Si les gouvernements interviennent pour sauver le Grand Prix du Canada, ils devront se passer de Normand Legault, qui n'investira plus un sou dans l'aventure et se contentera, dans le meilleur des cas, d'un rôle de consultant auprès des prochains organisateurs.

C'est ce qu'a indiqué hier le vice-président marketing de la société de M. Legault, GPF1, Paul Wilson, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé le retrait définitif du promoteur montréalais, qui juge qu'organiser le Grand Prix est devenu intenable financièrement pour sa société.«Pour une entreprise comme la nôtre, c'est-à-dire un promoteur privé, le modèle d'affaires actuel imposé par les propriétaires et les équipes de la Formule 1 n'est plus viable. Et dans ce contexte, nous nous refusons à solliciter toute aide gouvernementale», a dit M. Wilson.

Normand Legault et Formula One Management (FOM), la société dirigée par Bernie Ecclestone détentrice des droits commerciaux sur la F1, avaient signé un contrat de cinq ans valide de 2002 à 2006. M. Ecclestone aurait ensuite fait fi de l'opposition de M. Legault et exercé l'option de renouvellement pour cinq années supplémentaires dont il disposait.

«M. Legault lui avait dit qu'il fallait renégocier, parce qu'on ne serait pas capables», a dit M. Wilson, soulignant que le Grand Prix du Canada était le seul toujours organisé par un promoteur privé parmi les 18 épreuves que compte le calendrier de la F1.

«M. Ecclestone était au courant de notre position depuis de nombreuses années. Mais compte tenu des pressions financières imposées par la structure d'endettement des propriétaires (de FOM), jumelées aux exigences des équipes, il n'a d'autre choix que d'imposer des augmentations de coûts qui ne sont malheureusement plus viables pour notre marché, a précisé M. Wilson. Nous étions ainsi confrontés aux choix suivants: ou nous renégocions sur des bases plus réalistes pour notre marché, ou nous nous retirons complètement de la gestion de cet événement.»

Selon M. Wilson, le promoteur a présenté quatre ou cinq propositions différentes à FOM au cours des trois derniers mois. «Pas plus tard que lundi, nous avons reçu une note du directeur financier de M. Ecclestone qui laissait entendre qu'une de nos propositions semblait fonctionner. C'est pour ça que l'exclusion du Grand Prix du Canada a été pour nous une surprise totale et complète.»

M. Wilson, qui s'est exprimé en l'absence de M. Legault, resté en Europe, n'a pas précisé l'ampleur des redevances dues à FOM, qui augmentent d'année en année. Il a toutefois affirmé que l'augmentation des coûts est telle que pour continuer, il aurait fallu «tripler ou quadrupler» le prix des billets d'ici la fin de l'entente actuelle entre GPF1 et FOM, en 2011.

Le vice-président de GPF1 n'a pas voulu exclure la possibilité d'une relance du Grand Prix par les pouvoirs publics: «Avec M. Ecclestone, tout est réaliste. Mais ce ne sera pas Normand Legault qui va l'organiser», a-t-il dit, précisant qu'un rôle de consultant serait tout au plus envisageable.

Ecclestone a lui-même semblé fermer la porte à un GP à Montréal en 2009. «L'an prochain, nous allons perdre Montréal, ça c'est sûr», a-t-il dit à l'agence Bloomberg.