Quelques heures seulement après que le curleur Alexander Krushelnitsky eut remis sa médaille de bronze, le Comité olympique russe dit avoir versé les 15 millions US qui lui étaient exigés afin que sa délégation soit réintégrée aux Jeux olympiques de PyeongChang.

Le Comité olympique russe est suspendu par le Comité international olympique depuis le 5 décembre en raison d'un système de dopage institutionnalisé révélé dans le rapport McLaren. Une délégation de 168 sportifs russes ont néanmoins été invités par le CIO à participer aux Jeux sous le drapeau olympique.

Le CIO doit décider samedi si la Russie peut être formellement réintégrée lors de la cérémonie de clôture des Jeux, dimanche.

Comme ce cas de dopage pourrait s'avérer un important obstacle à cette réintégration, les Russes ont décidé de rapidement régler ce dossier.

Krushelnitsky a renoncé à son droit à un appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). S'il a accepté que du meldonium ait été détecté dans ses échantillons, il a nié s'être intentionnellement dopé.

Jeudi, le TAS a invalidé le résultat de Krushelnitsky et de sa conjointe, Anastasia Bryzgalova, aux Jeux de PyeongChang et a référé le cas à la Fédération internationale de curling en vue d'une éventuelle suspension.

Le Comité olympique russe a émis un communiqué indiquant que la médaille de bronze avait été retournée et qu'une enquête pour savoir comment le meldonium avait pu se retrouver dans son système a été lancée.

«Les résultats des tests antidopage ne sont pas remis en cause, a expliqué la délégation russe. L'enquête sera menée par les autorités russes, la Fédération russe de curling et les athlètes.»

Le comité russe a aussi souligné qu'il tente par tous les moyens de répondre aux critères pour sa réintégration imposés par le CIO en décembre dernier.

«L'un [des critères] est le versement de ces 15 millions pour le développement des systèmes antidopage et la facilitation de la coopération entre le CIO, l'Agence mondiale antidopage (AMA) et les fédérations sportives internationales. Le Comité olympique russe a maintenant payé en entier ce montant.»

De nombreuses discussions entre les dirigeants russes et olympiques ont eu lieu en coulisses aux JO de PyeongChang, dont entre le président du CIO, Thomas Bach, et Igor Levitine, un ex-ministre russe des Transports et conseiller du président Vladmir Poutine.

Le porte-parole du CIO, Mark Adams, a confirmé que la rencontre avait eu lieu, mais qu'elle n'avait duré que quatre minutes et qu'elle avait pour but de permettre à Bach de souhaiter un joyeux 66e anniversaire de naissance à Levitine. Adams admet que les deux hommes ont pu «aborder d'autres sujets», mais n'a pas voulu spéculer davantage.

Pour sa part, le TAS a expliqué que sa décision était basée sur des preuves écrites et que Krushelnitsky avait accepté une suspension provisoire allant au-delà des Jeux. Le TAS a précisé que l'athlète s'est réservé le droit de «contester toute période d'inégibilité qui pourrait lui être imposée».

Les Norvégiens Magnus Nedregotten et Kristin Skaslien, quatrièmes à la suite de leur revers de 8-4 contre les Russes, devraient hériter de la médaille de bronze.

Les dirigeants russes de curling ont révélé qu'ils croyaient que la nourriture ou les breuvages de Krushelnitsky auraient pu être contaminés par des ennemis politiques de la Russie ou des rivaux russes mécontents de ne pas avoir été en mesure de se tailler une place au sein de l'équipe olympique.

Dmitry Svishchev, le président de la Fédération russe de curling, a dit souhaiter que la perte de cette médaille ne soit que momentanée.

«Il ne s'agit pas d'une admission de culpabilité, ni l'abandon des procédures pour rétablir l'honneur de nos athlètes», a-t-il indiqué.

Une déclaration au nom de Krushelnitsky publiée par l'agence de presse russe TASS a révélé que le curleur acceptait qu'une substance interdite eût été détectée, mais qu'il ne s'était pas intentionnellement dopé.

«J'accepte les politiques officielles du système antidopage», peut-on lire dans le communiqué. Il a par la suite ajouté qu'il renonçait à son droit d'obtenir une audience devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), parce que ce serait «inutile et insensé de défendre sa cause», tout en ajoutant qu'ils se considèrent des «athlètes propres».