Miguel Narvaez se tient dans la chaleur écrasante à l'extérieur du domicile des Golden Knights de Vegas, quelques heures avant que ne s'amorce le match no 2 de la finale, portant un veston fait sur mesure arborant les signatures brodées de ses joueurs favoris.

À quelques mètres de là se trouve Chris Gawlik, coiffé d'un chapeau orné d'une lumière de but, qui complète la plaque d'immatriculation «CUP 4LV» qu'il porte à son cou.

Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d'autres de ces partisans, qui sont tombés en amour avec leur club d'expansion au cours de leur improbable parcours éliminatoire, et du lien qui unit maintenant cette ville à l'équipe.

«J'attends une équipe depuis toujours, a déclaré Narvaez, qui est natif de Las Vegas. D'obtenir ce que nous avons eu est incroyable. Ces gars sont fantastiques. Tout ce que nous voulions, c'est quelque chose d'intéressant à aller voir une fois par semaine, quelque chose qui nous changerait de la Strip.»

Ils ont eu bien plus que cela.

Mis sur pied avec des joueurs dont les 30 autres équipes de la LNH ne voulaient plus, les Knight ont surpris le monde du hockey avec une saison de 109 points pour remporter le titre de la section Pacifique. Ils ont vaincu les Kings de Los Angeles en quatre matchs, les Sharks de San Jose en six, et les Jets de Winnipeg en cinq pour représenter l'Ouest en finale.

«On ne peut pas décrier ce qui s'est passé, a indiqué Gawlik, qui est déménagé à Vegas en 2008 après avoir grandi à Chicago. C'est historique, amusant et fabuleux d'avoir vu tout cela dès le départ. Vegas est notre équipe; c'est mon équipe; c'est l'équipe de tout le monde. On se l'est appropriée.»

Les Golden Knights se sont inclinés 3-2 dans le deuxième match contre les Capitals de Washington, qui ont créé l'égalité 1-1 dans cette finale. C'est la première fois qu'une équipe d'expansion atteint la finale à sa première saison depuis les Blues de St. Louis de 1968. Mais cette année-là, une équipe d'expansion était assurée d'y arriver, alors que les six nouvelles équipes étaient regroupées dans la même association.

Le propriétaire, Bill Foley, a payé 500 millions US pour se porter acquéreur de l'équipe. En conséquence, les règles du repêchage d'expansion ont été modifiées afin de donner l'occasion aux Knights d'être compétitifs dès cette saison. Mais même le plus optimiste des partisans n'aurait pu prévoir ce qui se passe jusqu'ici.

«On ne voit ça qu'une fois dans une vie, a lancé Nick Constantin, un Californien déguisé en roi. Une équipe d'expansion formée de joueurs dont personne ne voulait.»

Gawlik n'est d'ailleurs pas d'accord avec ceux qui affirment que ce qui arrive aux Knights est injuste ou mauvais pour le hockey.

«C'est plutôt amusant de voir tous ceux qui croyaient que ne serions pas bons en début de saison se plaignent maintenant que les dés ont été pipés en notre faveur. (...) Ça dépasse les rêves les plus fous ce qui est en train de se passer.»

L'équipe a même eu un autre effet sur la ville. Avant même leur première rencontre, l'équipe et la ville se sont retrouvées en plein cauchemar, alors qu'un tireur fou planqué dans une chambre d'hôtel a fait 58 victimes, le 1er octobre.

«Ils nous ont aidés à guérir, affirme Stephanie Rayl-Hayes, qui est déménagée à Las Vegas il y a cinq ans. Si on peut les appuyer comme ils l'ont fait quand on avait besoin d'eux, c'est la moindre des choses. C'est pour ça que nous sommes ici.»

«Ça a signifié beaucoup pour cette ville, ajoute Constantin. Leurs victoires ont rapproché les gens. Ça a été super pour la ville.»

Pour Narvaez, le lien qu'a tissé l'équipe avec la ville ne sera jamais rompu.

«Ils ont été là dès le début. Ils ont appuyé cette communauté. Ce sont de bons gars. Ils travaillent fort pour nous, alors on travaille fort pour eux.»

«On se foutait du hockey il y a un an, ajoute Constantin. Soudainement, nous sommes en finale de la Coupe Stanley. C'est complètement fou.»