La justice allemande a ouvert la voie mercredi à un procès contre le grand argentier de la Formule 1, Bernie Ecclestone, en l'accusant d'avoir versé des pots-de-vin lors de la vente des droits de la discipline à un fonds d'investissement.

Malgré ses déboires, le richissime patron de la F1, 82 ans, a d'ores et déjà exclu de démissionner de la tête de la discipline reine du sport automobile.

«Je ne sais pas pourquoi je devrais le faire. Je vais faire ce que j'ai toujours fait: continuer de faire mon travail. Pour moi, cette histoire ne change rien», a-t-il dit dans un entretien au quotidien Bild paru mercredi en ligne.

Un acte d'accusation, portant sur les chefs de corruption et d'incitation à commettre un abus de confiance, a été traduit en anglais et transmis aux avocats de la défense, a annoncé dans un communiqué le parquet de Munich (sud). La justice allemande enquête depuis près de deux ans sur 35 millions d'euros versés par Ecclestone à un ancien responsable de la banque publique bavaroise Bayern LB, Gerhard Gribkowsky en 2006 et 2007.

À cette époque, le fonds d'investissement CVC avait racheté pour 839 millions de dollars (environ 640,5 millions d'euros) les droits de la discipline reine du sport automobile, détenus jusque-là par Bayern LB, après la faillite du groupe de médias Leo Kirch.

M. Gribkowsky, alors directeur des risques de l'établissement financier allemand, avait été rattrapé par la justice allemande, et jugé pour corruption et fraude fiscale pour ne pas avoir déclaré cette somme. Il avait été condamné en juin 2012 à huit ans et demi de prison.

Lors de son procès, M. Gribkowsky avait affirmé que la somme versée par Ecclestone était un pot-de-vin.

Le richissime patron de la F1 était d'ailleurs venu en personne et en qualité de témoin à ce procès. Il avait reconnu le versement de la somme, mais il avait présenté la transaction comme une forme de «prix du silence» payé à M. Gribkowsky pour qu'il n'aille pas faire de révélations gênantes sur son patrimoine au fisc britannique.

«Une affaire intéressante»

«Il n'y a jamais eu de menaces du genre: +soit tu paies, soit je vais voir le fisc+. Mais j'avais toujours cette arrière-pensée en tête», avait déclaré Ecclestone lors de sa déposition.

Ce dernier n'était d'ailleurs venu témoigner qu'en échange de la promesse qu'il ne serait pas arrêté lors de son séjour.

Les avocats de Bernie Ecclestone peuvent encore contester l'acte d'accusation jusqu'à mi-août, et le parquet précise dans son communiqué que la décision définitive sur la tenue du procès ne devrait tomber que vers mi-septembre.

Bien que les chefs d'accusation retenus puissent lui valoir une peine de prison, Bernie Ecclestone s'est montré confiant, dans une réaction auprès du quotidien britannique Financial Times.

«Je viens de parler à mes avocats et ils ont reçu l'acte de mise en accusation (...) nous nous défendrons comme il le faut. Ce sera une affaire intéressante», a-t-il estimé, ajoutant tout de même «c'est dommage que cela se passe ainsi».

Bernie Ecclestone a déjà reçu des soutiens des milieux de la Formule 1. Ainsi, Christian Horner, le Team Principal de Red Bull, pour qui court le champion du monde Sebastian Vettel, a déclaré: «je pense que c'est absolument nécessaire qu'il continue, peu importe la situation».

Et d'ajouter: «Il n'y a personne de meilleur dans ce rôle que Bernie (...) C'est dans notre intérêt qu'il continue le plus longtemps possible».

M. Ecclestone n'en reste pas moins une figure controversée. En 2005, il avait dû s'excuser après des remarques sexistes sur les femmes pilotes de formule 1 et en 2009, il avait qualifié Adolf Hitler d'«efficace» et estimé que son ami Max Mosley, le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et fils de l'ancien dirigeant fasciste britannique Oswald Mosley, ferait un bon premier ministre.