Patrice Bernier croyait qu’il y avait un problème avec son ordinateur. Dans la réunion Zoom avec ses partenaires associés, il y avait plus que quatre personnes. Et le nom de Samuel Piette y était. Hein ?

C’était l’hiver dernier, à l’époque où les visioconférences étaient encore de mise pour la plupart des occasions. Y compris pour faire de grandes annonces.

« Je pensais que mon ordinateur avait un bogue, a raconté Bernier, vendredi. Et finalement, l’écran de Sam apparaît. C’est lui qui m’annonce que je suis intronisé au Temple de la renommée du soccer canadien. »

Quelques instants plus tard, Mauro Biello se joint à la conversation virtuelle. Deux de ses anciens coéquipiers — et dans le cas de Biello, son ancien entraîneur – sont donc là pour lui annoncer la nouvelle.

Son père était aussi connecté. Dans son cas, sa présence était prévue.

« Ils m’avaient dit qu’ils voulaient rencontrer mon père. Il est comptable. Je trouvais ça anodin » dans les circonstances initiales de l’appel.

« Je ne pouvais pas demander mieux », se rappelle l’ancien capitaine de l’Impact.

« Ils avaient fait exprès pour qu’il soit là. Pour qu’il vive la nouvelle. J’ai la vidéo. Tu entends mon père qui appelle ma mère. Il réalise lui aussi ce qui se produit. C’était un beau moment. »

Canada Soccer a annoncé l’intronisation de Patrice Bernier le 1er mars dernier, en compagnie de Rhian Wilkinson et de Martina Franko. La cérémonie a officiellement eu lieu en juin, à Vancouver. Pourquoi revenir sur le sujet aujourd’hui ?

C’est que le CF Montréal lui rendra hommage, ce samedi soir, au stade Saputo. Le club affronte le Revolution de la Nouvelle-Angleterre, la dernière équipe contre laquelle il a joué avant de prendre sa retraite. Bernier avait aussi marqué sur penalty en ce soir d’octobre 2017.

  • Patrice Bernier quelques instants avant de sauter sur le terrain pour la dernière fois de sa carrière, le 27 octobre 2017.

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Patrice Bernier quelques instants avant de sauter sur le terrain pour la dernière fois de sa carrière, le 27 octobre 2017.

  • Pour l’occasion, le club montréalais avait fait faire un brassard spécial afin de souligner le dernier match de son capitaine.

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Pour l’occasion, le club montréalais avait fait faire un brassard spécial afin de souligner le dernier match de son capitaine.

  • Patrice Bernier salue les partisans montréalais après le match contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Patrice Bernier salue les partisans montréalais après le match contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

  • Malgré la défaite, Patrice Bernier a su partir avec panache en marquant sur un penalty.

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Malgré la défaite, Patrice Bernier a su partir avec panache en marquant sur un penalty.

  • Patrice Bernier quitte le terrain sous les applaudissements de la foule…

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Patrice Bernier quitte le terrain sous les applaudissements de la foule…

  • … avant de fondre en larmes.

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    … avant de fondre en larmes.

1/6
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Un honneur que le Québécois de 42 ans apprécie.

Sur mes 18 saisons, j’en ai quand même passé 9 avec l’Impact. Une grande majorité de ma carrière s’est faite ici. […] J’aurai la chance d’être au stade, de communier avec tout le monde pour un moment spécial.

Patrice Bernier

Les « montagnes russes » canadiennes

Patrice Bernier a joué 56 matchs avec le Canada. Et il le dit sans ambages : « Mon rêve, c’était d’aller à la Coupe du monde. »

Malheureusement, malgré une belle génération de talents, les Rouges n’ont jamais pu transposer leurs belles performances aux Gold Cups de 2007 et 2009 vers les qualifications pour le Mondial.

Un regret mis en évidence par la réussite de l’équipe actuelle.

S’il y a une chose que John Herdman a très bien faite, c’est [d’éliminer] le complexe d’infériorité qu’on avait par le passé. […] Là, ils se disent : “On est aussi bons que le Mexique, que les États-Unis. On va le prouver.” Et ils l’ont fait.

Patrice Bernier

« Par le passé, on était trop sporadiques, il y avait trop de montagnes russes. »

« On me percevait comme un peu fou »

Vendredi matin, Bernier est revenu sur la genèse du chemin qu’il a tracé, balle au pied. De Brossard et Montréal à Syracuse, en passant par l’Allemagne, la Norvège et le Danemark.

« On dit toujours de rêver. Et quand tu es jeune, on dit souvent que tu rêves en couleur. Étant de Montréal et du Québec, j’ai eu la chance de joueur au hockey. Quand j’ai lâché le hockey, on me percevait comme un peu fou. Parce que la route pour le hockey est claire, même si ce n’est pas garanti que tu seras professionnel. »

À ce moment-là, au foot, tu jouais pour l’Impact de Montréal. Et le club ne jouait pas en MLS. Faire ta route là-dedans, devenir professionnel, ce n’était pas clair.

Patrice Bernier

Cette intronisation au Temple de la renommée confirme qu’il a « fait le bon choix ». Mais aussi que son « parcours a marqué l’épopée du soccer canadien ».

Il souhaite maintenant que son expérience serve aux prochains. « Tant mieux si mon cheminement peut servir d’inspiration », souligne l’ancien numéro 8.

C’est en partie pourquoi il a décidé de faire raconter son histoire par le journaliste de La Presse Mathias Brunet dans la biographie Maître de son destin !.

Même s’il « n’était pas fan » de l’idée au départ, Bernier a accepté pour que les plus jeunes « voient la route, comment faire, et pour [leur] éviter les erreurs » qu’il a faites.

« Pour que le soccer aille de l’avant. »

Patrice Bernier vu par…

Je me souviens de mon arrivée en 2017, quand Patrice était là. C’était un joueur avec tellement de qualités, mais tellement calme sur le terrain. Tu savais que si l’équipe performait un peu moins bien, tu étais capable de t’appuyer sur lui. […] J’aimerais aussi devenir cette personne-là. Qu’on sache que Sam, c’est quelqu’un qui travaille super fort, et qu’on peut compter sur lui dans les moments difficiles. Pat, c’est le capitaine éternel du club. Il a tellement fait pour le club et le soccer québécois. Un peu comme Mauro Biello. Plus tard, à la fin de ma carrière, je veux avoir mon nom à côté de ceux de Mauro, de Patrice, des grands du soccer québécois.

Samuel Piette

C’est une idole de la province. Et surtout du pays. Il a tout donné pour son club et son pays. Il m’a beaucoup aidé quand je suis entré dans la première équipe. […] Il m’a aidé à me calmer les nerfs. Il était là, avec les jeunes, avec son expérience. C’est comme un grand frère pour moi. C’est un honneur exceptionnel pour lui, je suis très fier de lui. Il le mérite beaucoup.

James Pantemis

Il a été précurseur dans plein de choses. Il y a beaucoup de fierté par rapport à sa communauté. […] Les gens qui font une longue carrière comme lui, ils ne savent pas trop quoi faire. Est-ce qu’ils restent dans le football ? Est-ce qu’ils font quelque chose d’autre ? Je suis content pour lui, parce qu’il a trouvé sa voie.

Wilfried Nancy

C’est un modèle. Je l’ai beaucoup regardé jouer quand j’étais plus jeune. Il m’a inspiré. C’est un grand leader sur le terrain. J’ai pu m’entraîner avec lui plus jeune. Son leadership… ce n’est pas pour rien qu’il a porté le brassard de capitaine. Il monte tout le monde vers le haut.

Mathieu Choinière