(Ottawa) Danny Maciocia avait l’air d’un homme qui venait de courir un marathon lorsqu’il est venu s’entretenir avec les journalistes sur le terrain de la TD Place une vingtaine de minutes après la victoire des siens contre le Rouge et Noir d’Ottawa, jeudi soir. Le palpitant match gagné 40-33 venait de lui faire passer une soirée riche en émotions et en rebondissements, c’est le moins que l’on puisse dire.
« C’était la meilleure façon de gagner pour nous. Parce qu’on a vécu beaucoup de choses ce soir », a commenté le directeur général et entraîneur-chef par intérim. « Ça fait du bien de vivre ce qu’on vient de vivre. »
Lorsque les Alouettes ont marqué leur dernier touché pour prendre les devants par 14 points, 40-26, alors qu’il restait environ 5 minutes à disputer, la victoire semblait dans le sac contre un jeune quart comme Caleb Evans. Mais après que le Rouge et Noir eut réduit cette avance à 40-33, le mauvais souvenir de la semaine précédente a commencé à planer sur l’équipe… Rappelons que les Montréalais avaient laissé filer une avance de 19 points au quatrième quart dans leur défaite contre Edmonton.
Le Rouge et Noir s’est avancé profondément dans le territoire des Als grâce notamment à une pénalité douteuse imposée au secondeur Adarius Pickett. Les officiels ont ensuite pénalisé Mike Moore à deux reprises pour rudesse – avant que le centre de commandement à Toronto infirme la décision les deux fois.
« Ils ont fini par prendre les bonnes décisions », a commenté Moore, souriant. Le joueur de ligne défensive l’était beaucoup moins après les décisions initiales alors que certains de ses coéquipiers ont dû le retenir pendant qu’il invectivait les arbitres. « C’était un match très, très bizarre », a résumé Moore.
On a bien réagi ce soir, et c’est ce dont on avait besoin.
Dany Maciocia, entraîneur-chef des Alouettes
Maciocia s’est d’ailleurs gardé de critiquer l’arbitrage lors de son point de presse après la rencontre, et ce, même si on pouvait lire du mécontentement dans son regard.
Lent départ et indiscipline
L’attaque des Als a disputé un très bon match après un premier quart qui n’annonçait pourtant rien de bon. Trevor Harris a distribué le ballon avec doigté, a complété plusieurs passes dans des moments opportuns et a évité les revirements. Il a terminé sa soirée avec 25 passes complétées en 31 tentatives pour 341 verges, 2 touchés et aucune interception. Des statistiques dignes du Calvillo de la belle époque.
« On a réussi quelques longues passes à partir du 2e quart, ce qui a eu pour effet d’ouvrir leur défense de zone un peu. Jake [Wieneke], Hergy [Mayala], Reggie [White fils] et Geno [Lewis] ont tous très bien joué », a dit Harris.
C’est Mayala qui a mené l’équipe avec 102 verges de gains sur 5 attrapés. Le Québécois a également marqué l’un des cinq touchés des siens. Lewis et le quart réserviste Dominique Davis, avec trois courtes courses, ont inscrit les autres.
Caleb Evans a lancé pour 297 verges contre la défense des Alouettes, tandis que les receveurs Darvin Adams et Jaelon Acklin ont atteint le plateau des 100 verges. Cela dit, la défense de Noel Thorpe a tenu le coup dans les dernières secondes, alors qu’on semblait se diriger vers une conclusion similaire à celle du match précédent.
« C’était comme si on jouait à un jeu vidéo en fin de partie », a imagé le secondeur Micah Awe, dont le retour de 68 verges à la suite d’un échappé a mis la table pour le dernier touché des siens.
Chaque fois qu’on croyait avoir mis fin à leurs espoirs, les arbitres nous imposaient une pénalité. Et lorsque c’est le cas, on peut parfois jouer passivement pour éviter les pénalités, ce qu’on n’a heureusement pas fait.
Micah Awe, secondeur des Alouettes
Éblouissant depuis le début de la saison, le « retourneur » Chandler Worthy a connu une soirée désastreuse, échappant le ballon trois fois, notamment sur le tout premier jeu du match. Mais Maciocia n’a pas songé à le remplacer.
« On a eu une réunion puissante avant le match. J’ai dit à nos joueurs que j’étais derrière eux, peu importe s’ils commettaient des erreurs. Alors je lui ai répété le même message », a raconté Maciocia.
Idem dans le cas de Vernon Adams fils, qui a perdu le ballon lors de son seul jeu du match au quatrième quart, une course. « Je lui ai dit que la défense allait faire le boulot, et c’est ce qu’elle a fait. »
Énorme victoire que celle de jeudi soir pour les deux points au classement, mais encore plus pour le bien qu’elle fera à une équipe qui cherche encore son identité. Un club qui a enfin trouvé le moyen de finir le travail.