Bien qu'ils soient les plus susceptibles d'accueillir une nouvelle équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH) au Canada, les marchés de Québec et de Hamilton ne représentent pas nécessairement un pactole pour d'éventuels propriétaires, selon le Conference Board du Canada.

Les deux villes satisfont aux «conditions minimales» pour accueillir une équipe du circuit Bettman, mais cela ne sera pas suffisant pour éviter les déficits, croit Mario Lefebvre, coauteur du livre «Power Play» - publié par l'organisme - qui se penche les marchés canadiens du sport professionnel.

«Comme cela arrive avec les Sénateurs d'Ottawa, il va y avoir des années déficitaires si l'équipe ne fait pas les séries pendant quelques saisons, explique-t-il en entrevue. Il ne faudra pas que le propriétaire ''pacte les petits'' la première fois que ça arrive.»

Selon le Conference Board, le recul du huard ne semble pas rendre le Canada moins attrayant pour la LNH, puisque le pays pourrait accueillir trois nouvelles concessions (Québec, Hamilton et une deuxième équipe torontoise) du circuit Bettman d'ici 2035.

Néanmoins, M. Lefebvre estime que Québec, avec une population de quelque 800 000 personnes dans sa région métropolitaine, est plus intéressante pour la LNH qu'elle l'était en 1995, lorsque les Nordiques ont plié bagage pour Denver.

Citant des données de Statistique Canada, le Conference Board souligne que le revenu par habitant à Québec est passé de 17 500 $ en 1995 à 28 903 $ en 2012.

«Ça surpasse Montréal (26 722 $ par habitant), souligne M. Lefebre. Il y a eu une belle progression de Québec. Ça prend un marché capable de s'offrir des billets. On a définitivement à Québec une population capable de le faire.»

En dépit de leur viabilité en ce qui a trait à la densité de population, au revenu moyen de leurs habitants ainsi qu'à la présence de sièges sociaux, Québec et Hamilton devront compter sur des propriétaires «dévoués», selon le Conference Board.

«À Québec, c'est sûr que vous allez avoir beaucoup plus de travail pour garder vos loges bien remplies comparativement à Montréal et Toronto, où il y a des listes d'attente. Pour Québec et Hamilton, ça va prendre un département marketing qui va travailler beaucoup plus fort», dit M. Lefebvre.

André Richelieu, spécialiste en marketing sportif et professeur à l'Université Laval, est du même avis.

«Les Canadiens (de Montréal) sont devenus par la force des choses l'équipe de la province, explique-t-il. Il y aurait aussi un travail énorme concernant le marketing ainsi que des loges corporatives (pour les nouvelles formations) afin de faire survivre l'équipe.»

L'étude du Conference Board prend en considération les fluctuations du huard et reconnaît que ces deux petits marchés seraient plus vulnérables si le dollar canadien devait continuer à reculer.

M. Lefebvre doute cependant d'un scénario similaire à celui du mois de janvier 2002, quand le dollar canadien avait dégringolé à 62 cents US. «À (près de) 90 cents US, on est capable de soutenir un marché qui exige des dollars américains», observe-t-il.

Par ailleurs, le coauteur de l'ouvrage fait valoir que le retour des Nordiques à Québec ne signifierait pas automatiquement la mort des Remparts, du Rouge et Or ainsi que des Capitales, notamment.

«Nous la question à laquelle on tente de répondre, c'est »est-ce que les Nordiques pourraient effectuer un retour dans la situation actuelle? La réponse est oui», affirme M. Lefebvre.

Il reconnaît cependant qu'il y aurait un peu moins de spectateurs aux matchs des Remparts de Québec, par exemple, si la LNH devait effectuer un retour dans la Vieille-Capitale.

Troisième équipe

Quant à la région torontoise, le Conference Board croit que la population devrait passer de 6,8 millions à 10,5 millions d'ici 2035, ce qui rend réaliste le projet d'une deuxième équipe du circuit Bettman.

Les coûts pourraient toutefois atteindre jusqu'à un milliard de dollars afin d'acquérir l'équipe, construire un nouvel amphithéâtre et s'entendre avec les Maple Leafs, qui détiennent des droits territoriaux dans la région de Toronto.

L'organisme estime que Montréal et Vancouver ne satisfont pas actuellement aux critères pour accueillir une deuxième équipe de la LNH, alors que les marchés de Calgary, Edmonton et Ottawa seront toujours viables en 2035.

Malgré les études, M. Richelieu croit que l'arrivée de nouvelles équipes du circuit Bettman n'est, du moins pour l'instant, que de la spéculation.

«Les signaux récemment envoyés par la LNH ne sont pas favorables, même si ça peut changer, affirme le professeur de l'Université Laval. Quand on parle d'expansion, on mentionne surtout les noms de Seattle et Las Vegas plutôt que Québec et Hamilton.»