Il était facile de se laisser impressionner par la représentation du Canadien de Montréal aux funérailles de Jean Béliveau. Joueurs et entraîneurs de l'équipe actuelle, en plus d'une kyrielle d'anciens de l'organisation - à commencer par les six porteurs de cercueil - sont venus le saluer pour la dernière fois.

Mais il était encore plus impressionnant de voir le reste de la planète hockey, des rivaux actuels et anciens du Canadien, des hommes politiques, un joueur de football... Carey Price a le mieux résumé la situation.

«Il n'était pas seulement aimé dans le monde du hockey. Il était aimé par toute une ville et un pays. Il était si respecté. Il a été un bon membre productif de la société», a dit le gardien du Canadien, à sa sortie de l'église.

«Quand tu vois un drapeau du Canada avec le numéro 4, ça en dit long, a ajouté l'ancien du CH Shayne Corson, en pointant en direction dudit drapeau, installé sur le terre-plein du boulevard René-Lévesque. Même les gens qui n'aimaient pas le Canadien aimaient et respectaient Jean Béliveau.»

Dans les années 80, peu de sujets divisaient autant le Québec que la rivalité Canadien-Nordiques. Mais encore là, le côté rassembleur de Jean Béliveau se manifestait.

«La rivalité Montréal-Québec, entre nous deux, ça n'a jamais existé, a raconté l'ancien propriétaire des Nordiques, Marcel Aubut. Il a habité à Québec, il avait le coeur qui penchait parfois vers Québec, pas les Nordiques, mais la région. Il admirait beaucoup le travail qu'on faisait chez les Nordiques, on se débrouillait, on prenait des parts de marché et ça l'impressionnait.

«Chaque fois que j'avais quelque chose à tester avec lui, je ne me gênais pas pour l'appeler, et il me disait comment il voyait ça. Il a toujours aidé les relations entre les deux organisations.»

D'ailleurs, les anciens Nordiques auraient aussi dû être représentés par Joe Sakic, qui entendait faire le voyage avec Patrick Roy. Mais des problèmes d'avion les ont empêchés de décoller du Colorado.

En fait, Jean Béliveau était si rassembleur que l'ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien avait souhaité en faire le gouverneur général du pays. Une offre refusée par M. Béliveau, qui souhaitait se consacrer à sa vie familiale.

«Il était connu dans tout le pays et tout le monde l'adorait. Qui aurait pu mieux représenter le pays que lui?», a rappelé M. Chrétien.

Une cérémonie appréciée

Malgré la tempête qui déferlait sur Montréal hier après-midi, les intervenants ont pris le temps de s'arrêter devant micros et caméras pour livrer leurs impressions sur une cérémonie qu'ils ont jugée inoubliable.

«Très respectueux, j'ai aimé le silence, même avant l'arrivée de M. Béliveau. Pendant 10 minutes, personne ne parlait. C'était comme notre dernier message à M. Béliveau. C'était sobre, il y avait beaucoup de dignité», a résumé le maire de Montréal, Denis Coderre.

«Je m'attendais à un tel hommage, mais de le voir en personne, ça excède les attentes. C'était un grand hommage à un grand homme», a ajouté le commissaire de la LNH, Gary Bettman.

«C'est toujours incroyable d'entendre les témoignages des gens qui ont parlé, ses anciens coéquipiers, Geoff Molson, a dit l'ancien quart des Alouettes Anthony Calvillo. Juste d'entendre de telles histoires, on voit qu'il a touché tellement de vies.»