Des oiseaux rares que La Presse n'a eu aucun mal à trouver. S'ils n'hésitent pas à critiquer le peu d'efforts consentis par le grand cirque en matière d'environnement, la passion l'emporte malgré tout.

Des oiseaux rares que La Presse n'a eu aucun mal à trouver. S'ils n'hésitent pas à critiquer le peu d'efforts consentis par le grand cirque en matière d'environnement, la passion l'emporte malgré tout.

Le président de la Fédération internationale de l'automobile, la FIA, Max Mosley, le répète sur toutes les tribunes depuis le début de la saison : le futur de la F1 passe par l'environnement. Ce dernier en parlait entre autres lors du Grand Prix de Monaco.

D'ici 2011, il veut voir la F1 devenir plus verte et plus utile au développement des voitures de tourisme. Il donne d'ailleurs six mois aux équipes pour amener leurs idées, avertissant que la F1 doit s'adapter à la réalité actuelle si elle veut survivre.

Un virage écolo que les amateurs accueillent avec scepticisme. «Ça me fait rire, car la F1, ce n'est pas vert et ça ne le sera jamais», souligne Matthieu Dugal, animateur de l'émission Méchant contraste, à Télé-Québec, et écolo. Un écolo qui adore la F1. Paradoxal ? «On l'est tous. Qui ne l'est pas ? Une chance sinon la vie serait plate», lance-t-il.

Depuis son plus jeune âge, Matthieu Dugal voue une véritable passion à la course et à l'esthétisme des voitures. Il était à l'île Notre-Dame lorsque Gilles Villeuneuve a gagné en 1978. «Faire une course, c'est un exploit. Le son du moteur m'enivre. Les voitures sont émouvantes, de véritables oeuvres d'art. Elles sont aussi belles qu'une sculpture de Brâncusi», lance-t-il en décrivant les courbes de ces bolides.

Même discours chez Martin Lamoureux, qui travaille pour le groupe Tricentris, un centre de tri. Sa relation avec la F1 est une relation d'amour et de haine. «Je souhaite voir la F1 prendre un virage écolo. Elle a toujours été un banc d'essai pour les nouvelles fonctionnalités qu'on retrouve sur nos voitures, pourquoi pas en matière environnementale ? Pourquoi ne pas avoir des voitures de F1 fabriquées d'un pourcentage de matières recyclées», se demande-t-il.

Il aimerait que les organisations des Grands Prix soient plus éco-responsables. «C'est un lieu de consommation à l'extrême, pourquoi ne pas mettre de l'avant de bonnes pratiques», souligne Martin Lamoureux, qui sera, malgré tout, fidèle aux rendez-vous dimanche.

Une passion que partage également le porte-parole de la coalition Québec Vert Kyoto, Daniel Breton. «J'ai été élevé dans une famille qui vénérait l'automobile. À huit ans, j'étais au Salon de l'auto, j'ai toujours aimé la vitesse, mais je suis un fou du volant repenti, ancien propriétaire de Porsche, devenu écolo, sauf que j'aime toujours la F1. Je compare cette passion à celle de la cigarette, explique-t-il. Mais je ne suis pas un robot, j'aime avoir du plaisir et la F1, c'est le mien.»

Sera-t-il à l'île Notre-Dame cette fin de semaine ? «Je pensais bien, mais il y a le Salon de l'environnement en même temps», lance-t-il à regret.

Le salon de l'environnement côtoie la F1

En effet, ironiquement, la deuxième édition du Salon de l'environnement se tient la même fin de semaine que le Grand Prix du Canada. À quelques pas seulement, dans le Vieux Port. Les exposants et visiteurs baigneront donc dans le bruit ambiant des rutilantes F1.

Pourquoi l'avoir tenu à cette date ? «Nous avons réservé sans savoir. Quand nous l'avons appris, il était difficile de changer de date ou d'endroit», explique le directeur général du salon, François Cormier.

Finalement, pour faire un clin d'oeil à la F1, le salon donnera le départ d'un défilé d'automobiles électriques au même moment où les moteurs vrombiront à l'île Notre-Dame.

Fait à noter, Toyota prendra le départ des deux courses. Les modèles hybrides du fabricant japonais participeront au défilé écolo, tandis que sur le circuit Gilles-Villeneuve, Jarno Trulli et Ralf Schumacher tenteront de faire mieux que lors des courses précédentes.

Le Grand Prix du Canada recycle

Le Grand Prix du Canada embauche depuis plusieurs années le Consortium Écho-logique, un organisme d'insertion sociale, qui ramasse chaque soir les innombrables détritus qui jonchent l'île Notre-Dame afin de recycler ce qui peut l'être.

Une écurie écolo ?

L'écurie Honda a procédé à quelques changements cette saison. Sans commanditaire, abordant les couleurs de la Terre, les voitures de Jenson Button et Rubens Barrichello jurent dans le décor très commercial du grand cirque. En fait, il s'agit d'encourager les amateurs à s'engager pour l'environnement. Leur geste leur permet de devenir un des «commanditaires» de Honda. Le tout via le site internet www.myearthdream.com.