On ne pourra reprocher à Alistair Johnston de ne pas être conséquent avec ses propos. Et surtout, de s’être trompé.

Le défenseur du CF Montréal affirmait à La Presse, en tout début de saison – le 17 mars, pour être exact – que la chimie aux remparts de l’équipe « allait s’installer avec le temps ».

C’est qu’à l’époque, le onze montréalais venait de perdre ses trois premiers matchs. Et avait accordé huit buts dans l’intervalle. Pour finalement en laisser passer 23 au cours des 13 premiers matchs.

Mais depuis, la défense s’est graduellement étanchéifiée, avec 18 filets accordés au cours des 13 dernières rencontres. Le CFM a trois jeux blancs dans ses sept derniers matchs, séquence au cours de laquelle il est demeuré invaincu. Sa dernière fiche immaculée a été acquise samedi dernier, au terme d’une victoire de 4-0 face au Revolution de la Nouvelle-Angleterre au stade Saputo.

Ce qui nous mène à mardi, au Centre Nutrilait. Johnston s’est présenté devant les micros après une séance d’entraînement désagréablement pluvieuse. Mais lui, comme toujours, souriait.

« Avec un groupe de défenseurs, tu as besoin de temps, corrobore-t-il, se rappelant lui-même notre entrevue du début de l’année. Et maintenant, on a trouvé notre élan. »

Et du temps, il en a eu. Johnston est l’homme de fer du CF Montréal. Il a participé aux 26 matchs du club en MLS, dont 24 en tant que partant. On lui apprend la chose, mardi.

« C’est une preuve que le personnel d’entraîneurs croit en moi, se réjouit-il. Ça veut aussi dire que je fais les bonnes choses hors du terrain, pour garder mon corps en santé. […] Je ressens mes jambes, et j’avoue que ça a du sens ! Elles sont un peu fatiguées, mais on y est presque. On est très excités d’y aller d’une dernière poussée. »

« Confus »

Johnston et Gabriele Corbo ont été acquis dans l’entre-saison. Ils s’ajoutaient à un corps défensif qui s’était pourtant bien établi en 2021, constitué notamment de Kamal Miller, Joel Waterman, Zachary Brault-Guillard et Rudy Camacho.

L’international canadien n’a pas de difficulté à le dire : la défense montréalaise était un peu « confuse », en début de saison.

« Quand l’équipe avait le ballon, on ne savait pas trop où se positionner défensivement, explique-t-il. Devait-on être en train d’aider à l’avant ? Ou plutôt d’y aller d’une couverture résolument défensive ? Maintenant, on a trouvé notre niche : si le jeu est de ton côté, tu peux aller aider.

« On peut voir maintenant que notre couverture est là. On comprend que si Joel s’avance, Kamal va prendre sa place. C’est simplement de bien comprendre le système. »

Waterman en est un autre qui a pris du galon cette saison. Jusqu’à devenir un des joueurs aux performances les plus constantes de l’équipe. Tout comme Johnston, il parle du « temps » nécessaire pour s’ajuster au système. Et donne l’exemple du dernier match contre le Revolution.

« Avant, on accordait des buts un peu trop facilement, analyse Waterman. Contre la Nouvelle-Angleterre, on a tout donné. On a bien défendu notre boîte. C’est ce que ça prend pour aller chercher des jeux blancs. Et on est prêts à le faire. »

« On passe du bon temps »

Cette amélioration ne s’effectue pas toute seule. Johnston parle notamment de l’entraîneur adjoint Laurent Ciman en utilisant le terme « maître d’œuvre », ou « mastermind ».

« C’est lui qui porte le regard le plus approfondi sur les défenseurs centraux et les latéraux, juge le numéro 22. Il nous parle beaucoup et il a beaucoup d’expérience. »

Johnston et Waterman évoquent aussi le nom de Kwame Ampadu, un autre adjoint de Wilfried Nancy.

« Les deux m’ont énormément aidé dans les deux dernières années, souligne Waterman. Ils ont été très importants dans cette évolution de la défense cette saison. Ils m’ont donné de la confiance, m’ont montré quelques habitudes que j’avais sur le terrain et ont corrigé mes erreurs. »

La gentille moquerie n’est d’ailleurs jamais bien loin de la bouche de Johnston.

À l’entraînement, Ciman « veut montrer qu’il a encore des aptitudes », lance le défenseur en riant. « Quel que soit le défi que l’on se donne, il veut toujours participer.

« Et il y a toujours Kwame, en arrière-plan, qui fait des commentaires rigolos. Aujourd’hui, il avait trois manteaux et une tuque. Je ne pouvais pas le croire. On passe du bon temps avec le personnel d’entraîneurs. »

Et ce, même au cours d’une triste et lourde averse qui ne s’estompera pas de toute la séance d’entraînement.

Waterman attend son tour

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Joel Waterman

Alistair Johnston « n’a pas d’info exclusive » à savoir si Joel Waterman aura finalement sa chance avec l’équipe canadienne lors du camp de septembre. Il amène par contre sa propre idée sur la question.

Parce qu’avec Johnston et Kamal Miller déjà de Montréal, l’ajout d’un troisième défenseur évoluant dans la métropole avec la sélection nationale serait particulièrement bienvenu, estime-t-il.

« La chimie est là, explique Johnston. Et je sais que ça joue dans la tête du personnel d’entraîneurs du Canada. »

« Joel a été incroyable cette saison, ajoute-t-il. Il a été tellement régulier. Il doit cependant faire attention aux cartons jaunes parce qu’il aime bien les accumuler, on dirait ! C’est drôle parce que c’est un petit monde. Il connaît déjà plusieurs des joueurs de la sélection. Il a grandi et joué avec eux. Ce ne serait pas étrange pour lui de s’intégrer à notre vestiaire. »

Qu’en pense le principal intéressé ?

« Ce serait super, mais ce n’est pas de mon ressort, soulève Waterman. […] Je dois obtenir ma première sélection avant tout. Mais ce serait un rêve pour moi de jouer avec ces deux gars-là dans l’équipe nationale. »