Un ancien dirigeant de la banque régionale allemande BayernLB a reconnu mercredi lors de son procès avoir touché des pots-de-vin de la part du grand argentier de la Formule 1, Bernie Ecclestone, lors de la vente des droits de la discipline dont il était chargé.

«C'est vrai pour l'essentiel», a déclaré Gerhard Gribkowsky devant ses juges à propos des accusations pesant contre lui, selon lesquelles il avait encaissé 44 millions de dollars de la part de Bernie Ecclestone en 2006 et 2007 pour avoir arrangé la vente des droits de la F1 au fonds d'investissement britannique CVC pour 839 millions de dollars.

Cependant il a contredit la version de M. Ecclestone. Lors de sa comparution devant le même tribunal de grande instance de Munich en tant que témoin en novembre dernier, le Britannique avait laissé entendre qu'il avait donné de l'argent à M. Gribkowsky, car il craignait que celui-ci ne le fasse chanter.

M. Gribkowsky aurait pu donner au fisc britannique des «informations» sur la gestion de son patrimoine susceptibles de le ruiner en temps et en frais de procès, avait affirmé M. Ecclestone, qui fait toujours l'objet d'une enquête du parquet munichois.

Selon l'ancien banquier allemand, Ecclestone lui aurait dit d'emblée lors de leur première rencontre en 2005: «Dans la Formule 1, la pratique c'est "tu fais quelque chose pour moi et je m'occupe de toi en échange"».

«Dilemme»

Ecclestone lui aurait promis de l'engager comme conseiller et de lui donner de l'argent provenant du fonds Bambino Trust, créé au Liechtenstein au nom de sa femme d'alors, Slavica, s'il respectait ses directives de vendre les droits à CVC, qui était prêt à le maintenir aux commandes de la discipline.

«La Formule 1 est une somme de contrats qui remplissent deux armoires (...). Vous n'y avez pas accès si (Ecclestone) ne veut pas», a déclaré M. Gribkowsky. Et si on ne l'écoutait pas, le Britannique menaçait de transférer les actions de la F1 dans d'autres sociétés pour que les parts gérées par BayernLB perdent leur valeur, a ajouté l'ancien banquier.

BayernLB avait hérité accidentellement des droits de la F1 au travers du groupe de médias de Leo Kirch, dont elle était créancière. Après la faillite de Leo Kirch en 2002, la banque cherchait à revendre ces droits au meilleur prix pour récupérer une partie de ses fonds.

Gerhard Gribkowsky a déclaré aux juges qu'il était ainsi pris dans un «dilemme»: obéir de bout en bout à Bernie Ecclestone en vendant à CVC et en prenant son argent, ou tout remettre en question en risquant de voir la vente échouer.

L'ancien banquier est également poursuivi pour abus de confiance envers sa banque et évasion fiscale. Il a été arrêté en janvier 2011 et son procès au tribunal de grande instance de Munich a commencé en octobre.

En passant aux aveux, il voit la peine qu'il encourt réduite de 15 à 9 ans de prison maximum. Le jugement pourrait être prononcé dès mercredi prochain.

Photo: Christof Stache, AFP

Gerhard Gribkowsky, un ancien dirigeant de la banque régionale allemande BayernLB, a reconnu avoir touché des pots-de-vin de Bernie Ecclestone.