En l'espace d'un seul match et de quatre buts accordés aux Penguins de Pittsburgh en avantage numérique, l'efficacité du Canadien à domicile pendant les infériorités numériques a chuté du 13e au 24e rang dans la ligue (80,5%).

C'est le brio de son unité à l'étranger (91,3%), où il est premier du circuit, qui permet au CH de s'accrocher au deuxième rang cumulatif de la ligue.

Difficile d'expliquer une telle disparité en désavantage numérique entre le Centre Bell et les patinoires adverses. Ce qui est plus facile à expliquer, c'est la remarque de Jacques Martin, après la défaite de mercredi, qui a dit que «certaines personnes n'avaient pas fait le travail en désavantage» - en faisant allusion, sans les nommer, aux défenseurs Jaroslav Spacek et Roman Hamrlik.

Les deux vétérans ont été sur la patinoire pour les quatre buts des Penguins avec un homme en plus.

«L'entraîneur a le droit de pointer des joueurs du doigt, a concédé Hamrlik. Pour ma part, j'ai tenté de bloquer des lancers, mais les Penguins ont été efficaces à bloquer la vue de notre gardien.

«C'est comme si chacun de leurs lancers se retrouvait derrière le filet, a ajouté Hamrlik. Il y a une part de malchance là-dedans, mais c'est vrai que nos unités spéciales doivent être meilleures que cela.

«Andrei Markov nous manque, entre autres en avantage numérique, et l'absence de Josh Gorges se fait sentir à court d'un homme, a encore dit Hamrlik. Mais il faut y aller avec les effectifs que nous avons, et c'est à chacun d'en faire plus.»

Cingler comme des fous

Si la disette offensive du Canadien se vérifie depuis le long voyage des Fêtes, l'indiscipline dont il a fait preuve face aux Penguins évoquait elle aussi les moments noirs de ce périple.

Des infractions en zone offensive, un manque de concentration menant à trop d'hommes sur la patinoire, et surtout des punitions de paresse prises avec le bâton...

«Ces accrochages et ces cinglages signifient souvent que tu es un pas en arrière et que tu ne donnes pas l'enjambée de plus pour être en bonne position», observe Mathieu Darche.

«À Calgary, Darryl Sutter nous disait: si tu es pour cingler un adversaire, au moins casse-lui le bras. Fais en sorte que la punition en vaille la peine», a raconté Hamrlik en s'esclaffant.

Il en revient à chaque joueur de refermer l'écart qui le sépare d'un adversaire sans que cela lui coûte deux minutes. Mais Darche assure que ce petit extra que le Canadien ne fait pas à l'heure actuelle n'est pas causé par la fatigue.

«Je n'utiliserai jamais la fatigue comme excuse dans la LNH, a martelé le vétéran. Je ne sais pas si c'est à cause de mes années dans les mineures, à jouer trois matchs en trois soirs entrecoupés de voyages en autobus qui durent six heures, mais jouer deux matchs en deux soirs séparés par un petit vol d'une heure, ça ne peut pas être une excuse.

«Ce n'est pas comme si on jouait 82 matchs et que d'autres équipes en jouaient 40. Tout le monde passe par là. On est des professionnels, c'est à nous de prendre soin de nous-mêmes.»

La ferme!

Darche, qui est pourtant un bon parleur, a par ailleurs invité ses coéquipiers à... se taire. Car il soupçonne son équipe de se mettre les officiels à dos parce que les joueurs les enguirlandent trop.

«Il y a des soirs où l'on s'est mis à crier après les arbitres tôt dans le match, a déploré Darche. Or, ce sont des êtres humains et s'ils ont une décision délicate à prendre, ils ne donneront pas le bénéfice du doute à l'équipe qui leur crie toujours après.

«C'est au coach et au capitaine d'aller parler aux arbitres. Les autres joueurs, on doit se la fermer.»