Il y a toutes sortes d'odeurs sur Atlantic Avenue, là où est planté le chic Barclays Center, mais après quelques minutes, déjà un constat s'impose: ça ne sent pas le hockey.

Sur la planète LNH, rien ne se compare à Brooklyn. Ici, le club de hockey local patine dans ce Barclays Center tout neuf, un aréna situé dans un coin de quartier hétérogène, où se côtoient quelques boutiques branchées, des brasseries, des dépanneurs délabrés et des épiceries halal.

Mais pour les Islanders de New York, qui viennent à peine de débarquer ici, il y a un problème: Brooklyn n'est pas hockey. Du moins, pas encore.

Ce soir au Barclays Center, les Islanders vont accueillir le Canadien. Il s'agira du 12e match de leur existence à Brooklyn, eux qui ont passé les 43 années précédentes un peu plus loin, au Nassau Coliseum, situé à Long Island. Jusqu'ici, les Islanders attirent 12 156 partisans par rencontre, la 29e moyenne des assistances de la LNH cette saison, tout juste devant les Hurricanes de la Caroline, bons derniers dans cette catégorie.

En configuration hockey, le nouveau domicile des Islanders peut accueillir jusqu'à 15 795 fans, mais à Brooklyn, on ne se bouscule pas aux portes.

«Brooklyn, c'est à seulement 45 kilomètres de Long Island, mais ça pourrait aussi bien être à 250 kilomètres, fait remarquer Mike Bossy, l'ancienne gloire des Islanders. Brooklyn et Long Island, c'est deux mondes complètement différents. À mon époque, quand on jouait au Nassau Coliseum, on avait des fans de Manhattan, de Queens, de Long Island, mais pas beaucoup de fans qui provenaient de Brooklyn. Long Island, c'était familial, et les billets n'étaient pas aussi chers. Certains soirs au cours des dernières années, tu pouvais trouver sur StubHub des billets à 10$ dans les 20 premières rangées!»

Défauts

Après des années de misère, les Islanders se remettent enfin à gagner, et la direction du club croyait bien réussir un bon coup en faisant ses boîtes pour Brooklyn, ayant été incapable de se faire construire un nouveau domicile à Long Island. Achevé en 2012, le Barclays Center est tout ce qu'il y a de plus moderne, mais les fans de hockey y ont rapidement trouvé des défauts, notamment ces quelque 400 sièges qui donnent seulement une vue partielle sur l'ensemble de la glace. «C'est super beau, sauf que c'est un aréna de basketball», résume Mike Bossy.

Comme les fans, les joueurs ont eux aussi du mal à composer avec la nouvelle réalité d'un déménagement. Les Islanders s'entraînent encore à Long Island, et pour eux, les matchs à domicile ont un peu des allures de matchs sur la route.

«Il n'y a personne dans l'équipe qui vit à Brooklyn, explique l'attaquant Steve Bernier. Tous les gars restent encore à Long Island, parce que notre aréna d'entraînement s'y trouve. Les jours de match, il faut prendre le train pour l'entraînement du matin au Barclays Center, et ensuite, on va à l'hôtel le reste de la journée en attendant de jouer notre match en soirée. Quand c'est fini, on rentre à Long Island.»

Quel avantage?

Les joueurs des Islanders ont fini par s'y faire, et l'équipe a tout de même une fiche de 6-3-2 à domicile, mais le fameux «avantage de la glace» n'est pas si avantageux. «C'était plus bruyant au Nassau Coliseum», avoue Bernier.

Le mystère des Islanders reste entier, et la question demeure: ce club peut-il survivre pendant longtemps dans la grande région new-yorkaise, là où l'offre sportive est abondante et où la concurrence est féroce? Ce club peut-il survivre à Brooklyn, là où le hockey ne fait pas partie des habitudes de vie?

Bernier croit que oui. Mais pour cela, il va falloir des victoires. Beaucoup de victoires.

«On voit quand même que les foules sont meilleures, dernièrement, conclut l'attaquant québécois. Si on peut continuer à gagner, ça va aller en s'améliorant.»