Malgré son pouvoir décisionnel, un entraîneur a des limites importantes sur le dénouement d'un match une fois celui-ci entamé. Il est ni plus ni moins à la merci de la performance de ses joueurs.

Il arrive néanmoins à certains occasions qu'il puisse avoir une incidence directe sur le résultat. Ce fut le cas hier lors de cette précieuse victoire contre les Sénateurs d'Ottawa.

C'était l'égalité 1-1 en fin de deuxième. Jonathan Drouin et Max Domi patinaient comme des fusées. Mais Andrew Shaw, hier, peinait à suivre leur rythme endiablé.

Julien leur a envoyé une autre fusée, Paul Byron. Les résultats n'ont pas tardé. Le Canadien a compté trois buts en moins de cinq minutes, deux par Domi, dont l'un sur une passe de Byron, et le troisième de Lehkonen, grâce à un jeu orchestré par Shaw en entrée de zone.

En deux temps, trois mouvements, les Sénateurs étaient enterrés.

«Ça s'appelle du coaching», a répondu avec un sourire, et une fierté certaine, j'en suis sûr, l'entraîneur en point de presse lorsque mon collègue Guillaume Lefrançois a relevé son changement de trio opportun. 

Claude Julien avait toutes les raisons d'être fier, d'autant plus qu'il ne nous a pas habitués souvent à ce type de gestion de banc. 

À chacun son style. Julien est plus conservateur, un peu comme Jacques Martin avait l'habitude de le faire à Montréal. Les quatre trios et les unités en supériorité numérique sont établis avant la rencontre et on y déroge rarement. Les changements s'effectuent plutôt entre les matchs. 

Son prédécesseur Michel Therrien avait la réputation d'être beaucoup plus «actif». Avec Therrien, un joueur de quatrième trio terminait rarement un match à cette position s'il offrait une bonne performance en début de match. Et un joueur de premier ou deuxième trio un peu assoupi pouvait se faire passer un message par une rétrogradation. 

Julien a des qualités que Therrien n'a pas, et vice versa, mais ce dernier avait le don de garder ses joueurs éveillés. 

Hier, en procédant à ce rare changement de trio en cours de match, Julien a peut-être provoqué l'étincelle nécessaire. 

L'entraîneur du Canadien a aussi concocté un quatrième trio plus rapide. Claude Julien a finalement rayé de sa formation un joueur populaire dans le vestiaire, le robuste Nicolas Deslauriers, pour un petit joueur rapide, Matthew Peca. 

La vitesse de Peca a gardé l'adversaire sur les talons dès le début du match. Le fait d'utiliser le jeune homme à l'aile a contribué à mettre en évidence ses atouts, plutôt que ses faiblesses. 

Au centre, Peca ressemble à un mauvais Plekanec. À l'aile, il peut nous rappeler à certains égards un mini-Byron. L'efficacité de Michael Chaput donne une structure à ce trio. Chaput n'est pas seulement très alerte en territoire défensif, mais son taux de succès lors des mises en jeu dépasse les attentes. Son taux d'efficacité à ce chapitre se situe désormais à 60,9%. Derrière lui se trouve Philip Danault à 51,8%. 

Le meneur de la LNH chez les joueurs ayant disputé au moins 100 mises en jeu, Scott Laughton, des Flyers, est à 62,3%. Chaput est à 64 mises en jeu après sept matchs. Voyons s'il maintiendra le rythme. 

L'arrivée de Peca a donné un autre souffle à Chaput et Kenny Agostino. Au lieu de se retrouver à la traîne de l'adversaire en territoire adverse, le quatrième trio a pu donner du rythme à son équipe. 

L'avance de trois buts a permis à Claude Julien de mieux répartir l'utilisation de ses joueurs, mais la fiabilité aussi de ses joueurs de soutien. Agostino et Chaput ont joué plus de 13 minutes, Peca un peu plus de 12 minutes. Ainsi, le joueur le plus utilisé hier, Philip Danault, n'a pas dépassé le seuil des 18 minutes. Drouin a joué 17 minutes, Domi 16 minutes. De quoi garder les jambes de ses meilleurs joueurs plus fraîches. 

La suite demain à Ottawa. 

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Seattle aura donc deux ans pour bâtir son équipe, puisque ce nouveau club de la LNH n'effectuera pas son entrée dans la Ligue avant 2021-2022. L'ancien entraîneur des Stars de Dallas et des Coyotes de l'Arizona, Dave Tippett, sera en principe le maître d'oeuvre de ce projet. Voyons si Seattle aura autant de succès que Vegas.