Malgré la chute marquée du nombre de hockeyeurs québécois dans la Ligue nationale, Hockey Québec se dit optimiste. La fédération assure qu'elle met les bouchées doubles pour rester dans la course. Elle en appelle toutefois aux parents et aux intervenants du sport pour changer la culture du hockey mineur dans la province.

«La compétition internationale est plus forte qu'elle ne l'était avant. Mais je suis toujours optimiste. Je pense qu'on a fait des pas importants, et c'est l'avenir qui va nous le dire», a expliqué en entrevue le directeur général de Hockey Québec, Sylvain Lalonde, quelques jours après la parution dans La Presse d'un dossier sur les modèles suédois et finlandais de développement des joueurs.

Dans ce dossier, nous avons rappelé que le nombre de joueurs nés au Québec diminue dans la LNH. Il a fondu de 35% en 10 ans, selon les chiffres du site spécialisé QuantHockey. Sur la même période, le nombre de joueurs nés au Canada dans la LNH, si on exclut les Québécois, s'est maintenu.

Devant ce constat, la fédération québécoise assure qu'elle ne reste pas les bras croisés. Un sommet a été organisé en 2011 au Québec, un peu comme celui qui a été tenu en Suède en 2002 et qui a commencé à porter ses fruits il y a quelques années.

Après ce sommet, la fédération a décidé d'accentuer la pyramide dans les niveaux pee-wee et bantam en créant une catégorie AAA pour ses meilleurs joueurs. «On l'a entendu à quelques reprises: il faut que les meilleurs jouent avec les meilleurs, note Sylvain Lalonde. C'est le système nord-américain.»

Mais Hockey Québec a aussi suivi les traces des Suédois en embauchant des «maîtres entraîneurs» mieux outillés, rémunérés et responsables du développement des joueurs. Il y en aurait près de 200 dans la province actuellement. Désormais, la fédération mise également beaucoup plus sur l'acquisition des habiletés que sur la victoire à tout prix.

Les parents doivent aider

Ce modèle de développement mixte - inspiré de l'Amérique du Nord, mais aussi de la Finlande et de la Suède - est toutefois difficile à mettre en place, reconnaît Hockey Québec. Les éléments inspirés de la Scandinavie, surtout, représentent un changement de culture difficile à avaler pour certains.

«Il y a encore beaucoup de défis. Les défis, c'est que les parents puissent nous permettre de passer à travers l'ensemble des aspects éducatifs qui vont permettre aux jeunes d'acquérir toutes les bases en hockey, d'arriver à un bon niveau d'habiletés, note M. Lalonde. Le défi que l'on a, c'est que les parents ont tous hâte que le jeune puisse marquer un but et jouer un match.»

La fédération veut aussi, comme en Suède, que l'accent soit mis sur le progrès des jeunes, pas sur la victoire. Est-il important de gagner à 12 ans? Les entraîneurs devraient-ils n'être jugés qu'à leur fiche?

«Il faut sortir de la pensée selon laquelle il faut seulement gagner des matchs. Au repêchage de la LHJMQ et de la LNH, ce ne sont pas des équipes qui sont sélectionnées, ce sont des joueurs», fait valoir Sylvain Lalonde.

«De plus en plus, on ne compte plus le nombre de victoires pour s'assurer qu'un entraîneur est un bon coach, dit-il. Pour nous, ça, c'est un changement de culture.» Mais il admet que ce nouveau mode de pensée entraîne des résistances. «Il faut motiver nos gens à accepter ces changements-là», dit-il.

Et la LHJMQ dans tout ça?

La question du nombre de Québécois dans la LNH n'est pas simple. Selon Hockey Québec, elle ne se limite pas au développement. D'autres facteurs extérieurs, comme la culture, peuvent jouer, selon la fédération.

«Définitivement. C'est un élément. (...) Si toutes les équipes de la LNH étaient représentées (par un dépisteur) sur le territoire québécois, on serait en mesure de peut-être placer plus de joueurs, croit le directeur de Hockey Québec. Mais toutes les équipes de la LNH ne sont pas présentes au Québec pour observer les joueurs.»

«Le talent sur la glace n'a pas de langue. Mais pour avoir discuté avec des dépisteurs, la langue peut avoir un rôle dans un repêchage, poursuit M. Lalonde. À talent égal, une équipe aura tendance à prendre quelqu'un qui se débrouille bien en anglais. J'espère que des jeunes ne sont pas brimés à cause de la langue. C'est le talent qui doit parler.»

Il croit aussi que la LHJMQ pourrait faire davantage pour le développement des joueurs, puisqu'elle est chargée des jeunes de 16 ans et plus.

«Ils ont un rôle à assumer dans le développement du joueur. Tout le concept individuel devrait être exploité de façon beaucoup plus accentuée», croit Sylvain Lalonde. Dans la LHJMQ, «les équipes doivent gagner», note-t-il. «Mais au-delà de gagner, les équipes ont le mandat de développer les joueurs au plan individuel.»