Tim Bozon bombe le torse quand on lui fait remarquer qu'il a gagné du muscle.

«Ouais... Ça se voit?», réagit fièrement le jeune espoir du Canadien qui participe cette semaine au camp de développement de l'organisation.

Bozon dit être maintenant prêt à lutter d'égal à égal avec tous les autres, environ un an après avoir été terrassé par une méningite bactérienne qui a bien failli lui enlever la vie.

«J'avais du rattrapage à faire, et c'était l'objectif que j'ai poursuivi au cours de la dernière saison, confie-t-il. Il y a de longues heures de travail derrière ça.»

«Ça», ce sont les 207 livres de poids qu'il affiche, lui qui faisait osciller la balance à 158 livres à sa sortie de l'hôpital de Saskatoon vers la fin de mars 2014. Son poids était de 199 livres avant la maladie.

«J'ai passé les deux derniers mois à m'entraîner. J'ai eu amplement de temps, comme je n'ai pas fait partie de l'équipe de France», a-t-il relevé en entrevue, lundi.

Bozon, qui possède la double nationalité américaine et française, a dit ne conserver de la traumatisante expérience que des séquelles psychologiques «qui seront toujours présentes».

«Les seules séquelles sont dans ma tête. Il m'arrive d'avoir des "flashs", je ne peux pas m'en défaire, a-t-il élaboré. C'est à moi de minimiser tout ça et d'aller de l'avant. C'est mon histoire, ça fait partie de ma vie. Vous m'en reparlez aujourd'hui, mais ce n'est pas un sujet que j'aborde souvent avec ma famille.

«Physiquement, la page a été complètement tournée. Il n'y a plus d'excuse qui tienne, a-t-il repris. Je suis revenu comme auparavant et je regarde vers l'avant.»

L'ailier gauche âgé de 21 ans a totalisé 63 points en 57 matchs la saison dernière, chez le Ice de Kootenay, dans la Ligue junior de l'Ouest. Il a fait ses débuts dans les rangs professionnels en livrant une rencontre avec les Bulldogs de Hamilton, dans la Ligue américaine.

«J'ai connu une bonne saison et ça m'a fait du bien d'aller la finir à Hamilton. Ça m'a donné de la confiance.»

La saison prochaine, il s'attend de poursuivre son apprentissage au sein des IceCaps de Saint-Jean de Terre-Neuve - la nouvelle équipe-école du Tricolore dans la Ligue américaine.

«Il n'y a pas de stress à avoir, a-t-il répondu. Je fais mon truc de mon côté. Que les gens parlent de moi ou pas, je ne m'en fais pas. Le hockey, ce n'est que du plaisir pour moi, je le pratique avec le sourire. Je me présenterai au camp au sommet de ma forme et prêt à tout donner, et on verra où ça m'amènera la saison prochaine.»

Bozon a ajouté savourer simplement la chance qu'il a de pouvoir mener une vie normale, sans aucune contrainte.

«Je vois maintenant la vie sous un autre angle. Je suis jeune, mais j'ai la mentalité d'un adulte. Je mords dans la vie et je me plains beaucoup moins. J'apprécie la chance que j'ai d'être encore en position de réaliser mon rêve.

«J'en prends souvent conscience, a-t-il conclu. Dernièrement, en voyant une danseuse qui n'a plus ses jambes remettre un prix dans un gala, ça m'a fait réaliser la chance que j'ai eu de m'en être sorti indemne.»