il a remporté trois titres nationaux en Serbie et la Coupe d’Europe des clubs champions (ex-Ligue des champions) avec l’Étoile rouge de Belgrade en 1991 aux dépens de l’Olympique de Marseille en finale à Bari.

En Italie, il a été sacré champion avec La Lazio (2000) et l’Inter (2006), a gagné quatre Coupes d’Italie avec la Lazio (2000 et 2004) et l’Inter (2005 et 2006). À cela s’ajoute une Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes (ex-C 2) remportée en 1999 avec le club romain.

« Le paradis a gagné une autre légende. Tu nous manqueras beaucoup Sinisa », a réagi son ancien club, l’AC Milan.

Pour le légendaire Dino Zoff, qui lui avait parlé au téléphone peu de temps avant sa disparition, « c’était quelqu’un dont il était agréable d’être proche. Je me souviens de lui comme d’un compagnon de sport ».

Le portier du PSG Luigi Donnarumma et Simone Inzaghi, à qui il avait succédé à Bologne, lui ont également rendu hommage.  

« C’était un leader sur le terrain, c’était une personnalité forte et il l’a démontré même quand il est devenu entraîneur. Fort sur le terrain et en-dehors », a commenté l’ancienne légende du tennis italien Adriano Panatta.

Une amitié controversée

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a également exprimé sa tristesse dans un communiqué : « Je suis profondément attristé d’apprendre le décès de Sinisa Mihajlovic, l’un des footballeurs et entraîneurs les plus célèbres de Serbie ».  

« Sur le terrain, ses coups francs incarnaient une passion et un dévouement pour la beauté du jeu qui ont laissé une impression durable sur le monde du sport et sa mort est une grande perte pour nous tous », a-t-il ajouté.

Mihajlovic est né le 20 février 1969 à Vukovar, une ville de l’est de la Croatie, d’une mère croate et d’un père serbe.

L’aspect le plus controversé à son sujet, notamment en Croatie, reste son amitié avec le chef paramilitaire serbe assassiné Zeljko « Arkan » Raznatovic, qui avait été inculpé pour crimes de guerre par un tribunal des Nations unies au moment de sa mort en 2000.  

« Arkan et moi étions des amis, mais des amis sportifs. Il était le leader des supporteurs de l’Étoile rouge lorsque j’y jouais… Je ne veux pas le renier, car je serais hypocrite. Après tout, nous avons tous fait des choses stupides… Aussi bien nous (Serbes) que les Croates. Il y a eu des meurtres des deux côtés, pourquoi se mentir, donc personne n’est propre ou innocent », avait déclaré Mihajlovic aux médias croates en 2013.