Au circuit de Catalogne, il y avait les caravanes alignées au centimètre près, comme l'exige Bernie Ecclestone. Il y avait le rugissement des voitures. Il y avait les badauds venus en manches courtes admirer les bolides.

Au circuit de Catalogne, il y avait les caravanes alignées au centimètre près, comme l'exige Bernie Ecclestone. Il y avait le rugissement des voitures. Il y avait les badauds venus en manches courtes admirer les bolides.

À part la vraie course, tout y était. Ou presque. Car cette année, il manque un habitué du paddock. Depuis que Jarno Trulli a perdu son volant il y a 15 jours, la Formule 1 se retrouve sans pilote italien pour la première fois depuis 1969.

La chose pourrait sembler banale dans tout autre sport, mais dans celui-ci, elle attise les passions. L'ancien coureur Riccardo Patrese a été le premier à sonner l'alarme, la semaine dernière, priant l'écurie Ferrari d'engager de jeunes pilotes du cru.

«Ferrari pourrait avoir un Italien comme deuxième pilote, surtout que Felipe Massa n'a pas été très bon ces derniers temps, a écrit sur son site web celui qui a participé à 256 Grands Prix. Ils pourraient prendre un petit risque et engager un jeune Italien. Ça ne s'est pas produit depuis l'époque de Michele Alboreto.»

Cette époque remonte à 1988...

«Une honte»

Hier, un Britannique en a remis une couche. «C'est une honte qu'il n'y ait plus aucun coureur italien sur le circuit, a lancé Paul Hembery, directeur sportif de Pirelli, à une poignée de journalistes à Barcelone. Il fut une époque où la moitié des pilotes étaient italiens.»

Pirelli, qui fournit à la F1 les 50 000 pneus qu'elle dévore chaque année, est une société italienne. Elle envisage actuellement d'engager un pilote d'essai. Une nouveauté qui lui permettrait d'innover davantage, explique le directeur sportif. Pour ce poste en marge du grand cirque, M. Hembery aimerait un ancien coureur de Formule 1, italien si possible. «Idéalement, nous aimerions avoir un pilote italien, nous sommes une entreprise italienne», a-t-il renchéri.

Bien sûr, les premiers déçus sont les Italiens eux-mêmes. Dans la salle de presse hier, ils étaient représentés par une importante cohorte. «On se déplace pour La Scuderia, a expliqué une journaliste de la radio. On se déplacera toujours pour elle. Mais les gens aiment quand même entendre parler de pilotes de chez eux.»

Pendant ce temps, le Français Romain Grosjean (Lotus) réalisait le meilleur temps de la journée, devant Jenson Button (McLaren) et Sergio Perez (Sauber). «Bien sûr on ne peut tirer de conclusions des essais, car on ignore avec combien d'essence roulent les équipes. Mais il vaut toujours mieux finir premier que dernier», a-t-il lancé, le sourire aux lèvres.

Grosjean fait partie d'une cohorte de trois Français qui ont obtenu leur premier poste de titulaire en F1 cette année. Il n'y en avait pas eu depuis 2009. Voilà un dénouement qui devrait rassurer les Italiens. Ou les déprimer davantage, c'est selon.

Les essais de Barcelone se poursuivent jusqu'à dimanche.

Photo AFP

Jarno Trulli a fait ses derniers tours de piste chez Catherham lors des essais de Jerez, le 10 février.

Carte postale

Un circuit si près et si loin...

Barcelone compte 11 lignes de métro et 166 stations. Des travaux en cours vont même bientôt finir de relier l'aéroport au réseau. Montréal n'est pas de taille. Mais la métropole québécoise peut trouver un petit réconfort au circuit Gilles-Villeneuve. Sa piste de Formule 1 est accessible en métro. À Barcelone? Le circuit de Catalogne n'est pas bien loin de la ville, à une quinzaine de kilomètres tout au plus, mais s'y rendre en transport en commun relève de la prouesse. Il existe un système de navettes lors du Grand Prix. Mais le reste du temps, comme lors de ces essais, il faut prendre un train pendant 25 minutes, puis marcher dans une zone industrielle pendant une autre demi-heure.

Un guide touristique en ligne prévient que la route longe «de larges artères». Un petit tour sur Google Maps permet de confirmer cette impression. Larges et glauques, dirons-nous. Un cas de taxi. Comme quoi parfois, lorsqu'on se compare...