Les hommes de John Herdman repartent du Salvador avec une victoire de 2-0

Jonathan David, encore. Et Atiba Hutchinson, l’éternel. Le Canada l’a emporté 2-0 face au Salvador dans sa capitale, mercredi, dans le cadre d’un match de qualifications pour la Coupe du monde de novembre prochain.

Après le feu d’artifice de dimanche à Hamilton, c’était le retour à la réalité de la CONCACAF pour l’unifolié. Le Salvador proposait du jeu rude qui avait pour presque unique but de briser le rythme canadien. Malgré tout, les visiteurs ont continué sur leur belle lancée, et fait un pas de plus vers le Qatar.

Le capitaine Atiba Hutchinson, du haut de ses 38 ans, a marqué le but gagnant à la 66minute.

« Marqué » est un grand mot : après une belle course de Cyle Larin à droite, puis un tir bloqué par le pied du gardien, le ballon rebondit… sur le dos de Hutchinson, étendu au sol à la droite du filet. Le gardien Kevin Carabantes a bien tenté de sauver les meubles, mais le cuir avait déjà franchi la ligne.

C’était un but vraiment bizarre. Je n’en ai pas vraiment eu conscience pour être honnête. […] J’ai été chanceux là-dessus, mais on a besoin de la chance parfois dans le soccer.

Atiba Hutchinson

Un but de type CONCACAF, s’il en est un. Mais le Canada allait le prendre.

Puis, à la 93minute de ce match éreintant, Milan Borjan effectuait un autre de ses arrêts miraculeux.

Et comme pour le remercier, la contre-attaque foudroyante canadienne frappait quelques instants plus tard. Jonathan David s’emparait du ballon au rond central et partait en échappée. Du milieu du terrain jusqu’à la surface de réparation. Il ne lui a fallu que lober doucement le ballon au-dessus du gardien pour enfiler le but d’assurance.

« J’ai senti que le joueur du Salvador allait jouer la touche [au milieu du terrain], a commenté Jonathan David en français, en visioconférence. Lorsque je me suis retrouvé contre le gardien, c’était vraiment juste de me concentrer, de me calmer et de finir l’action. »

Le Canada conclut donc cette semaine de qualifications avec une récolte parfaite de 9 points sur 3 matchs. Et il le fait sans avoir accordé de but.

« C’est quelque chose d’incroyable, a souligné David. On est tous fiers de l’équipe, de la défense et de tout le monde. C’est la défense qui ne concède pas de buts, mais je pense que tout le monde contribue un peu à ça. »

« On est une équipe dure à battre, continue-t-il. Défensivement, si on reste très costaud et qu’on ne prend pas de but, on sait que de l’autre côté on peut aller en marquer au moins un. »

Cette nouvelle victoire, la sixième de suite dans l’Octogonale, place la sélection dans d’excellentes dispositions pour confirmer rapidement son billet pour le Qatar lors de la fenêtre internationale de mars prochain. Les États-Unis et le Costa Rica avaient remporté leurs matchs respectifs plus tôt mercredi, ce qui retardait déjà la qualification du Canada.

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Le gardien du Salvador Kevin Carabantes repousse un tir.

La première demie n’a pas offert de grand spectacle, outre cette belle chance de Jonathan David bloquée habilement par le gardien substitut du Salvador, Kevin Carabantes, à la 19minute. Le jeu avait été entamé au milieu par Jonathan Osorio, avant qu’il n’envoie Sam Adekugbe en profondeur à gauche. Ce dernier avait centré un ballon parfaitement placé pour David, qui a pris un tir puissant du pied droit sur réception, dans la surface.

Il aura fallu attendre la 57minute pour que le jeu commence à s’ouvrir. Et ce n’est pas un hasard : le sélectionneur John Herdman faisait entrer les mèches offensives Cyle Larin, Tajon Buchanan et le défenseur du CF Montréal Alistair Johnston pour tenter d’aller chercher un résultat favorable.

Quelques minutes plus tard, le Canada prenait les devants. Et ce, malgré une certaine montée de la pression de la part du Salvador.

« C’est un des endroits les plus difficiles où j’ai joué dans ma carrière, a avoué le milieu de terrain Stephen Eustáquio. La pelouse était dure, l’environnement aussi, il faisait chaud et les fans étaient bruyants. Mais on s’y attendait. »

De son simple visage en conférence de presse, John Herdman a semblé corroborer les propos d’Eustáquio. C’est que le Canada a dû faire le voyage vers l’Amérique centrale deux fois plutôt qu’une.

« On est absolument crevés, a-t-il noté, les yeux dans la brume. C’était une fenêtre internationale difficile. »

« C’était un vrai environnement de la CONCACAF ce soir, a ajouté l’entraîneur du Canada. Mais c’est bien, ça fait partie de l’aventure. On souhaite ce type de match. On est tombés un peu dans leur chaos pendant une période de temps, mais on a bien terminé le match. »

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Junior Hoilett

Le technicien nous réservait une dernière petite surprise en fin de rencontre : le défenseur Zachary Brault-Guillard, aussi du CF Montréal et rappelé la veille, allait avoir une dizaine de minutes pour se faire valoir en remplacement de Richie Laryea.

Avec tout ça, le Canada est toujours invaincu après 11 matchs sur 14 dans l’Octogonale. Il compte 25 points. Ses plus proches poursuivants, les États-Unis, en ont 21. Les trois premiers du groupe passent directement à la Coupe du monde, tandis que le quatrième doit passer par les barrages.

On ne peut pas encore savourer la qualification… mais on en est tout près.

Menace de grève de la part du Salvador

Pendant un court moment mercredi après-midi, la possibilité que ce match ne soit pas disputé — et que le Canada l’emporte par forfait — a semblé bien réelle.

Les joueurs du Salvador avaient indiqué dans un communiqué qu’ils ne fouleraient pas le terrain en raison de primes non payées et de gestes irrespectueux de la part de leur fédération.

Une trentaine de minutes plus tard, ils publiaient un nouveau communiqué dans lequel ils annonçaient vouloir « jouer pour [eux] — mêmes, pour [leurs] familles et pour [leurs] partisans ».

On ne s’ennuie jamais en CONCACAF.