Au Redondo Beach Cafe, temple de la poutine et du smoked meat élevé à la gloire du hockey par deux ex-Montréalais, on veut la Coupe Stanley comme nulle part ailleurs en Californie.

Les amateurs de hockey commencent à arriver une heure avant le match. Ils passent devant des portraits de Maurice Richard, d'Yvan Cournoyer, devant une plaque d'immatriculation du Québec et un chandail jadis porté par Guy Lafleur. Ils s'assoient dans l'une des banquettes en vinyle et consultent le menu rempli de mets canadiens, grecs, de poutine faite avec de la sauce St-Hubert, de smoked meat importée de Montréal, de Molson Canadian et de café Tim Hortons.

Bref, ils sont transportés à Montréal.

«Ici, c'est le meilleur endroit pour voir le match», dit André Martin, client régulier et patriarche de l'endroit. À 87 ans, M. Martin connaît son hockey: il a joué aux côtés de Boum Boum Geoffrion au sein du National de Montréal. Puis, à 18 ans, il a été conscrit pour défendre le Canada durant la Seconde Guerre mondiale.

Établi dans la région de L.A. depuis 61 ans, M. Martin dit être montréalais dans l'âme. «Quand je suis arrivé en Californie, les gens ne connaissaient pas le hockey. Aujourd'hui, nous avons le Redondo Beach Cafe. C'est tout un changement.»

Le Redondo Beach Cafe a ouvert ses portes à deux rues de la plage, il y a sept ans. Les copropriétaires, Chris et Kosta Tsangaris, deux ex-Montréalais d'origine grecque, s'ennuyaient du Québec et ont décidé de donner la saveur de leur enfance à leur nouveau restaurant.

«Tout ce qui nous rappelle le sport et Montréal, on l'ajoute à notre restaurant», lance Kosta Tsangaris, qui accueille lui-même chaque client à l'entrée.

M. Tsangaris possède des écouteurs sans fil avec lesquels il syntonise RDS par signal satellite. Il les distribue aux clients qui veulent suivre l'action sur l'un des écrans géants en écoutant la description des matchs en français.

Et les clients apprécient. Larry Robinson a fréquenté l'endroit, de même qu'Anthony Calvillo et Albert «Junior» Langlois, qui a joué pour le Canadien dans les années 50.

Steve Spitzer, 55 ans, un ex-Montréalais qui travaille comme avocat à Redondo Beach, est un habitué.

«Je passais en auto devant le restaurant et ils annonçaient du smoked meat de Montréal. Je suis devenu un client régulier et j'ai pris 10 livres en 10 semaines», explique-t-il.

Avoir un endroit qui carbure au hockey et aux spécialités culinaires montréalaises en Californie est une chance inouïe, dit-il. «C'est le seul endroit où vous savez qu'ils vont diffuser les matchs de hockey à tout coup, et vous savez que les gens passionnés de hockey vont y être. Ailleurs, il faut demander pour avoir une télé qui diffuse du hockey.»

Avec l'explosion sans précédent des Kings en séries éliminatoires, le Redondo Beach Cafe est devenu une sorte de camp de base des fans. La pièce principale du restaurant est souvent bondée, et il y a parfois une file sur le trottoir.

À chaque but des Kings, les clients sautent de joie et tapent dans les mains de parfaits inconnus comme s'il s'agissait d'amis de longue date.

Bruno Tuzet, client régulier et ardent partisan des Kings, montre le milieu de la plus grosse table du café. «C'est ici qu'on va mettre la Couple Stanley», dit-il avec un sourire.