Ça m'a pris quelques minutes. Cinq jours de tennis et un Grand Prix de Formule 1 ne préparent pas à l'univers du NASCAR.

Mais le temps de marcher au milieu des énormes camions des équipes, le temps de réaliser qu'il n'y avait pas de loges élites où le gratin du Québec (et du Canada) se retrouvent pour la F1, et c'était fait. L'odeur du barbecue et de l'huile chauffée mêlée par la brise m'ont touché en plein coeur.

J'étais dans une course de cols bleus, j'étais dans une course taillée sur mesure pour les travailleurs en congé le samedi et ça se respirait déjà, l'épreuve Nationwide d'aujourd'hui serait un succès.

Penché sur la rampe au dessus des paddocks, je voyais marcher Patrick Carpentier suivi par quelques fans portant son t-shirt. Patrick était souriant comme c'est souvent le cas cette saison.

Quelques minutes plus tard, Jacques Villeneuve se rendait à sa voiture en marchant allègrement avec sa belle Johanna devenue toute blonde. En se tenant par la main. Les deux étaient beaux à voir, détendus, heureux de tout juste se retrouver dans le monde des courses:

-T'es heureux, Jacques?

-Totalement, comment ne pas l'être? venait-il tout juste de me répondre avant d'aller rejoindre sa dulcinée.

Cinq minutes plus tard, c'était au tour d'Andrew Ranger de traverser la voie derrière les garages en discutant avec Alan Labrosse. Ranger va sans doute vivre une journée difficile tant en qualifications qu'en course puisqu'il n'a pas eu le temps de connaître sa voiture. Mais il y a sans doute un prix à payer pour vouloir à tout prix tenter d'impressionner les patrons d'écuries.

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Je discutais avec Normand Legault des efforts mis pour que Jacques Villeneuve puisse compter sur une bonne voiture et une bonne équipe pour la course de Montréal. Je venais juste de noter le nom des commanditaires sur la voiture de Villeneuve et il était facile de relier les noms à des compagnies canadiennes.

L'Équipeur étant une marque de Canadian Tire, et ce n'est qu'un exemple. Quand Barry Green a demandé un coup de main à Normand Legault, le promoteur s'est mis à l'oeuvre. Ce n'est jamais facile de ramasser quelques centaines de milliers de dollars pour une course, mais le nom de Villeneuve est encore magique.

Et puis, Normand Legault avait tout à gagner à voir Villeneuve prendre le départ cet après-midi contre Patrick Carpentier. Une course disputée dans la pire semaine de l'été pour un évènement sportif prenait une tout autre dimension avec le duel entre les deux Québécois. Et puis, même s'il se montre discret sur le sujet, les proches de Legault savent qu'il y a 26 ans, il avait aidé la famille Villeneuve à préparer les funérailles de Gilles et que le regretté pilote a encore une place importante dans le coeur et les souvenirs de Normand Legault. Aujourd'hui, c'est le bambin d'il y a un quart de siècle qui va profiter d'une bonne voiture. La roue tourne.

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Barry Green est venu saluer son compère. Barry Green, c'est celui qui tente de réaliser un montage financier qui va permettre à Villeneuve d'avoir sa propre équipe au sein d'une écurie. Un travail colossal rendu encore bien plus difficile par la «crise» économique qui frappe les États-Unis: «Je demeure optimiste, tout autant qu'il y a deux ou trois mois, parce que le NASCAR demeure un formidable outil de promotion et que Jacques Villeneuve a conservé un nom qui a de la crédibilité auprès des amateurs et des commanditaires. Mais la situation économique difficile que traversent les États-Unis rend le travail encore plus difficile», de dire Green.

On note que les foules sont moins importantes à certaines courses. Mais les audiences à la télé compensent pour cette baisse. Les Américains qui n'ont plus les moyens de se payer un week-end de course s'installent devant la télé pour prendre leur pied.

Mais quand même, quelles sont les chances réelles de voir Villeneuve en Coupe Sprint dans une bonne organisation?

Barry Green attend avant de répondre. L'homme d'affaires, ancien patron de Jacques quand il a gagné les 500 milles d'Indianapolis et le championnat de Formule Indy quand le calibre était le plus fort de l'histoire, ancien propriétaire de l'équipe Kool-Green en Indy, ancien mécanicien en Californie et voisin de garage quand Normand Legault était propriétaire d'une école Jim Russel à Laguna Seca au début des années 80, aimerait donner une réponse claire. Mais en recherche de commandite, il n'y a pas de réponse tant que tous les contrats ne sont pas signés.

Et évidemment, si plusieurs entreprises sont assez intéressées pour écouter Green et Normand Legault, rien n'est encore ficelé.

Au moins, hier, il faisait beau et chaud, Villeneuve marchait main dans la main avec sa femme, les deux bambins devaient dormir à la maison pour la sieste...

Que faisait Craig Pollock pendant ce temps avec les millions «de Jacques»?

DANS LE CALEPIN - Plusieurs princesses étaient furieuses jeudi soir quand RDS a décidé de «flusher» le tennis pour présenter le match des Alouettes. Faut dire qu'au stade Uniprix, c'était une soirée merveilleuse. Ana Ivanovic tentant de sauver son titre de numéro 1 mondiale malgré une vilaine blessure au pouce droit, quelques roulements de tonnerre en banlieue, me semble que ça aurait donné une bonne soirée de tennis à la télé.

Et parlant de RDS, il faut rappeler que les dizaines de millions de profits de l'entreprise prennent le chemin de Toronto. Mais il arrive qu'on paye le stationnement aux animateurs de la station à Montréal quand on y est forcé. Sinon, faut garder l'argent pour Toronto. Pour être bien vu par les vrais patrons. J'ai hâte de voir si notre Réseau du Studio va remplir les promesses faites par Gerry Frappier au comité organisateur des Jeux de Vancouver. J'ai hâte de voir si on va respecter la parole donnée à Jacques Gauthier, le membre du conseil d'administration des Jeux de 2010 qui est responsable, de facto, du contenu francophone offert par RDS et TQS aux Canadiens francophones du pays. J'ai hâte de voir quelle classe on va montrer...

Peut-être qu'on va revivre les kaléidoscopes de couleurs?