Hier, à Paris, le Conseil mondial de la FIA était réuni en session extraordinaire pour juger de l'affaire d'espionnage entre Ferrari et McLaren. Un premier jugement avait été rendu sur la même affaire le 26 juillet dernier. À l'époque, l'écurie McLaren avait été jugée coupable de violation de l'article 151c du code sportif de la FIA (l'article qui garantit l'équité du sport), mais, faute de preuves, elle n'avait pas été sanctionnée.

Hier, à Paris, le Conseil mondial de la FIA était réuni en session extraordinaire pour juger de l'affaire d'espionnage entre Ferrari et McLaren. Un premier jugement avait été rendu sur la même affaire le 26 juillet dernier. À l'époque, l'écurie McLaren avait été jugée coupable de violation de l'article 151c du code sportif de la FIA (l'article qui garantit l'équité du sport), mais, faute de preuves, elle n'avait pas été sanctionnée.

Depuis, de nombreux témoignages ont démontré que toute l'équipe avait bien eu connaissance du dossier confidentiel qui lui avait été transmis par un traître de Ferrari, ce qui a conduit la FIA à rejuger le dossier.

Et cette fois, la sanction est lourde, car à part l'amende, l'écurie McLaren perd tous ses points marqués au championnat 2007 (soit 166, l'équipe menant jusque-là avec 23 points d'avance sur Ferrari). McLaren ne pourra pas non plus marquer de points d'ici la fin de la saison.

En revanche, elle pourra déduire du montant de l'amende les primes accordées à chaque point marqué. Pour une écurie remportant le championnat, ces primes se montent, comme par hasard, à une centaine de millions de dollars. L'amende ne plombera donc pas le budget de McLaren, mais constituera néanmoins un terrible manque à gagner dans ses comptes.

Ses pilotes, par contre, ne sont pas sanctionnés. Max Mosley, le président de la FIA, leur avait en effet promis l'immunité s'ils acceptaient de collaborer.

La FIA a aussi décidé d'exiger les plans de la future McLaren 2008. Si elle devait constater que des éléments "empruntés" à Ferrari sont inclus dans cette monoplace, elle se réserve le droit d'appliquer de nouvelles sanctions.

Hier soir, tandis que la Scuderia se félicitait que «la vérité ait enfin éclaté», la consternation régnait dans le camp McLaren. «Nous sommes choqués de ce jugement", commentait simplement Norbert Haug, le patron de la compétition de Mercedes. «Le plus important, c'est que nous allons nous battre sur la piste, ce week-end et pendant le reste de la saison», rétorquait Ron Dennis, qui n'a pas précisé s'il comptait faire appel, s'accordant un temps de réflexion jusqu'à la fin du week-end.

Ce n'est qu'aujourd'hui que la FIA publiera les raisons qui l'ont poussée à prendre de telles sanctions. Mais même sans les connaître, on peut tout de même se dire que condamner l'écurie McLaren en épargnant ses pilotes représente une sorte de supercherie: soit l'écurie anglaise n'a pas eu accès aux informations confidentielles de Ferrari, et elle doit être innocentée, soit elle est bel et bien coupable de tricherie. Dans un tel cas, elle mérite effectivement une sanction, mais ses pilotes, qui en ont aussi profité pour gagner des Grands Prix, devraient également se voir condamnés. Il semble absurde de dissocier les victoires de l'équipe de celles des pilotes

En choisissant justement cette voie médiane, épargnant Lewis Hamilton et Fernando Alonso, la FIA semble surtout avoir voulu éviter un énorme scandale.

Car en fait, tout le monde se moque du championnat des constructeurs, titre honorifique qui ne sert aux marques qu'à orner d'une couronne de lauriers un coin de leurs posters de fin d'année.

Le championnat des pilotes, par contre, déchaîne les passions. L'Angleterre tout entière fait homme derrière sa nouvelle idole, Hamilton, tandis qu'Alonso jouit de la même popularité de son côté des Pyrénées. Toucher aux pilotes, c'était se mettre le grand public à dos. Du coup, la FIA a choisi une sanction inodore et incolore, qui n'affecte que l'amour propre des dirigeants de McLaren et une fraction de leur porte-monnaie.

La FIA a donc patiné devant ses propres principes. Au moins cela permet-il de conserver l'intérêt du championnat. Il aurait été dommage de se priver de la formidable lutte qui oppose actuellement Hamilton à Alonso et Kimi Raikkonen