Les autorités de Bahreïn ont arrêté des dizaines d'animateurs des protestations dans une opération préventive avant le Grand Prix de Formule 1 qui fournit à l'opposition l'occasion d'attirer l'attention sur ses revendications.

Alors que les équipes commencent à arriver, les forces de sécurité ont renforcé leur déploiement autour des villages chiites entourant Manama, foyers de la contestation contre le pouvoir sunnite, et aux abords du circuit de Sakhir, selon des témoins.

«Depuis le 14 avril, environ 80 personnes ont été arrêtées dans plusieurs villages proches de Manama», a déclaré mercredi à l'AFP Mohamed Mascati, chef de l'association des jeunes de Bahreïn pour les droits de l'Homme (opposition). Selon lui, ces arrestations préventives ont visé «les personnes qui menaient des manifestations contre le GP», dont les essais commencent vendredi.

À l'approche de la course dont le maintien a été critiqué par des ONG internationales de défense des droits de la personne, l'opposition chiite a intensifié les protestations pour faire entendre ses exigences de réformes, notamment le départ du Premier ministre, un oncle du roi.

Bahreïn est la seule monarchie du Golfe où les chiites sont majoritaires. La répression du mouvement de contestation de février à mars 2011 avait fait 35 morts, dont cinq sous la torture, selon une commission d'enquête indépendante.

Amnistie Internationale parle de 60 morts depuis le début de la contestation, les manifestations anti-gouvernementales ayant repris en juin après la levée de l'état d'urgence, malgré la répression.

Mardi, des centaines de personnes ont défilé près de l'aéroport international de Bahreïn alors que les participants au GP commençaient à arriver, dans le cadre d'une «semaine de confrontation et de défi» devant culminer le 22 avril, jour de la course.

Le même jour, des habitants du village chiite de Sanabès ont scandé des slogans réclamant la chute du régime lors d'une visite du prince héritier, cheikh Salmane ben Hamad, venu présenter ses condoléances pour le décès d'une personnalité de la localité, selon les témoins.

À Berlin, le délégué aux droits de la personne du gouvernement allemand a demandé la libération de «centaines» d'opposants à Bahreïn, toujours détenus la répression de l'année dernière. Ces personnes ont été «emprisonnées sur la base de condamnations injustifiées», selon lui. Il a aussi réclamé la libération du militant chiite Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la perpétuité, qui a décidé de renforcer sa grève de la faim déclenchée le 8 février. Les autorités doivent le «laisser sortir» et s'assurer que cet homme, également citoyen danois, «bénéficie des soins appropriés».

M. Khawaja, condamné pour complot contre la dynastie sunnite, a décidé de refuser à partir de mercredi la perfusion intraveineuse et de n'accepter que de l'eau, selon son épouse. Interrogé par l'AFP, son avocat, Mohamed al-Jichy, a indiqué ne pas être en mesure de confirmer que son client avait refusé la perfusion intraveineuse ou si les autorités «le forcent à s'alimenter».

La Fédération internationale automobile (FIA) avait mis fin à des semaines de spéculations en annonçant que la course, annulée en 2011 en raison du mouvement de contestation, aurait lieu à la date prévue et le prince héritier de Bahreïn a appelé les opposants à ne pas instrumentaliser le Grand Prix.

Human Rights Watch a dénoncé la décision de la FIA de maintenir la course malgré la répression des manifestations et l'organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a lancé une campagne sur le thème «L'important, c'est de ne pas participer» pour réclamer le boycott du GP.