Jaromir Jagr n'a plus la vitesse d'antan et pourtant, il ne ralentit pas! À 41 ans bien sonnés, la légende tchèque continue de bafouer le monde du hockey en offrant des performances de haut calibre.

Il domine les Devils du New Jersey avec 11 buts et 22 points en 27 matchs, il vient de marquer six buts en huit matchs, et le trio qu'il forme actuellement avec Dainius Zubrus et Travis Zajac génère une bonne part de l'attaque des Devils.

Pas étonnant que Jagr continue de générer autant d'attention.

«Bon, une autre conférence de presse», a lâché Zubrus en tentant de rejoindre son casier, situé tout près de celui de Jagr.

L'ancien du Canadien adore se moquer de son vétéran coéquipier, d'autant plus que Jagr lui-même ne cesse de le barber. Les deux hommes d'ailleurs ont repris de plus belle leurs amicales hostilités la seconde où les journalistes se furent éloignés.

«On ne voit pas souvent de joueurs de 41 ans qui jouent encore et qui demeurent efficaces», a rappelé Zajac, qui était incapable de réprimer son sourire durant tout le temps où il parle de Jagr.

Visiblement, le vieux Jagr continue d'apporter de la fraîcheur dans un vestiaire!

Tout le monde est à même de voir que l'ancienne gloire n'a plus sa vitesse d'autrefois. Alors comment se fait-il qu'il réussisse à tirer son épingle du jeu dans une ligue où le jeu, dominé par les jeunes, est devenu excessivement rapide ?

«Il utilise son gabarit et son long bâton pour remporter ses batailles et pour garder la rondelle vive, explique Zajac. Il lit tellement bien le jeu qu'il va toujours là où la rondelle s'en va. Il continue à battre des adversaires à un-contre-un d'une manière qui échappe aux autres.»

Le calendrier compressé en raison des Jeux olympiques ne semble pas importuner les vieilles jambes de Jagr. Et ce dernier ne prendra certainement pas congé en février, car il représentera encore la République tchèque à Sotchi.

«Je ne sais pas quelles sont nos forces, on n'en a pas vraiment, s'est-il esclaffé. Je dirais peut-être l'expérience. On va être la plus vieille équipe !»

Et le CH? «Dans une autre vie peut-être»

Le prochain but de Jagr lui permettra de dépasser Steve Yzerman au huitième rang de l'histoire de la LNH et son prochain but gagnant lui permettra de dépasser Gordie Howe (121) et d'être bon premier à ce chapitre dans l'histoire du circuit.

Et il fait tout cela avec le sourire.

«C'est un plaisir de l'avoir parmi nous, confie l'entraîneur-chef des Devils Peter DeBoer. On savait qu'il était un grand joueur, on entendait que son attitude avait été excellente dans les endroits par où il était passé dans les trois dernières années, mais il faut le côtoyer au quotidien pour réaliser à quel point il est passionné et dédié à garder la forme.

«Il a été un élément déterminant de notre formation et il est constamment notre meilleur joueur sur la glace.»

Et si ces atouts apparemment inépuisables avaient été utilisés dans l'uniforme du Canadien?

On sait qu'année après année, à chaque fois que Jagr redevenait joueur autonome, son agent Petr Svoboda avait l'habitude de laisser flotter le nom de Montréal comme destination potentielle pour son client. Or, en dépit de son amitié avec Tomas Plekanec, ça ne s'est jamais concrétisé.

Jagr, sans s'en offusquer, semble en avoir fait son deuil.

«Je ne crois pas que ça arrive, sauf peut-être dans ma prochaine vie, a-t-il dit. J'ai essayé trois fois alors maintenant je vais laisser faire... »