La Ligue nationale a procédé hier au lancement de son nouveau site de statistiques. Les attentes étaient-elles trop élevées? Un constat s'impose, en tout cas: pour le moment, le fournisseur officiel de statistiques n'arrive toujours pas à la hauteur de certains sites spécialisés qui, depuis des années, s'efforcent de décortiquer les données générées lors des matchs et de créer de nouvelles unités de mesure.

Si la LNH a revampé l'image de son site, il n'a surtout fait que réduire l'écart gênant qui le séparait de ces différents sites en ajoutant des statistiques devenues plus significatives au cours des dernières années.

Au passage, les noms Corsi et Fenwick, qui sont largement diffusés depuis quelques années, ont été remplacés sur le site de la LNH par «tentatives de tir» (SAT) et «tentatives de tir non bloquées» (USAT). «Nous avons choisi de leur donner des noms qui se passaient d'explications», a indiqué le commissaire Gary Bettman.

En tout, une trentaine de statistiques ont été ajoutées à l'offre précédente. Et ce n'est que le début, promet la ligue.

Le premier problème qui se pose d'emblée, c'est la fiabilité de ces données.

On veut bien croire que la LNH, en tant qu'entité officielle, devrait être la référence. Or, on a relevé quelques incongruités entre le site de la ligue et tous ceux qu'il souhaite supplanter. C'est particulièrement évident lorsqu'on consulte les «zones de début de présence». Lorsqu'on navigue sur différents sites, on dit par exemple que Lars Eller ne commence que 39,8% de ses présences en zone offensive. Or, ce taux bondit à 50% sur le site de la LNH! Le ratio de zone starts de Max Pacioretty, lui, baisse de 59 à 51% et celui de Christian Thomas passe de 50 à 40%.

Peut-être ne s'agit-il que de bogues momentanés.

Mais s'il faut en croire la LNH, Thomas est à la fois le joueur du Canadien qui commence le moins de présences en zone offensive (40%) et celui qui affiche le meilleur ratio de tentatives de tir lorsqu'il est sur la glace (57%). Ce qui fait de lui une véritable bête en possession de la rondelle!

Des absences notables

Il est étonnant de constater que des informations pertinentes comme le nombre de dégagements refusés ne sont toujours pas compilées de façon officielle. Voilà pourtant une statistique dont les fans du Canadien auraient intérêt à se préoccuper!

Même chose avec les hors-jeu, qu'on retrouve pourtant sur le déroulement minute par minute fourni par la ligue pour chaque rencontre. Ne serait-il pas intéressant de savoir quels joueurs se retrouvent le plus souvent sur la glace lors d'un hors-jeu de son équipe?

Chez le Canadien, Tomas Plekanec et Alexei Emelin seraient certainement des candidats de choix...

La compilation des différents types de punitions, une statistique pourtant offerte chez ESPN.com, manque également à l'appel. L'an dernier, c'est grâce à ESPN qu'on avait pu apprendre que Brendan Gallagher menait la ligue pour le nombre d'obstructions envers le gardien (8), loin devant ses plus proches poursuivants (3).

Les bonzes de la LNH, réunis en Californie en prévision d'un match extérieur qui aura lieu ce soir, reconnaissent que le plus beau est à venir. Et il est vrai qu'à long terme, avec les outils dont nous disposons aujourd'hui, la ligue va non seulement combler l'écart la séparant des sites indépendants, mais pourrait s'en distancer allègrement - pour peu qu'elle le veuille.

La présentation d'hier évoque une approche étapiste qui s'annonce prometteuse.

On annonce pour le mois d'avril une «phase 2» qui devrait être beaucoup plus intéressante. Elle comportera entre autres un outil de recherche avancée doté d'un grand nombre de filtres ainsi que des générateurs de tableaux qui permettront de comparer les performances des équipes et des joueurs actifs.

Une grande ambition de la LNH devrait trouver son aboutissement lors d'une phase ultérieure, soit lorsqu'elle aura terminé d'intégrer les sommaires de tous les matchs de la LNH depuis 1917. Les amateurs pourront alors comparer les joueurs d'une époque à l'autre.

Mais la véritable révolution - nous en parlions dans La Presse+ il y a quelques semaines - aura lieu lorsque tout ce potentiel statistique sera arrimé au projet de localisation des joueurs par voie de puces électroniques.

D'ici là, si la LNH l'emporte en termes de moyens et de potentiel visuel, elle n'en propose toujours pas autant que des sites indépendants tels WarOnIce.com, Puckalytics.com ou BehindTheNet.ca.

Quelques nouveautés

Les mentions d'aide secondaires

Parmi les nouveautés sur le site de la LNH, on trouve désormais une séparation entre une première mention d'aide et une mention d'aide secondaire. Le joueur qui récolte la deuxième passe sur un but est susceptible de l'avoir obtenue de façon fortuite, ou à tout le moins d'être moins directement impliqué dans la réussite du but.

Nicklas Backstrom, des Capitals de Washington, mène la ligue pour le nombre de mentions d'aide, mais 23 de ses 45 passes sont en fait des mentions d'aide secondaires. Ryan Getzlaf, des Ducks d'Anaheim, mène la LNH avec 26 premières mentions d'aide, mais n'a que 11 assistances secondaires. Quand il aide, il aide pour vrai!

Les punitions provoquées

Le site de la LNH se met aussi à l'heure des statistiques générées en fonction du temps d'utilisation, des statistiques qui sont normalisées sur des tranches de 20 ou de 60 minutes. Parmi celles-ci, il y a les punitions - celles dont un joueur écope et celles qu'il provoque. En consultant les deux colonnes, chez le Canadien, on constate que mis à part les combats de Brandon Prust, qui influent sur ses chiffres, Dale Weise est particulièrement bon pour provoquer des punitions chez l'adversaire. On voit qu'Alexei Emelin est très souvent coupable plutôt que victime. Et en se promenant d'une année à l'autre, on verrait que P.K. Subban est somme toute plus discipliné que par le passé.

Zones de début de présence

Le terme «zone starts» se traduit bien mal en français ! Il s'agit d'un ratio qui indique le nombre de mises en jeu prises en zone offensive par rapport au total de celles prises en zone offensive et en zone défensive. Les meilleurs joueurs à l'attaque, mais parfois aussi ceux que l'entraîneur cherche simplement à protéger de tâches défensives, ont tendance à avoir un ratio plus élevé. C'est un élément intéressant à retenir car, qu'on le veuille ou non, un joueur contraint de commencer un grand nombre de présences en zone défensive aura plus de terrain à parcourir pour générer de l'attaque.